La secte islamique rencontre enfin une résistance efficace au Nigeria et au Cameroun : sans doute un tournant dans la guerre, le premier depuis la fulgurante avancée territoriale des djihadistes en juillet 2014.
À deux semaines de l’élection présidentielle au Nigeria, le groupe islamiste Boko Haram multiplie les attentats et les assauts. « Au moins sept personnes ont été tuées dimanche dans un attentat-suicide visant une réunion au domicile d’un homme politique à Potiskum, et deux explosions ont fait au moins cinq morts dans la ville de Gombe » (Jeune Afrique).
Mais sur le terrain de la guerre classique, les djihadistes semblent actuellement en échec, coincés entre deux feux : la résistance nigériane à Maiduguri, capitale de l’État de Borno, dont les islamistes tentent de s’emparer depuis plusieurs semaines, et l’offensive conjointe des forces camerounaises et tchadiennes contre les djihadistes retranchés dans la ville frontalière de Gambaru, elle aussi au Nigeria, mais reliée au Cameroun par un pont sur la rivière el-Beïd.
Un nouvel assaut contre Maiduguri repoussé
Après ses échecs des jours précédents (Aleteia), le groupe islamiste a lancé sans succès une nouvelle attaque dimanche contre Maiduguri – son ancien fief du Nord –, capitale de l’État de Borno (nord-est) peuplée d’un million d’habitants, qu’il tente de reprendre depuis plusieurs semaines. L’armée et les forces civiles de défense ont repoussé ce nouvel assaut, contraignant les djihadistes à se retirer après trois heures de combat. « Maiduguri est un enjeu stratégique, explique RFI. C’est en effet dans la capitale de l’État de Borno qu’a été fondée la secte Boko Haram au début des années 2000. Les djihadistes considèrent cette ville comme leur fief. Mais les autorités ont sanctuarisé le lieu, où se concentre près d’un million et demi de personnes, dont 500 000 réfugiés chassés des villages du Nord par Boko Haram. »
Pilonnés par les forces camerounaises et tchadiennes
Retranchés à Gambaru, localité nigériane distante d’une centaine de kilomètres de Maiduguri, et située sur la frontière avec le Cameroun (à une quinzaine de km au sud du lac Tchad), les combattants islamistes de Boko Haram ont été pilonnés samedi et dimanche par l’artillerie camerounaise et des hélicoptères de combat de l’armée tchadienne. « La secte terroriste se trouve ainsi coincée entre deux feux : l’offensive tchadienne à Gambaru, et la résistance nigériane à Maiduguri » (Jeune Afrique).
« Le Tchad a (…) dépêché mi-janvier un important contingent au Cameroun pour aider son voisin à contrer les raids meurtriers de Boko Haram sur son sol » (Le Monde) : 2 500 militaires tchadiens seraient en ce moment au Cameroun avec du matériel lourd comme des chars et des automitrailleuses.
C’est équipées de blindés et d’artillerie que des forces armées tchadiennes et camerounaises se sont déployées ces derniers jours à Fotokol, du côté camerounais. Des soldats du Bataillon d’intervention rapide (BIR, unité d’élite de l’armée camerounaise) contrôlent l’accès du pont qui relie Fotokol et Gambaru où sont retranchés les islamistes. De 175 à 200 d’entre eux auraient péri dans ces bombardements.
Nombreux et fanatisés
Mais Boko Haram s’accroche à Gambaru, truffée de snipers, et tient encore les bases de Baga et Monguno à plus de 100 kilomètres au nord de Maiduguri. Les djihadistes ont pour eux le fanatisme et le nombre : « Le chiffre de 15 à 20 000 miliciens au total circule dans les états-majors africains » (RFI).
Réunie le week-end dernier à Addis Abeba, l’Union africaine a appelé à la mobilisation en Afrique contre Boko Haram et a demandé la mise en place d’une force régionale de 7 500 hommes. Un appel relayé par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon qui a dénoncé la « brutalité sans nom » des islamistes.