Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants, selon l’ONG Oxfam.
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L’annonce-choc d’Oxfam faite à la veille du forum international de Davos n’a pas manqué pas de secouer les médias. Jonglant avec les chiffres de la banque du Crédit suisse, l’ONG de lutte contre la famine dans le monde met en perspective les inégalités dans le monde et prévoit qu’en 2016 « le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants ».
Effet d’annonce ?
Ces chiffres sont cependant trompeurs : comme le relève Alexandre Delalgue, la mesure employée pour établir ces déséquilibres étourdissants est le patrimoine net. Or « selon ce mode de calcul, un étudiant américain à Harvard, qui a pris un crédit pour faire ses études, est plus pauvre qu’un réfugié syrien qui cherche à survivre dans les montagnes libanaises ». L’économiste dénonce une étude construite dans le seul but de produire un « choc médiatique », et qui risque de décrédibiliser les causes qu’elle est supposée défendre.
En comparant la richesse sur la base des patrimoines, l’étude d’Ofam tombe d’une certaine façon dans l’excès qu’elle semble dénoncer : l’hommage à la richesse, qu’attaquait en son temps Newman (voir le Catéchisme de l’Église catholique) « Ils mesurent le bonheur d’après la fortune, et d’après la fortune aussi ils mesurent l’honorabilité … Tout cela vient de cette conviction qu’avec la richesse on peut tout. La richesse est donc une des idoles du jour. » En mesurant mondialement la richesse de chacun, on ignore la situation d’un paysan du Sud, par exemple qui n’a pas un sou sur son compte en banque mais qui a une terre suffisamment prospère pour le faire vivre, lui et sa famille. Cette ignorance est dangereuse : vu sous cet angle, un paysan dépossédé de sa terre gagnant un salaire dérisoire dans un bidonville se serait enrichi !
Une responsabilité inédite des ultrariches
Mais de toute évidence, les comparaisons de patrimoines n’ont pas que des défauts. Elles permettent de mettre en évidence l’émergence d’une classe d’ultrariches, phénomène nouveau dans l’histoire. 80 personnes détiendraient « l’équivalent du patrimoine de la moitié de la population la plus pauvre ». Les sommes atteintes sont astronomiques pour les quelques-uns qui appartiennent à ce nouveau « club ». Ils se retrouvent ainsi dans une situation de responsabilité à l’égard du monde que bien peu de souverains ont eu au cours de l’histoire. Il suffirait par exemple à un Bill Gates ou à un Carlos Slim Helú de donner un septième de leur fortune pour boucher le « trou » de la sécurité sociale française ! Les très riches ont donc une responsabilité fantastique – peut-être inhumaine – sur les épaules, pour un temps éphémère. Car, comme le rappelle l’épître de Jacques, leur richesse passera…
« Eh bien, maintenant, les riches ! Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver. Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont souillés, et leur rouille témoignera contre vous : elle dévorera vos chairs ; c’est un feu que vous avez thésaurisé dans les derniers jours ! Voyez : le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur des Armées. Vous avez vécu sur terre dans la mollesse et le luxe, vous vous êtes repus au jour du carnage. Vous avez condamné le juste, il ne vous résiste pas »
(Jc 5, 1-6).