Et Thérèse elle-même se savait dépourvue de grandes qualités ou de dons spirituels, et disait : « J’ai toujours désiré être une sainte. Mais, hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu’il y a entre eux et moi la même différence existant entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants… Me grandir, c’est impossible ; je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections. Mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle… Moi, je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection ».
Être petits c’est mieux
Mais c’est précisément son extrême petitesse qui devient le chemin vers Dieu. Seuls les petits peuvent être portés dans les bras : « Je les consolerai, je les porterai sur mon sein et je les balancerai sur mes genoux. L’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus. Pour cela, je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite ». C’est là le chemin de la petitesse des Hobbits (comme je l’ai renommé) : redevenir comme des petits enfants dans les bras de Dieu, être de plus en plus petits, de plus en plus simples et humbles… jusqu’à être les derniers. Parce qu’on vit ainsi seulement du regard de Dieu, et chaque petite chose que nous pouvons faire devient grâce, car « ramasser une épingle par amour peut sauver une âme ». « Tout est grâce ! », dira sainte Thérèse. Ainsi, que l’on aime les elfes ou les nains, ou les hommes de Numenor, le secret de la victoire sur l’Anneau de pouvoir réside dans ces « petites mains » qui sont cachées aux yeux des puissants, dans ces humbles qui sont grandis. C’est pourquoi, aujourd’hui, sur le modèle de la petite Thérèse, prêts à l’aventure de la vie et de la sainteté, je vous souhaite ceci : soyez des affamés, autrement dit soyez des Hobbits !
Adapté de l’espagnol par Élisabeth de Lavigne