Le gouvernement pakistanais est sommé de toutes parts de prendre des mesures immédiates pour rétablir l’état de droit ruiné par un système judiciaire qui garantit l’impunité aux islamistes criminels.
L’affaire de Shahzad Masih et Shama Bibi (Aleteia) a été le drame de trop. Depuis l’assassinat le 4 novembre du couple chrétien, brûlé vif par des islamistes les accusant d’une profanation du Coran qu’il n’avait pas commise, le gouvernement du Pakistan est sommé de toutes parts de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence religieuse.
« On ne peut plus parler d’Etat de droit »
« La montée de la violence et de l’intolérance religieuse met en danger la coexistence civile et sociale au Pakistan » et témoigne de « l’échec de l’administration civile et judiciaire », ont déclaré la Conférence épiscopale catholique et l’association des Supérieurs majeurs du Pakistan. Dans un appel commun publié mercredi 19 novembre, Mgr Joseph Coutts, président de la Conférence des évêques, et le père Pascal Paulus, représentant des Supérieurs majeurs, ont demandé aux autorités de prendre « des mesures qui ne peuvent être différées », rapporte l’agence Fides.
« L’assassinat de Shahzad Masih et Shama Bibi à Kasur démontre que l’intolérance au nom de la religion est allée si loin que l’on ne peut plus parler d’État de droit ; c’est une justice sommaire qui viole la Constitution et le Code pénal, constate l’Église catholique. De tels incidents reflètent l’absence totale de gouvernance, l’échec de l’administration civile et du système judiciaire, qui garantissent l’impunité à ces crimes contre l’humanité. »
Il faut des mesures immédiates
Les responsables catholiques concluent en pressant le gouvernement de prendre des mesures immédiates pour que de tels drames ne puissent plus jamais se reproduire. Ils proposent que la Cour suprême lance une commission d’enquête sur les faits commis à Kasur, en vue de rendre une « justice immédiate » constituant un « précédent clair », mais aussi que soient dès à présent déclarés responsables les religieux islamiques ayant incité à la violence. Ils demandent également qu’il soit enfin mis un terme aux usages abusifs de la loi sur le blasphème mais aussi au manque de formation des policiers, qui n’ont pas appliqué les recommandations de la Cour suprême de juin, au sujet de la protection des minorités religieuses.
La famille du couple assassiné est menacée
Alors que la famille du couple chrétien assassiné demande la protection du gouvernement, ce dernier est de plus en plus montré du doigt pour son absence de réaction face à la montée de la violence islamiste, qui semble aujourd’hui n’avoir plus aucune limite.
« Nous recevons sans cesse des menaces téléphoniques pour retirer notre plainte », a déclaré Shahbaz Masih, le frère de Shehzad Masih, lors d’une conférence de presse à Islamabad, rapportée par l’agence Apic le 19 novembre. Bien que la police ait arrêté une quarantaine de personnes, dont le patron de la briqueterie et le responsable de la mosquée, aucune mesure législative ou judiciaire qui empêcherait ces crimes de se répéter, n’a été prise par les autorités.
« Nous réclamons seulement justice et une enquête objective », a expliqué Shehzad Masih, qui demande, à l’instar de nombreuses associations qui ont réagi depuis l’assassinat du jeune couple, que « l’affaire Shahzad et Shama » serve d’exemple, et qu’au-delà de la vague d’indignation qui a parcouru le Pakistan, elle puisse donner lieu à l’établissement de véritables mesures.
Comme le frère de la victime, la Ligue interreligieuse du Pakistan (LIP) – groupe de religieux et de militants en faveur des droits de l’homme – presse le gouvernement de former une commission judiciaire spéciale, qui comprendrait des membres des minorités religieuses « afin que les coupables ne restent pas impunis »