La deuxième persécution anticatholique d’Halloween survient dans les années 80, épicée de légendes urbaines comme le poison dans les bonbons ou les lames de rasoir cachées dans des sucettes. Les accusations de paganisme (chevauchées par le mouvement New Age et Wiccan qui y a ajouté une bonne dose de sorcières), et de satanisme, ont eu un fort impact, rendant suspecte cette fête née, au contraire, pour exorciser la peur de la mort et du diable. C’est Jack Chick, célèbre caricaturiste et fondamentaliste anticatholique, qui dirigea alors cette attaque.
Des alternatives dans les années 90
L’agression culturelle et médiatique contre la fête sera d’une telle puissance que, dans les années 90, beaucoup de parents américains d’origine catholique ont fini par croire la propagande. Dès lors, dans les paroisses catholiques (américaines), on a cherché des solutions de remplacement et des alternatives à la "macabre mascarade". Deux alternatives se sont imposées :
– Une fête d’action de grâces pour la récolte, celle-ci ayant en fait des points de contact avec le monde païen de ceux qui célébraient la fête enfantine des morts ;
– Une fête avec des enfants déguisés en angelots et saints célèbres: une belle façon de christianiser une fête déjà chrétienne.
En vérité, la fête d’Halloween, avec son environnement funèbre, ne serait rien d’autre qu’une façon d’enseigner "rituellement" aux enfants à ne pas avoir peur de la mort. Peut-être est-ce la mention explicite de la mort et son exposition qui font peur aux adultes, et ils veulent la cacher. Mais le Moyen Age vivait au quotidien avec la mort, et la population en avait moins peur depuis que le christianisme lui avait appris que celle-ci n’est pas définitive, mais qu’elle a déjà été vaincue par la résurrection du Christ.
La défaite du diable et de la mort
Chaque cathédrale catholique nordique, vous l’aurez observé, exhibent des gargouilles terrifiantes : des monstres de pierre, oui, mais pétrifiés. Les manuscrits enluminés et les grandes peintures dans les églises sont pleins de démons qui volent sur les bords. Ces images sont catholiques à cent pour cent. Pourquoi ? Parce que le Christ a vaincu la mort et le diable, et les a enchaînés. Après le Christ, la mort a perdu son aiguillon et on peut plaisanter ensemble : elle aboie comme un chien attaché à une chaîne, qui parfois vous prend par surprise, peut vous faire peur, mais ne peut pas mordre. Le diable, pensant pouvoir enchaîner le Christ dans la mort sur la croix, s’est retrouvé à saisir Dieu lui-même. Et celui-ci est allé faire un tour aux enfers, brisant les portes de l’enfer et libérant les morts. Les morts d’Halloween reviennent pour nous rappeler que vivants et morts ne sont pas aussi loin que la culture aujourd’hui voudrait nous faire croire : "Tels que vous êtes vous, nous l’étions aussi ; et comme nous sommes nous, demain vous serez aussi ", continuent de nous dire les défunts.
Donc, si la fête d’Halloween, bien préparée avec ses lanternes de citrouille et ses fantômes qui frappent de porte en porte, est bien évangélisée, elle peut devenir une alliée culturelle puissante pour parler et célébrer la défaite du diable et de la mort, maintenant réduits à l’ombre d’eux-mêmes, moqués par les enfants. En fin de compte, tout le mérite revient à Celui qui a offert à tous la possibilité de la Sainteté, en rouvrant les portes du Paradis avec sa propre mort et Résurrection. Et puisse la mémoire des morts qui vivent parmi nous se doubler chez le chrétien de remerciements pour tant de frères saints au ciel, et dans la prière, pour tant de frères sur le chemin de purification pour parvenir au but.
Ne laissez pas les petits grandir sans prendre « confiance » dans la réalité des choses passées. Le paradis de Tous les Saints doit être vu dans la perspective du purgatoire, et de l’enfer aussi. Faisons confiance dans l’intelligence des plus petits et dans leur capacité à distinguer l’imaginaire, même un peu macabre – comme ils aiment – de la réalité. Et après les virées nocturnes, ne les tenons pas éloignés d’une visite au cimetière pour trouver leurs chers disparus, les vrais, ceux de la famille, qui reposent dans l’attente du réveil, non pour faire peur, mais pour se réjouir avec nous pour toujours.
Traduit de l’édition italienne d’Aleteia par Elisabeth de Lavigne