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L’Ecosse à deux doigts de quitter le Royaume-Uni ?

sign welcoming motorists to Scotland – fr

AP

Greg DALY - publié le 12/09/14

Alors que le référendum approche, le compte à rebours a commencé et la pression monte dans les deux camps.

Avec des sondages d’opinion indiquant que le sort du Royaume-Uni se trouve désormais sur le fil du rasoir, les plus hauts responsables politiques britanniques des deux côtés de la frontière écossaise se sont lancés dans des tentatives de plus en plus désespérées pour sauver l’Union.

Ainsi, mercredi 10 septembre, l’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown a entamé une tournée en Ecosse, proposant une forme améliorée de « dévolution » si ses compatriotes écossais votaient contre l’indépendance. En quelques heures, le plan de Brown a reçu le soutien d’Ed Miliband et de David Cameron, ses successeurs respectivement à la tête du Parti travailliste et comme Premier ministre du Royaume-Uni. Le fait que Brown propose un “pot-de-vin’ aussi généreux, ironise Alex Salmond, Premier ministre de l’Ecosse, montre l’incertitude qui plane sur l’avenir de la Grande-Bretagne.

Il y a un mois, début août, un sondage YouGov accordait 22 points d’avance au camp du « non » – les partisans d’un maintien de l’Ecosse au sein de l’Union – sur les tenants de l’indépendance, le camp des « oui ». Mais le 2 septembre, un autre sondage YouGov montrait un net resserrement de l’écart, réduit à six points. Après le deuxième débat public entre Salmond et Alastair Darling, ancien chancelier de l’Échiquier de Brown et le début de la campagne publique du « non », un troisième sondage YouGov plaçait les indépendantistes, partisans du oui ,au coude-à-coude avec les partisans du non, les Unionistes, avec respectivement 51 et 49 des intentions de vote. Un autre institut de sondage plaçait les deux camps à égalité, tandis qu’un total des six derniers sondages montrait que même si le “non” était toujours en tête à 52-48, l’écart était très serré.
Cependant, selon un dernier sondage rendu public dans la soirée de mercredi, le “non” à l’indépendance repasse en tête, avec une assez confortable avance (47,6 % contre 42,4 %, et 10 % d’indécis). Le résultat du référendum est trop proche pour se prononcer, et tandis que les Ecossais plus âgés penchent pour le maintien au sein de l’Union et que les plus jeunes sont tentés par l’indépendance, tout pourrait dépendre de la participation, que certains observateurs estiment à 80% ou plus.

Sans donner de consignes de vote, les deux archevêques écossais, de Glasgow et Edimbourg, ont exhorté les catholiques d’Ecosse à voter ; Mgr Philip Tartaglia archevêque de Glasgow leur demandant de le faire « en toute liberté de choix et selon ce que, dans la prière, ils estimaient être le mieux pour l’avenir, en toute bonne conscience ». Leur rappelant le devoir de tout catholique de promouvoir la paix, de concourir au bien commun, et de promouvoir les droits humains et « valeurs morales fondées sur notre humanité commune », l’archevêque d’Edimbourg Leo Cushley a quant à lui exhorté ses ouailles à examiner les questions « à la lumière de l’enseignement social catholique » et à remplir leur « devoir civique » le jour du référendum.

Même si la hiérarchie s’est abstenue de prendre parti, la cause de l’indépendance est aujourd’hui plus populaire parmi les catholiques que tous les autres groupes religieux en Ecosse, selon le professeur Tom Devine, peut-être l’historien le plus éminent de l’Ecosse, et converti récent à la cause de l’indépendance, pour lequel l’Union n’a jamais été plus qu’un « mariage de raison ».
Pour Tom Devine, la stabilité de l’union entre les années 1750 et 1980 est principalement le résultat d’un ensemble de facteurs, lesquels « ont tous disparu ou été dilués massivement », laissant peu de chose dans l’union sauf «  sentiment, histoire et famille ». Parmi les facteurs qui ont concouru à maintenir l’Union, figure l’identité protestante de la Grande-Bretagne,  sur le déclin depuis des décennies.

Constatant combien l’opposition catholique à la “dévolution » des pouvoirs avait été l’une des principales raisons de la lourde défaite du « home rule » de l’Ecosse (projet d’autonomie interne) au référendum sur la dévolution en 1979, dans l’Ouest de l’Ecosse, Tom Devine déclare que, selon l’étude Scottish Social de 2012, il y a eu une « révolution silencieuse » parmi les catholiques d’Ecosse. Le professeur Devine attribue le désir des catholiques écossais d’aujourd’hui d’embrasser l’indépendance à une confiance accrue due à la « mort du sectarisme structurel et de la discrimination structurelle du marché du travail ».

Pour certains, Tom Devine est trop basé sur la situation des catholiques dans l’Ecosse moderne. George Galloway, ancien député de Glasgow, avait mis en garde contre un « croisement historique entre le nationalisme écossais et le ressentiment anti-irlandais-catholique-romain ». Mais tandis que Tom Devine a récusé les inquiétudes de George Galloway, qu’il jugeait “rhétoriques”, elles ont été reprises par des commentateurs plus respectables, tel John Haldane, professeur de philosophie à l’Université de St. Andrews et consulteur au Conseil Pontifical de la Culture.John Aldane a fait remarquer dans First Things que «tandis que les nationalistes traditionnels sont motivés par un sens de l’histoire passée de l’Ecosse comme pays indépendant, ceux de la gauche économique voient l’indépendance comme une occasion de créer un Etat socialiste, alors que les libéraux laïques progressistes envisagent une Ecosse indépendante comme la première personnification formelle d’une Europe post-religieuse.« Nulle part », a-t-il ajouté, cette vision n’est plus évidente que dans le débat entourant l’Eglise catholique ».
Il y a déjà quelque chose de profondément ironique dans la façon dont David Cameron, après avoir commencé par rejeter la proposition d’Alex Salmond d’un référendum incluant l’option d’une dévolution renforcée en faveur d’un simple bulletin « oui ou non », s’est vu contraint de transformer le « non » en la “Devo Max” (dévolution maximum) que Salmond avait initialement voulu afin de conjurer le « oui » qui, voici un mois encore, semblait inimaginable.

Il serait doublement ironique si, en soutenant une Ecosse indépendante, les catholiques écossais allaient porter au pouvoir les mêmes forces qui les verraient être réduits à une petite note en bas de page dans l’histoire de l’Écosse.

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