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Prier à l’heure de l’épreuve

Sad caucasian man sitting alone and thinling about problems

RealPeopleStudio | Shutterstock

Jacques Gauthier - publié le 23/02/15 - mis à jour le 03/02/23

Persévérer dans une oraison de souffrance, sans rien voir et sentir, c’est reconnaître que la prière est un don, et que l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse.

Comment prier quand l’épreuve m’écrase ? Dieu entend-Il ? Pourquoi ne m’exauce-t-Il pas ? Je souffre tellement, je n’ai plus d’énergie. Pourquoi tout ce mal ? Prier me semble impossible… Qui n’a pas déjà dit ou entendu ces questions ?

N’est-il pas prière, ce corps qui crie ainsi sa détresse ? La personne qui souffre est seule avec sa prière, sa douleur, son cri, son désert, son Carême. Elle avance, dépouillée, n’ayant comme armes et bagages que la foi et l’amour. Elle cherche à savoir, mais il n’y a rien à comprendre. La personne voudrait pleurer, mais il n’y a plus d’eau. Elle se sent seule, un peu comme Jésus au désert et au jardin des oliviers, sans mots, sans larmes. Elle pense qu’elle ne prie pas, mais en disant cela elle prie déjà.

Qui perd, gagne…

Celui qui perd sa vie la gagne, nous dit Jésus (Jn 12, 25). Ainsi en est-il de la prière silencieuse. C’est en la perdant qu’on la trouve. À nous d’y être fidèle, même s’il faut consentir à la nuit du tombeau vide, traverser les tentations du désespoir, soupirer après la source d’eau vive, attendre les lueurs de Pâques. Il s’agit de rester là, dans l’obscurité, au pied de la croix de Jésus, et croire à la lumière pour les désespérés, même si tout nous semble étranger en ce monde. Un simple soupir suffit, regard de foi jeté vers le Ciel. Ce silence prie plus fort que les mots. L’oraison silencieuse de simple présence, où l’on meurt à soi-même pour aimer en vérité, est efficace parce que féconde.

Une oraison de souffrance

Le soir, Thérèse de Lisieux faisait oraison devant une sœur qui avait la manie d’émettre un étrange petit bruit, comme deux coquillages que l’on frotte l’un contre l’autre. Elle raconte dans son Histoire d’une âme comment elle a assumé cette souffrance : 

“Je restais donc tranquille, j’essayais de m’unir au bon Dieu, d’oublier le petit bruit… tout était inutile, je sentais la sueur qui m’inondait et j’étais obligée de faire simplement une oraison de souffrance, mais tout en souffrant, je cherchais le moyen de le faire non pas avec agacement, mais avec joie et paix, au moins dans l’intime de l’âme, alors je tâchai d’aimer le petit bruit si désagréable; au lieu d’essayer de ne pas l’entendre (chose impossible) je mettais mon attention à le bien écouter comme s’il eût été un ravissant concert et toute mon oraison (qui n’était pas celle de quiétude) se passait à offrir ce concert à Jésus”.

Ce petit bruit peut être le symbole de notre souffrance. Comme Thérèse, nous pouvons l’unir à la souffrance de Jésus qui a été tenté au désert. Nous pouvons également suer avec lui au jardin des Oliviers, croiser son regard voilé de larmes, faire le deuil d’une prière parfaite, offrir ce que nous devenons par l’épreuve pour une âme qui en a besoin, donner notre vie au monde : “Ma vie, personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même” (Jn 10, 18).

Persévérer dans ce dur labeur d’une oraison de souffrance, sans rien voir et sentir, c’est reconnaître que la prière est un don, et que “l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse” et “intervient pour nous par des cris inexprimables” (Rm 8, 26). Mais l’espérance ne déçoit pas, et avec saint Paul nous pouvons attester “qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous” (Rm 8, 18). Alors, la tentation, la maladie, l’épreuve, peuvent devenir un chemin d’offrande, une visite possible de Dieu. L’antienne d’ouverture de la messe du 1er dimanche de carême nous invite à la confiance: “Quand mon serviteur m’appelle, dit le Seigneur, je lui réponds, je reste près de lui dans son épreuve. Je vais le délivrer, le glorifier, de longs jours je vais le rassasier.” 

À l’heure où le terrorisme frappe notre monde, où les idéologies guerrières sèment la peur et la mort, je me rappelle cette phrase du pasteur et théologien Dietrich Bonhoeffer, pendu dans un camp de concentration en 1945 :

“À présent nous savons qu’il n’y a plus sur terre de souffrance dans laquelle le Christ ne soit avec nous, souffrant et priant avec nous, le seul sauveur.” (Bible, ma prière).

Article tiré du blog de Jacques Gauthier.

Tags:
PrièreSouffrance
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