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Ces banques qui spéculent sur la faim dans le monde

Champ de blé

Anne Lazarevitch

Sylvain Dorient - publié le 26/02/15

« Malheureusement, la lutte contre la faim et la malnutrition est souvent bloquée par la priorité du marché et la dictature du profit », a rappelé le pape François

Dans un entretien accordé à Radio Vatican, Clara Jamart, responsable du plaidoyer sécurité alimentaire au sein d’Oxfam France, revient sur les paroles du pape François et décrit une situation qui n’a pas encore évolué. Trois grandes banques françaises continuent de spéculer sur les matières premières agricoles : BNP Paribas, la Société générale et le groupe BPCE, Banque populaire et Caisse d’épargne via Natixis.

Comment la spéculation aggrave la faim

Or ces pratiques financières ont une incidence sur la volatilité des cours des matières premières. Certains les défendent en affirmant avec raison que les spéculations sur le riz par exemple « ne créent pas la crise ». Certes, mais elles aggravent les disettes en famine, et de simples mauvaises récoltes deviennent des catastrophes. Lors de la crise de 2008 provoquée par le riz, céréale qui nourrit plus de la moitié de la population, l’attitude des importateurs, notamment philippins – qui touchent une commission sur les marchandises – et celle des traders avait dramatiquement augmenté le cours du riz. Le prix de la tonne avait été multiplié par six ! On devine les conséquences pour les plus pauvres.

Les banques, acteurs clés

En indexant des fonds sur les matières premières, ce sont les banques anglo-saxonnes qui les premières avaient aggravé les crises alimentaires de 2008 puis 2010. Le fait que les prix des matières alimentaires change est nécessaire, mais lorsque des poids lourds comme Goldman Sachs ou la Deutsche Bank investissent ce marché, elles le soumettent aux aléas de la bourse. Il s’agit en fait d’une pratique ancienne, puisque Aristote donnait un exemple de l’habilité de Thalès qui, prévoyant une mauvaise récolte d’olives, en acheta à l’avance pour les revendre au prix fort. Les denrées alimentaires sont sensibles, volatiles. Les récoltes ne sont pas les mêmes d’une année sur l’autre, elles sont périssables et correspondent à un besoin. Pour toutes ces raisons, le marché peut connaître des embardées, le rêve pour les spéculateurs habiles.

Le prix du pain

Contre ces pratiques, seul le pouvoir exécutif est suffisamment armé pour éviter les dérives. C’est la raison pour laquelle le roi fixait le prix du pain jusqu’à Turgot et ses idées libérales, qui provoquèrent la guerre des farines. Devant la situation contemporaine, où le prix des denrées alimentaires est soumis aux fluctuations du marchés, l’Oxfam demande à Michel Sapin de tenir les engagements de la France. À savoir interdire l’utilisation de ces produits financiers toxiques que sont les fonds indiciels sur les coûts des matières premières agricoles. Il s’agit de l’une des promesses de campagne du candidat Hollande contre ces produits financiers. La loi française permet de sanctionner ces dérives de la finance. Mais selon Clara Jamart, « s’il y a autant de réticences aujourd’hui, à la fois des acteurs financiers et de la part de l’État, c’est que tout simplement cette spéculation dans les matières premières agricoles permet de générer du profit ».

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