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Vu d’ailleurs : Charlie Hebdo n’est pas la solution, mais une partie du problème

Attentato Charlie Hebdo – fr

© Public Domain

aleteia - publié le 22/01/15

Qui est Charlie ? Aleteia vous propose un regard extérieur à la France sur les difficiles rapports entre liberté d'expression et liberté religieuse.

Les attentats de Paris ont atteint deux objectifs : d’abord, une forte prise de conscience par l’Occident du terrorisme d’origine islamique ; deuxièmement, la reconnaissance du fait que la liberté d’expression a ses limites, tandis que la religion ne devrait jamais faire l’objet de moquerie et de dérision de la part de la presse écrite. Ces limites ont été reconnues par de nombreux dirigeants à travers le monde, dont le Pape François, qui a également rappelé que nul ne peut faire la guerre ou tuer au nom de Dieu.

Un réveil positif

Le réveil de l’Occident contre le terrorisme islamique est en soi un fait positif. Toutefois, on a confondu la violence meurtrière avec le contenu de l’hebdomadaire dans le slogan, bien trouvé : « Je suis Charlie Hebdo ». Certains prétendent que le fait de ne pas adhérer au journal satirique français est déjà soutenir, en quelque sorte, le terrorisme islamique.

Les paroles du pape François (catégorique pour condamner l’attentat) ont été réinterprétées par un type de presse qui croit que si vous n’êtes pas avec eux (avec Charlie Hebdo), c’est que vous soutenez le terrorisme djihadiste. Ce n’est pas nouveau. Voudront-ils faire de l’insulte à la religion un « droit de l’homme » ? Je n’en serais pas surpris, pour certains. 

Ce n’est pas en se moquant de l’islam et des autres religions que l’on prépare la paix entre les nations, les cultures, les religions et les civilisations. La paix mondiale doit être recherchée dans l’harmonie entre les hommes ou, comme le disaient les derniers Papes, dans la « civilisation de l’amour », et non dans des publications comme Charlie Hebdo qui ridiculisent et tournent en dérision quelque chose de très sacré pour les croyants de l’une ou l’autre religion.

En Italie on comprend bien ce que signifie la « paix religieuse », parce qu’il n’y a pas eu de paix entre la papauté et le royaume d’Italie tant que la religion était agressée et le Pape « enfermé » à l’intérieur des murs du Vatican. La signature des Accords du Latran en 1929, entre le cardinal Gasparri et le chef du gouvernement Benito Mussolini, a permis la paix religieuse après 59 années d’hostilités. C’est pourquoi l’Italie, forte de sa propre expérience historique, est un pays respectueux des religions. La France est un pays laïc, c’est-à-dire qu’elle ne reconnaît aucune religion en tant que telle, même si celles-ci œuvrent avec la reconnaissance civile générale de la liberté religieuse. L’Espagne, pays ni laïc ni religieux, reconnaît toutes les religions en tant que telles dans sa constitution. C’est pourquoi l’on dit que l’Espagne est un État non confessionnel. On pourrait dire la même chose de nombreux États d’Amérique latine qui, sans être confessionnels, respectent la liberté religieuse et de culte.  Mais ceux qui utilisent le nom de Dieu pour tuer ou commettre des actes de violence, ceux-là ne sont pas des « religieux », mais des « fanatiques de la religion », quelle qu’elle soit, mais des ennemis de la liberté religieuse.

Un autre aspect positif des attentats de Paris  est que le fanatisme et le terrorisme djihadistes n’ont pas été associés à la religion musulmane. Mais il est vrai aussi que les États islamiques devraient contribuer beaucoup plus, par exemple en ne poursuivant pas sur leurs territoires ceux qui professent d’autres religions. Ou en permettant qu’une personne cesse d’être musulmane pour embrasser une autre religion, par exemple le christianisme. Sur ce point, beaucoup reste à faire.

Une léthargie quant au terrorisme

Le plus étonnant dans les attentats à Paris, c’est que le monde occidental s’est réveillé de sa léthargie concernant le terrorisme islamique parce qu’une douzaine de personnes sont mortes à Paris. L’Occident est resté en sommeil au moment des attentats de Madrid le 11 mars 2004, qui ont fait plus de 200 morts. L’Occident ne s’est pas réveillé lors des massacres impitoyables contre les chrétiens, dans les territoires contrôlés par l’islam radical. Ni quand étaient détruits d’authentiques trésors architecturaux et artistiques dans les territoires islamiques.

Une chose est sûre :  parrainer des publications provocatrices et burlesques du type Charlie Hebdo n’est pas la solution. Car Charlie Hebdo n’est pas la solution, mais une partie du problème. Une religion est quelque chose d’intouchable pour ceux qui croient en elle. On ne peut pas la ridiculiser, comme on ne peut pas ridiculiser non plus la mère de quelqu’un pour la seule raison qu’elle est sa mère. Les sphères intimes des personnes, leurs consciences, sont libres et inviolables, et nous avons déjà là une limite à la liberté d’expression. 

Lorsque l’on oppose, que l’on fait entrer en collision deux droits fondamentaux de la personne comme le sont la liberté religieuse et de conscience et la liberté d’expression, nous rencontrons là déjà des limites. Deux droits fondamentaux ne peuvent s’affronter, mais coexister. Si l’un des deux droits heurte l’autre, ou les deux, ils ne sauraient se vivre et cohabiter en respectant la dignité de la personne humaine.

Adaptation de l’espagnol par Élisabeth de Lavigne

Tags:
IslamTerrorisme
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