C'est en des termes sans ambiguité que François a condamné la violence religieuse lors de sa rencontre avec Mehmet Gormez, en charge des affaires religieuses en Turquie.
Pour le pape François, « les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux » revêtent une importance capitale. Elles représentent « un message clair adressé aux communautés respectives, pour exprimer le fait que le respect mutuel et l’amitié sont possibles, malgré les différences ». « Une telle amitié, a ajouté le Pape, acquiert une signification spéciale dans des temps de crise comme ceux que l’on connaît, crises qui en certaines parties du monde deviennent de véritables drames pour des populations entières. »
Voilà quelques idées développées par le pape François lors de sa rencontre avec le président des Affaires religieuses de Turquie, Mehmet Gormez. Le Pape, comme il l’avait fait quelques instants auparavant dans son discours devant les autorités turques au palais présidentiel, est revenu sur la situation tragique de la région du Proche-Orient, spécialement en Irak et en Syrie, mettant en avant l’urgence humanitaire. Le Pape se disait préoccupé par le fait « que des communautés entières, et spécialement les chrétiens mais pas seulement, également les Yazidis, à cause d’un groupe extrémiste et fondamentaliste, ont souffert et souffrent encore aujourd’hui des violences inhumaines à cause de leur identité ethnique et religieuse ».
Le texte intégral du discours du Pape François
Monsieur le Président,
Autorités religieuses et civiles,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un motif de joie de vous rencontrer aujourd’hui, au cours de ma visite dans votre pays. Je remercie Monsieur le Président de cet important Bureau pour son invitation cordiale qui m’offre l’occasion de m’entretenir avec des leaders politiques et religieux, musulmans et chrétiens.
Il est de tradition que les papes, quand ils voyagent dans différents pays pour accomplir une part de leur mission, rencontrent aussi les autorités et les communautés des autres religions. Sans cette ouverture à la rencontre et au dialogue, une visite papale ne répondrait pas pleinement à ses finalités, c’est ainsi que moi aussi je l’entends, à la suite de mes vénérés prédécesseurs. Dans cette perspective, je suis heureux de rappeler de façon spéciale la rencontre que le pape Benoît XVI a eue, en ce même lieu, en novembre 2006.
Les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux revêtent en effet une grande importance. Ils représentent un message clair adressé aux communautés respectives, pour exprimer que le respect mutuel et l’amitié sont possibles, malgré les différences. Cette amitié, en plus d’être une valeur en soi, acquiert une signification spéciale et une importance supplémentaire en un temps de crises comme le nôtre, crises qui deviennent dans certaines régions du monde de véritables drames pour des populations entières.
Il y a en effet des guerres qui sèment victimes et destructions ; tensions et confits inter-ethniques et interreligieux ; faim et pauvreté qui affligent des centaines de millions de personnes ; dégâts pour l’environnement naturel, pour l’air, pour l’eau, pour la terre.
La situation au Moyen-Orient est vraiment tragique, spécialement en Irak et en Syrie. Tous souffrent des conséquences des conflits, et la situation humanitaire est angoissante. Je pense à tant d’enfants, aux souffrances de tant de mamans, aux personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, aux violences de toutes sortes. Une préoccupation particulière vient du fait que, surtout à cause d’un groupe extrémiste et fondamentaliste, des communautés entières, spécialement – mais pas seulement – les chrétiens et les yazidis, ont subi et souffrent encore des violences inhumaines à cause de leur identité ethnique et religieuse. Ils ont été chassés de force de leurs maisons, ils ont dû tout abandonner pour sauver leur vie et ne pas renier leur foi. La violence a frappé aussi des édifices sacrés, des monuments, des symboles religieux et le patrimoine culturel, comme si on voulait effacer toute trace, toute mémoire de l’autre.