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Neuvaine pour la France : la joie d’évangéliser

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La Neuvaine - publié le 09/01/15
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Dans le cadre de la Neuvaine pour la France, retrouvez la méditation de l’abbé Loiseau, consacrée à la force et à l’intelligence pour la transmission de la foi de l’Église.
La fête de l’Épiphanie célèbre la mission. Notre Dieu est à peine apparu que les mages, les rois de peuples lointains viennent Le reconnaître comme Dieu, Roi et Sauveur. Il est la véritable lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (Jn, 1, 9).

Dès l’Incarnation, le mystère du Salut est révélé aux périphéries. Le feu de la Pentecôte se diffusant sur la terre, sera l’accomplissement du geste prophétique des rois mages. L’histoire de l’Église est identifiée à l’histoire de la mission. L’évangélisation est inhérente à la vie de l’Église, l’histoire du peuple de Dieu devient la diffusion de cet Amour Divin par la proclamation des merveilles de Dieu. Ainsi, le chrétien ne saurait oublier l’ordre du Christ : « Allez évangéliser toutes les nations et baptisez-les ». Le propre de l’Amour Divin est donc de se communiquer par l’évangélisation. Les tentations vis-à-vis de l’annonce explicite de la foi ont été nombreuses au cours de l’histoire, soit par une attitude spirituelle frileuse voulant réduire le Salut aux petits nombres d’élus d’une nation ou d’une communauté, soit par une conception théologique erronée où le Seigneur se contenterait de la sincérité des hommes sans les inviter à la vérité et à la communion de l’Église.

La transmission de la foi par la catéchèse a souvent subi des conséquences de ces attitudes et de ces conceptions désordonnées. Je crois que la foi de notre pays a été profondément bouleversée ces dernières années par ces lacunes dans la catéchèse. La diminution régulière du taux de pratique religieuse en France, réduite à 5%, ne semble pas suffisamment inquiéter les catholiques. Les statistiques de l’année 2013, sur le site de la Conférence épiscopale, nous révèlent pourtant une diminution préoccupante des baptêmes d’enfants, des mariages, des vocations. Les chiffres d’enfants catéchisés en paroisse ne sont plus donnés depuis des années. Les prêtres avouent pourtant que les inscriptions sont en baisse constante. Au risque d’apparaître comme pessimiste, ce qui n’est pas religieusement correct, n’oublions pas que l’espérance, toujours présente au cœur du chrétien, est la foi dans la victoire du Christ sur le péché et le monde. Il serait malvenu de s’appuyer sur l’espérance pour éviter toute prise de conscience de ce phénomène.

Notre inertie, notre paresse spirituelle, nos erreurs théologiques, ne sauraient trouver une justification dans un providentialisme énoncé dans ces termes : « Le Christ préfère la qualité à la quantité, le Seigneur n’abandonnera pas notre nation, la foi consiste à traverser les épreuves et la victoire nous sera donnée ». En effet, si les paroles du Seigneur nous annoncent bien que les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre son Église et annoncent son retour dans la Gloire, il s’agit bien de l’indéfectibilité de l’Église mais non d’une promesse de pérennité pour une nation. Les causes de la déchristianisation de notre pays sont bien sûr multiples, la sécularisation est en effet un phénomène complexe. Mais reconnaissons notre difficulté à évangéliser et à transmettre la foi dans une société libérale, pluriconfessionnelle et laïque, alors que la progression de l’islam devient inquiétante.

Ne soyons pas comme les chrétiens de Constantinople au XVe siècle qui se rassuraient continuellement en se perdant dans des querelles théologiques ou liturgiques avant l’effondrement fatal. L’espérance, c’est l’humilité devant la réalité de nos faiblesses et vivre dès maintenant de la grâce afin d’être un témoin du mystère du Christ rédempteur. Si les papes modernes : Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, nous ont appelés avec autant d’énergie à l’évangélisation explicite, c’est que cette question est cruciale pour la survie de l’Église dans les nations. L’annonce explicite de la foi a été trop souvent comprise comme une attitude idéologique ou intolérante. La seule transmission autorisée serait un éveil à une expérience spirituelle ou caritative.

