Comment communiquer l’Evangile de la famille dans le monde d’aujourd’hui ? En parlant clairement, avec franchise et écouter avec humilité, selon la méthodologie préconisée par le Pape François. La Troisième Assemblée générale extraordinaire du Synode de la famille, qui se prolongera jusqu’au 19 octobre au Vatican. Suivant cette ligne, ce mercredi s’est ouverte la troisième journée des travaux (Congrégation générale) avec la poursuite des débats et le témoignage d’un couple d’évangélisateurs aux Philippines.
L’Assemblée a débuté par une brève présentation du président délégué, le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines), qui a introduit le témoignage des époux, George Campos, directeur de Couples pour le Christ (Philippines) et Cynthia Campos, membre de ‘Couples pour le Christ’ (CFC) aux Philippines, présents au Synode en qualité d’auditeurs. George Campos, 47 ans est un agent de pastorale à temps complet, président et directeur d’un mouvement international catholique, ecclésial et laïc, réunissant des couples au service du Christ. Cynthia, sa femme, est volontaire dans la mission dans le même programme pastoral. Tous deux sont des professionnels, diplômés de l’université. ‘Couples pour le Christ’ (CFC) est l’une des 122 associations internationales de fidèles bénéficiant d’une reconnaissance officielle du Conseil pontifical pour les laïcs. Cette organisation d’évangélisateurs, née en 1981, œuvre aux Philippines, et dépend de la Conférence des évêques catholiques des Philippines. “Notre mission consiste en la construction de l’Eglise, du foyer et du service des pauvres ”, explique George Campos.
Une association présente dans 163 pays
Le renouveau de la vie de famille chrétienne et en plein essor en Asie, a rappelé le Pape François lors de son récent voyage en Corée. La communauté est justement composée par des ministères de la famille, d’aide sociale et d’un ministère pro-vie. Le modèle de cette communauté d’époux, de célibataires et d’enfants est présent dans le monde entier. Aux Philippines, l’association est présente aujourd’hui dans 81 provinces et a essaimé dans le monde, dans 163 pays. Elle est devenue une force majeure dans le renouveau de la vie familiale chrétienne.
C’est en 1990 que les époux Campos, 27 ans de mariage et quatre enfants, ont commencé à travailler au sein de CFC. “Nous nous sommes engagés à être une catéchèse vivante” en tant que "Famillle dans l’Esprit Saint en renouvelant la face de la Terre” a dit Cynthia devant un parterre de Pères synodaux. Cynthia était religieuse novice dans une congrégation contemplative quand, en pleine retraite spirituelle, un prêtre lui a conseillé : “Vous n’êtes pas faite pour la vie religieuse. Dieu vous donnera un mari et compagnon pour élever vos enfants ….Votre travail est à l’extérieur (du couvent). “Après ce rejet apparent du Seigneur, je suis retournée à l’école pour terminer mes études. Par ailleurs, George (son futur mari), était enfant de chœur dans le même couvent", se souvient-elle.
L’appel au bout de 25 ans
Après avoir travaillé pendant 25 ans dans une entreprise privée et réussi sur le plan professionnel, vient l’appel. “J’ai passé la première moitié de ma vie au service de cette compagnie et maintenant je veux passer la seconde moitié à servir le Seigneur” a-t-elle fait valoir au directeur de l’entreprise en donnant sa démission. A 46 ans, Cynthia a relevé un nouveau défi: “le service de l’Eglise en couple ”. Les époux Campos sont partis en mission ensemble au Vietnam, en Thaïlande et en Australie.
Une grossesse à risque
“A ma quatrième grossesse, on m’a diagnostiqué un diabète gestationnel associé à une pré-éclampsie. On m’a dit que, si je poursuivais la grossesse, ma vie était en danger et que mon fils avait de fortes chances de naître anormal ” a-t-elle confié à l’assemblée. “Nous avons décidé de garder le bébé et de suivre la volonté de Dieu. Avec la grâce de Dieu, nous avons toutes les deux survécu, et ma fille Christen est maintenant en bonne santé et débordante de vie ”.
Un cancer surmonté
Des tests multiples, mais elle se souvient des plus difficiles. En 1998, les médecins confirment qu’elle a un cancer du sein et ne lui donnent plus que six mois à vivre. “Nous avons quand même continué notre service, soutenus par les prières de ma famille et de notre communauté de CFC”. Ma prière était :’ Seigneur, d’un claquement de doigt, tu pourrais changer ma maladie. Il te suffit de le vouloir. Dieu a entendu nos prières, et maintenant je suis debout, avant une intervention médicale simple et une dose d’antibiotiques".
Que faisons-nous pour ceux qui sont seuls, sans soutien ?
Selon Cynthia, la formation et le soutien pastoral renforcent les familles même dans les défis quotidiens. Elle s’est alors interrogée : Mais, et ceux qui n’ont pas le privilège d’avoir un groupe de soutien? C’est pour ceci que “notre mission continue avec plus de passion encore”. Le service des époux Campos et de leur communauté (CFC) s’étend aussi aux célibataires, conjoints travaillant à l’étranger (immigrants), aux veuves et aux veufs, séparés, divorcés, entre autres groupes qui cherchent une relation avec l’Eglise.
Les Campos travaillent également avec les couples en situation irrégulière (Ndlr : c’est-à-dire sans le sacrement de l’Eglise). Leur ministère est inspiré par la conversation de Jésus avec la Samaritaine dans l’Evangile (Jn 4, 1-42). “Une charité pastorale renouvelée avec des formes novatrices d‘accompagnement’, allant de la formation à la spiritualité conjugale jusqu’à la participation inclusive à la vie de l’Eglise qui mène à la pleine communion ”. Et elle reconnaît que ce service requiert “promotion et promulgation” également pour les ministres ordonnés.
La fête du jour