La société a besoin d’urgence de victimes expiatoires : au moins six condamnations ont été prononcées depuis vendredi dernier pour « apologie publique d'actes de terrorisme » en vertu de la loi du 14 novembre 2014.
Article de Serge Federbusch, président du Parti des Libertés.
Tous Charlie, tous censurés
Il suffisait de voir Hollande suivi comme son ombre par son conseiller en communication lors de la manifestation de dimanche dernier pour perdre ses dernières illusions sur les intentions de notre récupérateur en chef. Regagner, université après université, gymnase après gymnase, piscine après piscine, le terrain concédé à un obscurantisme religieux qui exalte l’obéissance et rejette la raison est difficile.
Faire patrouiller une armée paupérisée et mal équipée, commémorer à tout va ou traquer les délires publiés sur Internet par des esprits égarés est moins dangereux. La première réaction du gouvernement et du parquet a donc consisté à s’en prendre à Dieudonné, grotesque provocateur qui ne mérite que le mépris. Faute de s’attaquer aux racines du mal, qui plongent aussi dans l’incapacité de la bureaucratie française à traiter les problèmes autrement que par des allocations et des compromis, on va partir à l’assaut des forums d’internautes et embastiller deux ou trois abrutis qui n’auront pas trouvé le moyen de dissimuler leurs noms derrière leurs ineptes commentaires.
Quatre ans de prison ferme pour un clampin décérébré et alcoolisé qui s’est réclamé des frères Kouachi en insultant la police ! Au moins six condamnations ont été prononcées depuis vendredi 9 dernier pour « apologie publique d’actes de terrorisme » en vertu de la loi toute récente du 14 novembre 2014. La société a besoin d’urgence de victimes expiatoires. Pendant ce temps, les politiciens qui ont volé la République échappent le plus souvent à la détention. Le seul à avoir parlé vrai dans cette affaire est Malek Boutih qui a dénoncé les élus locaux qui achètent la tranquillité et parfois leurs mandats en passant des accords louches avec les fondamentalistes et les trafiquants.
Le terrorisme pave la voie de l’autoritarisme de l’État, c’est un phénomène observé depuis de nombreux siècles. Il faut choisir son camp, celui des saints ou des démons, dont la définition est d’ailleurs variable. Pas de place pour la subtilité en temps de mobilisation. La France de cette dernière semaine fait penser au film de Billy Wilder, Le gouffre aux chimères, où un pauvre hère tombé dans un trou n’en sortira pas car son malheur fait l’affaire de tous ceux qui veulent conditionner l’opinion. Lire la suite sur Atlantico