La catéchèse est encore trop souvent imprégnée de cette conception. Le cri d’alarme du cardinal Ratzinger à Notre-Dame de Paris en 1983, l’exhortation apostolique de Jean-Paul II Catechesi tradendae ou le directoire sur la catéchèse de 1997 ne semblent pas avoir été suffisamment entendus. Notre Église de France continue de vivre une vraie crise de la transmission de la foi. Des paroisses, des écoles libres, des communautés, des familles, malgré un certain renouveau, se trouvent souvent démunies, avec des parcours catéchétiques ou avec des équipes pastorales pleines de bonne volonté mais en difficulté pour transmettre l’essentiel de la foi. Peu de catéchistes ou de groupes de formation ont un réel souci d’adapter le Catéchisme de l’Église catholique aux jeunes générations, et pourtant la première mission est bien là.

Prenons-nous suffisamment au sérieux ceux qui mettent en place des parcours de formation biblique en lien avec le Catéchisme de l’Église catholique, présentant ainsi la cohérence et l’unité de la Révélation ? Il est bien vrai, comme le rappelait le cardinal Ratzinger, que « la foi sans expérience ne peut être que verbiages de formules creuses », il est inversement tout aussi évident, ajoutait-il, que « réduire la foi à l’expérience ne peut que la priver de son noyau ». Ainsi, la transmission de la foi par l’Église ne peut faire l’impasse d’une présentation claire de la doctrine, de la révélation biblique, et de la vie liturgique. La foi n’est donc pas seulement un face-à-face avec Dieu et le Christ, elle est aussi ce contact qui ouvre l’homme à la communion de l’Église. M’en remettre au magistère de l’Église, c’est accepter que ma foi dépasse les frontières de ma subjectivité. Ainsi, nous attendons une catéchèse (où la mémorisation aura sa place selon le souhait de Jean-Paul II) qui présente clairement ce que nous devons croire (le Credo), ce que nous recevons par l’Église (la liturgie, la grâce, les sacrements), ce que nous devons faire (la charité, les béatitudes, les commandements), et ce que nous devons espérer (les demandes du Pater).

Après des années de catéchèses dans des paroisses ou des écoles, les enfants ressortent – hélas – avec trop souvent de confusion et d’ignorance. Une grande partie de ces parcours ne disent rien sur la grâce, l’importance de la confession régulière, la messe comme actualisation du mystère pascal, le péché originel, les fins dernières, le plan du Salut, les mystères de l’Église. Le christianisme est ainsi trop souvent réduit à une éthique ou à une expérience, nous sommes en plein pélagianisme moderne dénoncé par Benoît XVI. Le temps n’est-il pas venu d’annoncer explicitement à tous les hommes la richesse de la Miséricorde divine ? Si l’Église est bien le sacrement du Salut comme le rappelle le concile Vatican II, sa mission n’est-elle pas d’enseigner tout au long de la vie ce mystère du Salut à nos contemporains ? Le premier devoir de l’évangélisateur dans notre pays est de veiller à un enseignement complet du catéchisme. Bien sûr, les échecs rencontrés sont dus aussi, comme je le rappelais à des causes externes comme la crise de la famille ou la société sécularisée. C’est une raison de plus pour être attentif à une transmission authentique. Renier une partie du Credo ou des commandements de la catéchèse, c’est alors toucher la structure fondamentale de celle-ci. Il n’y a plus alors d’introduction réelle à la foi de l’Église.

En cette fête de l’évangélisation des nations, que les catholiques de notre pays qui ont su montrer du courage et un esprit de résistance, demandent à Notre-Dame de l’Épiphanie, la force et l’intelligence pour la transmission de la foi de l’Église. L’enjeu est vital : soit nous aurons la transmission de la vie divine, soit la mort de la France chrétienne. Avec Marie, tout est possible.

L’Abbé Loiseau est le fondateur et supérieur des Missionnaires de la miséricorde divine, du diocèse de Fréjus-Toulon, curé de la paroisse Saint-François-de-Paule à Toulon : « En étant témoin de la mission directe qui se vivait dans le diocèse de Toulon, j’ai souhaité fonder une communauté qui vivrait particulièrement de la Miséricorde divine, de la liturgie dans sa forme extraordinaire et de l’évangélisation directe, particulièrement auprès des musulmans ».


 

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