DOCUMENT. Retrouvez le discours prononcé par la président de la Manif Pour Tous en conclusion de la manifestation du 5 octobre à Paris.
Comme une immense lame de fond, vous êtes le peuple qui se lève pour lancer un cri d’alarme : Que faisons-nous de notre humanité ? Que faisons-nous de l’homme et de la femme ? Que faisons-nous de l’enfant ?
Bravant les difficultés matérielles et économiques, vous êtes venus de tous les territoires de France et du monde entier. De toutes conditions, de toutes confessions, de toutes opinions politiques et philosophiques, vous êtes des femmes et des hommes libres, vous n’avez pas peur de faire éclater la carcan du « politiquement correct » et ce, en dépit des sempiternelles accusations qui ne visent qu’à nous faire taire, qui tiennent lieu d’arguments à nos opposants. Ces accusations d’autant plus répétées que plus personne n’y croit.Tous, vous êtes là pour l’abolition universelle de la GPA. Car il est encore temps d’agir. Notre civilisation s’est construite sur le respect des droits d’autrui. Or justement, les droits des uns s’arrêtent là où commencent ceux des autres, en l’occurrence ceux des femmes et ceux des enfants. Nous ne pouvons pas nous mentir : la gestation pour autrui est un esclavage. La conscience universelle dit que la vie humaine n’a pas de prix, que la seule valeur qu’elle a, est infinie. Or la GPA est un marché effrayant avec offres et demandes, concurrence, prix et garanties.
Et je pense naturellement à Gammy, cet enfant trisomique qu’un couple d’Australiens n’a plus voulu après l’avoir acheté. Mais sa mère a rompu ce contrat inhumain : elle ne l’a pas abandonné, elle l’a gardé, elle l’a sauvé. De ce marché où l’enfant est une chose, nous ne voulons pas, sous aucun prétexte, aucun motif. Le désir d’enfant ne justifie pas de le traiter comme une marchandise que l’on produit et que l’on vend. L’humanité a déjà connu ce type de marché dans l’histoire. Cela s’appelait l’esclavage. Depuis l’Antiquité, chaque époque a connu sa forme d’esclavage. La déclaration universelle des droits de l’Homme de 1946 l’a définitivement condamné. C’est la grandeur de notre civilisation d’y avoir mis fin.
Hélas, l’esclavage a resurgi sous une nouvelle forme, celle de la GPA. Mais nous ne pourrons pas dire : « nous ne savions pas », car nous savons. Et le nier, c’est être complice des agences qui l’organisent. Cependant les lignes bougent. De tous les bords politiques, de toutes les familles de pensées, des voix autorisées se sont élevées ces derniers mois pour condamner sans appel ce marché. Encourageons-les ! Des pétitions sont en cours : signons-les ! Car il est encore temps d’agir.
Avant-hier, le Premier ministre a déclaré que « la GPA est et sera interdite en France… (et) que le gouvernement exclut totalement d’autoriser la transcription automatique des actes étrangers, car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA. » Il a dit enfin que « La France entend promouvoir une initiative internationale sur la GPA. » M. Valls a enfin compris la nature même de la GPA, et de cela nous pouvons être fiers, car c’est votre détermination, votre courage à manifester
pacifiquement tant et tant de fois depuis deux ans qui l’ont fait comprendre à monsieur Valls ! Merci à vous tous de n’avoir rien lâché ! C’est une très grande victoire collective ! Mais, car il y a un mais, l’histoire n’est pas finie. Nous sommes ici pour que le Premier ministre passe de la parole aux actes,c’est-à-dire pour qu’il :
– retire la circulaire Taubira qui tolère de fait la GPA,
– ne mette pas en oeuvre l’injonction faite à la France par la Cour Européenne des droits de l’Homme d’inscrire à l’état civil la filiation, bidon en partie ou totalement, exigée par les clients de mère porteuse,
– dissuade tout citoyen français de recourir à une mère porteuse, à l’étranger comme en France,
– poursuive en justice les agences qui proposent des mères porteuses en France en fraudant la loi, en toute impunité jusqu’à ce jour.