Que va-t-il se passer s’ils ne reviennent pas ?
Mgr Sako : Ils seront suspendus. Nous sommes des pasteurs et nous devons donner le bon exemple. Nous devons servir le troupeau.
Aujourd’hui, la Turquie a décidé d’intervenir plus directement, autorisant le passage des peshmergas kurdes tandis que la coalition internationale agit. Pensez-vous que ce soit la meilleure façon pour résoudre le problème de l’ISIS ?
Mgr Sako : Je ne pense pas. Bombarder ne règlera pas le problème. On entend des discours un peu décevants sur la prolongation des opérations militaires : on parle de deux à cinq ans. Ce qui signifie dire aux familles de réfugiés qu’ils ne peuvent rentrer chez eux et qu’ils doivent partir. C’est comme si on disait à l’ISIS "vous avez encore le temps". Il faudrait des opérations au sol, mais il faut également une stratégie pour démonter cette idéologie, et modifier les programmes d’enseignement religieux et d’histoire, parler plus ouvertement et de façon modérée de l’Islam. Ceci touche les musulmans : il faudrait effectuer une nouvelle lecture de l’Islam et chercher un message pour les gens d’aujourd’hui et un sens à leur vie. L’ISIS tue aussi les musulmans modérés, et un islam fermé n’a pas d’avenir. Nous avons plutôt besoin de travailler ensemble à un projet de citoyenneté dans lequel la religion est considérée comme un choix personnel. Pourquoi indiquer la religion sur la carte d’identité ? Aujourd’hui, nous sommes évalués en fonction de la religion, et les unes sont de série “a”, les autres de série “b”. Ce n’est pas juste. Sur ce point, nous avons déjà entamé un dialogue avec les autorités musulmanes. Le fondamentalisme est un danger pour les musulmans comme pour les chrétiens. Un défi pour tous.
Traduit de l’édition italienne d’Aleteia par Elisabeth de Lavigne