Sa conclusion est naturelle quand le dilemme est abordé d’un point de vue logique, en utilisant les informations disponibles, avec une mentalité objective et (fondamentalement) sous un angle non religieux. Il y a 18 mois, j’aurais été d’accord. Mais l’arrivée de ma fille, qui nous a surpris car elle souffre de trisomie 21, a fait briller une lumière sur l’abîme de notre ignorance, sans parler des idées préconçues inexactes sous-jacentes. En relisant le point de vue du professeur, je suis horrifié, maintenant, de penser à ce que moi-même j’aurais pu faire si la maladie [de ma fille] avait été diagnostiquée pendant la grossesse [de ma femme]. Ce que je sais, c’est combien nos vies sont pleines maintenant que nous avons les yeux ouverts. Plus que ça : je suis stupéfait de voir que tout continue à être tout à fait normal, à la fois pour nous et pour les autres familles que j’ai rencontrées. Sans le savoir, notre bébé nous a enseigné les plus incroyables leçons de notre vie, jusqu’à présent. Et nous ne changerions littéralement rien à notre fille, en particulier son profil génétique. Ce qui, en revanche, a complètement changé ont été mes idées sur ce que signifie réussir dans la vie et ce que je souhaiterais pour tous nos enfants.
J’arrive toujours à la même conclusion : ce qui importe, en définitive, c’est le bonheur, la joie, et je sais que Rosie aura tout cela en abondance. Grâce à elle, je crois que nous sommes mieux en mesure de contribuer à la réussite de sa sœur et de son petit frère, maintenant que nous sommes libérés de l’idée que le succès dans la vie dépend de la réussite scolaire, de la carrière et de l’argent. Beaucoup de ces choses peuvent conduire une personne à un fiasco, même si ses parents louent le «travail bien fait ».
James McCallum, le père éclairé et fier de Rosie, remet donc en question le point central de la proposition eugénique de Dawkins pour “solutionner” l’existence d’enfants déficients : « Devrions-nous éliminer les futurs êtres humains qui ne correspondent pas à l’idée de perfection du professeur, simplement parce que nous pouvons les éliminer? Si vous n’obtenez pas le bébé parfait, essayez, essayez à nouveau ? J’aimerais savoir qui aura le dernier mot sur ce que devrait être le bébé parfait. Paradoxalement, Dawkins veut commencer à agir comme l’Etre que, le plus souvent, il écarte : Dieu.
Proposer la supériorité génétique comme l’unique mode de sélection ne fera que montrer la monstruosité du malentendu qui sous-tend l’opinion du Professeur. Il ignore la vie délicieuse, heureuse et féconde des personnes atteintes du syndrome de Dawn, et ignore les bienfaits que le fait de les accepter procure à tous ceux qui vivent à leurs côtés ». Le monde est un bien meilleur endroit grâce à la bonté et à la joie que les personnes trisomiques procurent aux autres. Le professeur Dawkins ne perçoit peut-être pas leur valeur maintenant, mais la comprendra quand il se trouvera face à son Créateur méprisé et méconnu. Jusque-là, il a besoin de nos prières sincères pour obtenir sa miséricorde.
Traduit de l’espagnol par Elisabeth de Lavigne