De violents affrontements entre les manifestants et la police se sont produits dans la nuit de dimanche à lundi, se prolongeant jusqu'au matin.
Alors que le mouvement Occupy Central donne des signes d’essoufflement ces dernières semaines (Aleteia), se heurtant aux fins de non-recevoir successives de la part des autorités et aux menaces de Pékin, les affrontements entre les forces de l’ordre et les quelques milliers, voire quelques centaines d’irréductibles qui occupent encore le quartier d’affaires de Hongkong, se multiplient et se durcissent.
Des barricades démantelées par la police
La semaine dernière, la Cour suprême a ordonné l’évacuation de la zone de Mong Kok, et les barricades des contestataires ont été démantelées de force par la police, malgré la forte résistance des manifestants. Dans cette première véritable action de force du gouvernement de Hong-Kong, 150 opposants ont été interpellés, parmi lesquels les leaders étudiants Joshua Wong et Lester Shum.
Les protestataires redoutent désormais que les autorités ne réservent le même sort au site d’Admiralty, où des centaines de tentes sont toujours installées sur ce qui était jusqu’à récemment une autoroute urbaine à neuf voies.
Des députés britanniques privés de visa
Ce dernier incident a éclaté hier soir, lorsque les membres d’Occupy Central ont appris qu’un groupe de députés britanniques s’étaient vu refuser par Pékin leur visa pour Hongkong. Ils devaient s’y rendre dans le cadre d’une enquête sur l’application de la déclaration commune signée entre la Grande-Bretagne et la Chine, ainsi que sur les progrès dans la mise en place de la démocratie au sein de l’ancienne colonie britannique, comme Pékin s’y était engagé(1).
Cette volonté d’isoler toujours davantage les contestataires pro-démocrates en les coupant de tout soutien, qu’il vienne de l’intérieur du pays comme des États étrangers, sans qu’ils aient pu non plus obtenir, après plus de deux mois de manifestations et sit-ins pacifiques ininterrompus, ne serait-ce qu’un signe de dialogue de la part des autorités hongkongaises, a mis le feu aux poudres.
Matraques, canons à eau et gaz au poivre
Vers 21 h, dimanche 30 novembre, plusieurs centaines d’étudiants ont afflué vers les bâtiments du gouvernement, à Long Wo Road, une artère proche du site principal occupé d’Admiralty. Les manifestants se sont heurtés rapidement aux forces de l’ordre qui les ont repoussés avec une grande violence, attestée par les enregistrements vidéo des affrontements. On y voit la police chargeant des étudiants à coups de matraques, les dispersant avec des canons à eau et des gaz au poivre. Les forces de l’ordre se sont justifiées en disant que les manifestants avaient riposté en lançant des briques et des bouteilles.
40 blessés graves, 45 arrestations
Plus d’une quarantaine de blessés graves, avec des plaies ouvertes à la tête, ont été emmenés à l’hôpital et, selon la police, environ 45 personnes ont été arrêtées, dont des journalistes. Les manifestants et les membres de la presse, photos et vidéos à l’appui, ont porté plainte pour brutalités policières.
Malgré les violences de la nuit, des centaines de manifestants continuaient d’affluer tôt ce matin sur les lieux de l’affrontement, scandant « Nous voulons le suffrage universel ! ». Portant des lunettes protectrices et les symboliques parapluies devenus l’emblème de leur « révolution », les étudiants ont tenu à montrer leur détermination avant de se disperser.
« J’ai déjà souligné que le mouvement pro-démocratie Occupy Central était non seulement illégal mais aussi voué à l’échec, a déclaré le chef de l’exécutif Leung Chun-ying aux journalistes, lors d’une conférence presse qui s’est tenue ce lundi en fin de journée. La police a été tolérante jusqu’ici, mais dorénavant, elle appliquera la loi sans hésitation. »