Jeudi 11 décembre, le premier citoyen mongol sera ordonné diacre en vue de la prêtrise, pour la préfecture apostolique d'Oulan-Bator. La cérémonie se déroulera à Séoul, en Corée du Sud.
Alors que l’Église catholique vient de fêter ses 20 ans d’existence, l’ordination d’Enkh-Joseph marque un tournant que le préfet apostolique d’origine philippine Mgr Wenceslao Padilla, appelait de ses vœux depuis longtemps, espérant voir enfin un clergé autochtone reprendre le flambeau allumé vingt ans plus tôt par les prêtres de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM)(1).
Une étonnante vitalité
Aujourd’hui, la petite Église de Mongolie qui continue de croître avec une étonnante vitalité, a conscience de l’importance de cet événement, tous ses prêtres et religieux (plus de 80 missionnaires, issus de 22 pays différents) étant de nationalité étrangère.
Le futur diacre, Enkh Baatar, 23 ans – qui a choisi Joseph comme nom de baptême – s’est exprimé le 27 novembre, depuis la Corée du Sud où il est en formation, dans une vidéo diffusée sur le blog de l’Église catholique de Mongolie. Il s’est confié sur ce qui l’avait amené à vouloir devenir prêtre, les difficultés qui avaient jalonné son parcours et la foi profonde qui l’animait.
« Je voulais aller directement au séminaire après avoir terminé l’école, mais ma famille et tout le monde dans la mission, y compris l’évêque, m’ont conseillé de me former d’abord à l’université, j’étais très déçu », se rappelle Enkh (un nom qui signifie « paix » en mongol). Reconnaissant aujourd’hui que « c’était une sage décision », il ajoute que « la science [lui] a permis d’approfondir [sa] recherche de Dieu ».
Après avoir obtenu un diplôme de biochimie à la Mongolia International University, institution fondée par des protestants sud-coréens à Oulan-Bator, le jeune homme s’est envolé en août 2008 pour le diocèse de Daejon en Corée du Sud, où il a d’abord étudié le coréen pendant six mois avant de suivre les cours du séminaire.
Une neuvaine à l’intention du futur diacre
Hier, dimanche 7 décembre, lors de la messe à la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul d’Oulan-Bator(2), la mère d’Enkh Joseph s’est adressée à l’assemblée, rapporte un fidèle de la paroisse à Églises d’Asie. « Elle a raconté comment son fils, qui accompagnait sa sœur aînée à l’église depuis l’âge de 5 ans, avait dû lutter pour persévérer dans sa vocation ; elle-même, comme la plupart de ses proches et amis, avait tenté pendant des années de le dissuader de devenir prêtre. »
Aujourd’hui, très fière de son fils, comme l’ensemble de la communauté catholique de Mongolie dont il est pour le moment le seul représentant de la future « Église autochtone », la mère du jeune séminariste sera présente à l’ordination aux côtés du curé de la cathédrale.
Enkh Joseph, qui a laissé le souvenir d’un membre très actif et apprécié à la paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul, est aujourd’hui soutenu par toute la communauté catholique de son pays qui a lancé le 2 décembre sur son blog et sa page Facebook, une neuvaine à l’intention du futur diacre.
Des conséquences pratiques non négligeables
« Cette ordination, outre son importance ecclésiale et apostolique évidente, aura également des conséquences pratiques et permettra à l’Église d’avoir enfin le droit de posséder des biens immobiliers et d’être son propre représentant légal », explique H., chef d’entreprise expatrié depuis plusieurs années en Mongolie. En effet, selon les lois de la République de Mongolie, seul un citoyen mongol peut posséder un terrain ou diriger un organisme religieux. « C’est la raison pour laquelle le chef officiel de l’Église mongol est la secrétaire de l’évêque, laquelle possède aussi officiellement la plupart des terrains de la préfecture apostolique à Oulan-Bator », ajoute-t-il.
En outre, depuis la loi de 2009 obligeant les étrangers travaillant dans le pays (dont les missionnaires) à embaucher du personnel mongol selon un système de quotas élevés, l’arrivée dans les cadres de l’Église locale d’un citoyen mongol, permettra sans aucun doute d’alléger une situation financière qui commençait à devenir source d’inquiétude.