Lassana Bathilly, Michel Catalano et Ahmed Merabet : trois citoyens ordinaires aux réactions extraordinaires.
Michel Catalano, le gérant de l’imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), a vu arriver jeudi à 9 h 30 deux individus : les frères Kouachi. « Je ne savais pas que c’était eux, mais j’ai vu la Kalachnikov et un lance-roquettes », a-t-il expliqué, encore très ému, à l’AFP. Il va aussitôt avertir son graphiste Lilian Lepère, 26 ans, et lui dire de se cacher. Le jeune homme se terre tandis que Michel Catalano tente de lui faire gagner du temps en allant au-devant des terroristes. Il leur parle, leur propose du café et de soigner l’un d’entre eux, blessé au cou… Le graphiste ne fut jamais découvert par les terroristes, et parvint même à envoyer aux forces de police des éléments capitaux pour l’assaut du GIGN. Au total, il aura passé plus de sept heures terré sous un évier.
Lassana Bathilly, le courage ordinaire
Lassana Bathilly, Malien de confession musulmane, était employé dans le supermarché Hypercasher de la porte de Vincennes attaqué par Amedy Coulibaly. Entendant les coups de feu, il dirige les clients en fuite vers une chambre froide. « Je suis allé au congélateur, j’ai ouvert la porte et plusieurs personnes sont rentrées avec moi. Je leur ai dit de se calmer, de ne pas faire de bruit », a-t-il déclaré sur BFMTV. Il propose aux fuyards de s’échapper par le monte-charge, mais ceux-ci refusent, craignant d’être interceptés par le terroriste. M. Bathilly parvient à s’échapper seul, après avoir pris soin d’éteindre le système de réfrigération. Les policiers qui encerclent le magasin l’interceptent, croyant avoir affaire à un terroriste. Sa situation éclaircie, il donne aux forces de l’ordre les informations dont il dispose pour les aider à neutraliser le preneur d’otages. « Je suis musulman, pratiquant. J’ai déjà fait mes prières dans ce magasin, dans la réserve. Et oui, j’ai aidé des juifs. On est des frères, a-t-il déclaré. Ce n’est pas une question de juifs, de chrétiens ou de musulmans, on est tous dans le même bateau », a-t-il estimé. Une pétition lancée sur Change.org demande qu’il obtienne la nationalité française et qu’il soit décoré de la Légion d’honneur.
Un bosseur devenu policier
Ahmed Merabet était un « bosseur », explique sa famille. Après avoir travaillé « au McDonald’s, à la SNCF et à Roissy », il était devenu policier. D’origine algérienne et de confession musulmane, il était « très fier de porter les valeurs de la République française, liberté, égalité, fraternité », a expliqué son frère, Malek Merabet. Il avait obtenu son diplôme d’officier de police judiciaire et devait prochainement quitter le terrain. Selon ses collègues de travail, il était « passionné par son métier ». Son frère continue dans un hommage publié sur Le Monde : « Homme d’engagement, il prenait soin de veiller sur sa maman, depuis la mort de notre père il y a 20 ans. […] Arrêtez de brûler des mosquées ou des synagogues, continue Malek Merabet, ça ne ramènera pas nos morts et n’apaisera pas nos familles ».