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Lutte contre l’État islamique : la Jordanie règle ses comptes

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Sylvain Dorient - publié le 09/02/15
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Ce pays de 6,5 millions d’habitants est devenu un poids lourd de la coalition menée par les États-Unis. L’assassinat de l’un de ses pilotes l’a piqué au vif.

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Non, le roi de Jordanie n’ira pas bombarder en personne les djihadistes du prétendu État islamique (EI ou Daesh, en arabe) : il s’agit d’une fausse information largement partagée sur les réseaux sociaux. Mais son royaume met bel et bien tous ses moyens en œuvre pour répliquer à la mort du pilote jordanien sauvagement assassiné par l’autoproclamé État islamique. Depuis son engagement, il y a quatre mois, l’aviation de combat jordanienne a effectué pas moins de 946 sorties, selon le chef d’état-major de l’armée de l’air, Mansour al-Jobour. La majorité des attaques menées par la coalition en Syrie sont le fait non pas de l’USAF (United States Air Force), mais des Jordaniens (1 500 attaques en tout).

« Nous avons détruit 20% des capacités de combat de Daech »

Les chiffres avancés par l’armée royale jordanienne sont éclatants : 56 cibles, soit 1/5e des capacités de combat de l’adversaire anéanti en trois jours. Les Jordaniens devraient poursuivre dans cette voie : encore 12 jours à ce rythme et l’EI ne serait plus qu’un mauvais souvenir ? Évidemment, les choses ne sont pas si simples : toutes les informations qui proviennent d’une zone de guerre sont à prendre avec des pincettes. Et pour pouvoir affirmer qu’1/5e de la capacité de l’EI est détruit, il faudrait déjà pouvoir évaluer la totalité de ses moyens avec précision. Mais les membres de l’organisation État islamique ont de bonnes raisons de se mordre les doigts d’avoir exécuté le pilote jordanien.

Pas de réplique aux avions de la coalition

Face aux frappes aériennes, Daesh semble bien démuni. Selon le blog de l’actualité de la défense et de la sécurité Opex360, le seul avion perdu à ce jour par la coalition n’aurait pas été abattu comme l’affirment les djihadistes, mais aurait subi une panne. Des photos présentant la verrière de l’aéronef, notamment, tendent à prouver que le F16, tombé dans la région de Raqqa, n’a subi aucun tir de missile. Étant donné la quantité de sorties aériennes effectuées jusqu’au cœur du pseudo califat, cela tend à prouver qu’il ne peut pas se protéger des bombes de la coalition. Au mois d’avril, le groupe terroriste avait bien saisi trois avions syriens, mais deux d’entre eux ont déjà été abattus par les chasseurs de l’armée régulière syrienne, le dernier demeurant introuvable.

Les Jordaniens revendiquent la mort de 7 000 djihadistes depuis le début de leur engagement, un chiffre certainement optimiste. Mais les peshmergas kurdes confirment une érosion des « ressources humaines » du califat, qui en est hélas réduit à recruter des combattants mineurs.

Que fait l’armée syrienne ?

Mis à part les dénonciations régulières d’utilisations de « bidons explosifs contre des civils », les médias occidentaux font peu cas de l’activité de l’armée régulière syrienne. Elle a pourtant elle aussi frappé la ville de Raqqa et mène sur terre et dans les airs des combats très durs contre al-Nosra autour d’Alep, mais aussi directement contre l’État islamique à l’aéroport de Deir-es-Zor. La coalition n’est donc pas inactive, et encore moins « complice de Daesh », mais elle agit indépendamment de la coalition, qui refuse de coopérer avec Bachar al-Assad. Loin de coopérer, elle soutient des rebelles supposés « renverser le régime Assad pour établir une démocratie ». 

Le 31 janvier, l’un de ces groupes, activement et officiellement soutenu par les États-Unis jusqu’en novembre 2014, le Hazzm, a rejoint, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme, le front al-Nosra. Il faudrait un catalogue pour énumérer ces ralliements de groupuscules syriens qui racontent toujours la même histoire : un groupe de rebelles « modérés », soutenu par un ou plusieurs pays occidentaux, passe avec armes et munitions sous la coupe des pires djihadistes. Encore ceux-ci n’ont-ils pas rejoint directement Daesh mais al-Nosra, la filiale d’Al-Qaïda en Syrie, celle-là même dont Laurent Fabius disait qu’elle « faisait du bon boulot en Syrie ». À la décharge de notre ministre, il faut préciser qu’au moment où il prononçait cette phrase, le groupe n’avait pas encore détruit un tombeau du XIIIe siècle. Il revendiquait tout de même déjà un millier d’attaques terroristes, dont 200 attentats suicides, ce qui aurait dû encourager M. Fabius à faire montre d’un peu plus de prudence dans ses propos…

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