Zafar Batthi a été assassiné en prison par un policier islamiste, sans même avoir été jugé.
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L’accusation de blasphème au Pakistan est devenue l’arme infaillible de toute personne désireuse d’évincer un non-musulman, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un chrétien. Asia Bibi, chrétienne condamnée à mort pour un prétendu « blasphème » en 2010 (cf. Aleteia), est actuellement le cas le plus emblématique du calvaire enduré par les minorités religieuses, totalement démunies face à la fameuse « Black Law » (loi anti-blasphème qui punit de la peine de mort toute offense faite à Mahomet), mais son cas est loin d’être isolé.
Zafar Batthi, pasteur protestant et fondateur de l’ONG « Jesus World Mission » (en charge de la défense des droits des minorités chrétiennes du pays), est une énième victime de l’impitoyable loi noire. Le début de l’affaire remonte à 2012, lorsqu’un chef islamique accuse l’homme d’avoir envoyé des SMS offensants à l’égard de la mère du prophète Mahomet. Une accusation qui le conduit tout droit à la prison de Rawalpindi, où il meurt assassiné par un agent de la prison, la veille de son procès, qui devait s’ouvrir ce 26 septembre.
Les avocats de l’ONG Claaas (“Center for legal aid assistance and settlement”) qui suivaient l’affaire s’étaient récemment déclarés confiants quant à l’issue du jugement. Mais c’était oublier la violence meurtrière des ennemis du pasteur. Comme l’a indiqué à Fides Cecil Shane Chaudhry, directeur exécutif de la Commission nationale Justice et Paix de la Conférence épiscopale indienne, Bhatti aurait reçu plusieurs menaces de mort en prison au cours de ces dernières semaines, tant de la part de co-détenus que de gardiens. L’agent de police qui a tué Bhatti a également blessé Muhammad Asghar, condamné à mort pour le même chef d’accusation.
Jusqu’à son arrestation, Zafar Batthi mettait à également profit son métier parallèle de vendeur de médicaments à domicile pour annoncer l’Evangile aux familles qu’il rencontrait, et prier avec eux. Des activités qui n’était pas du goût de certains de ses concitoyens. Selon la famille et les avocats de Batthi, quelqu’un se serait emparé du téléphone de ce dernier et aurait envoyé ces messages pour le faire condamner.
À l’annonce du décès du pasteur, Cecil Shane Chaudhry a fermement condamné « le geste terrible » de cet agent de police, rappelant à Fides qu’il « existe de nombreux autres accusés en prison, dans l’attente d’un jugement, qui sont innocents. Ils sont en danger du seul fait qu’ils sont victimes d’accusations de blasphème, accusations souvent fausses. Le gouvernement doit préserver leur vie. Nous demandons que le coupable soit présenté à la justice. »
Les condamnations pour blasphème sont en constante augmentation au Pakistan, pays champion du monde de l’emprisonnement de citoyens soupçonnés de porter atteinte à la religion. Au cours des derniers mois, outre le cas d’Asia Bibi, les affaires de Shafqat Emmanuel et Shagufta Kausar, le couple de chrétiens condamnés à mort pour un SMS blasphématoire, et du jeune Sawan Masih (cf. Aleteia) ont suscité une vague d’indignation internationale. L’Union européenne a mis en place des barrières douanières aux importations pakistanaises en 2013, dans le but de contraindre le pays à freiner ses condamnations à mort arbitraires.