Selon le directeur d’Europol, entre 3 000 et 5 000 Européens sont partis faire le djihad en Syrie ou en Irak. Ils représentent pour leur pays d’origine un danger difficile à contrer.
Interrogé la semaine dernière par la commission des Affaires intérieures du Parlement britannique sur le nombre de personnes qui ont quitté l’Europe pour aller se battre au Proche-Orient mais aussi en Afrique ou dans la péninsule arabique, Rob Wainwright, directeur d’Europol, a déclaré : « Clairement, nous avons affaire à un grand nombre, principalement de jeunes hommes, qui ont le potentiel de revenir et le potentiel ou l’intention et la capacité de mener des attaques comme celles à Paris la semaine dernière ».
30% de ces combattants seraient déjà revenus dans les pays de l’Union europénne (UE), selon son coordinateur pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove (Le Point).
Rob Wainwright a confirmé que les médias sociaux constituaient un outil de propagande et de recrutement, estimant qu’Internet était utilisé de manière « bien plus agressive, bien plus imaginative » qu’avant. Il a appelé à une « collaboration plus proche et plus productive entre les autorités et les entreprises technologiques ». Il a également souligné le danger des « cellules dormantes » démontré par les attentats de Paris.
Il s’agit là « certainement de la menace terroriste la plus sérieuse à laquelle l’Europe doit faire face depuis le 11 septembre », a-t-il conclu (L’INFO.re).
Une lycéenne en garde à vue
La radicalisation n’épargne pas les filles : hier, une lycéenne française a été placée en garde à vue pour « menaces », à Pontoise (Val-d’Oise), pour avoir posté un message d’insultes et de menaces sur la page Facebook de Latifa Ibn Ziaten, la courageuse mère du militaire Imad Ibn Ziaten, première victime de Mohamed Merah, froidement assassiné à 30 ans le 11 mars 2012 à Toulouse. Latifa Ibn Ziaten sillonne la France, témoignant dans les collèges et les lycées, pour prôner un islam de tolérance, dire son attachement à la République et sa fierté pour son fils. Merah « l’a tué parce qu’il était militaire. Il lui a demandé de se mettre à plat ventre mais mon fils est resté debout. Il était entré dans l’armée pour servir la République », rappelle-t-elle.
La lycéenne, qui l’insultait dans un français approximatif, cautionnait aussi les attentats contre Charlie Hebdo et contre l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. « Le parquet de Pontoise a décidé de la poursuivre pour "menaces" et non pour "apologie du terrorisme", le message ayant été posté sur une page Facebook privée, et non dans l’espace public » (20 minutes).
Interdire le retour en France ?
Par ailleurs, le débat se poursuit entre le gouvernement et l’opposition à propos de la possibilité d’interdire le retour des jeunes Français partis faire le djihad à l’étranger, et de déroger ainsi au droit européen. L’idée, évoquée la semaine dernière par le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, reçoit l’assentiment d’ une majorité (68%) de Français, selon un sondage Ifop pour le JDD. Elle est réalisable, selon l’ex-ministre Valérie Pécresse, impossible selon Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur.
Ce dernier affirme qu’interdire le retour des Français ou bi-nationaux sur notre territoire en contradiction avec l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme,
(« nul ne peut être privé du droit d’entrer sur le territoire de l’État dont il est le ressortissant »), serait sanctionné par la Cour européenne des droits de l’homme. « Quand on veut on peut », lui a répondu Valérie Pécresse sur RTL. « La Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) permet des dérogations, qui sont justifiées par des nécessités d’ordre public », a-t-elle déclaré en citant l’exemple des « Britanniques, qui font partie du Conseil de l’Europe comme nous ».
La mesure est en effet actuellement discutée à Westminster. Elle empêcherait le retour sur le sol britannique, pendant au moins deux ans, des djihadistes venant des zones de combat, sans pour autant les rendre apatrides (ce qui serait contraire aux lois internationales) (Le Figaro).