Attention, danger : l'usage de cannabis est en train de se banaliser. Le Dr Kathleen M. Berchelmann revient pour Aleteia sur les (nombreuses) raisons de s'opposer à sa légalisation.
Quelque chose a changé au cours des cinq dernières années : l’herbe (ou marijuana, cannabis, haschich…) n’est plus vraiment considérée comme une drogue de rue par mes patients. La consommation de marijuana n’est plus quelque chose que l’on cherche à nier ou à cacher. De plus en plus fréquemment, mes patients adolescents discutent ouvertement de leur consommation de marijuana devant leurs parents. Si certains nient catégoriquement la consommation d’alcool, ils n’hésitent plus à dire qu’ils prennent régulièrement de la marijuana.
Il y a quelques années, ce n’était pas vrai. Dès que je parlais de tests de dépistage de drogues, mes patients devenaient nerveux, avouant souvent qu’ils consommaient de la marijuana avant les résultats des tests et me suppliant de de rien dire à leurs parents. Mes patients considèrent maintenant la marijuana comme une drogue, une drogue médicale. Ils disent à leurs parents à quel point la drogue les aide à vaincre leur dépression ou angoisse. Et je leur dis que je les crois. La marijuana les aide probablement à se sentir mieux. Je leur dis aussi que nous avons d’autres médicaments pour traiter la dépression, l’anxiété et la douleur, des médicaments qui sont mieux réglementés, dont les profils/risques sont mieux compris, avec des concentrations et des doses standard.
La nicotine, aussi, est un stimulant qui peut améliorer les symptômes du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Pour autant, nous ne recommandons pas le fait de fumer comme un traitement du TDAH. Nous avons de meilleurs médicaments pour cela aussi. Aix USA, la marijuana à usage récréatif perd son côté tabou maintenant qu’elle est légale dans les Etats de Washington et de Colorado et que 16 États plus le District de Columbia ont dépénalisé la possession de marijuana pour usage personnel. J’ai passé un été au collège à faire des recherches sur les cannabinoïdes, au NIH ((National Institute of Health), en essayant de comprendre les effets de la marijuana sur le cerveau. Je suis la première à admettre que les cannabinoïdes sont une classe prometteuse de drogues. Mais la marijuana est et demeure une drogue, et son usage récréatif doit être tabou. Voici pourquoi…
1) Est-elle synthétique ?
Un patient a été admis dans mon service des urgences alors qu’il tenait des propos hallucinants au sujet d’un très fort mal de ventre. Il m’a montré sa « marijuana », un tas de feuilles roulées en joint. Ensuite son test de dépistage s’est avéré négatif. C’était de la marijuana synthétique, un bouquet d’herbes traitées avec un produit chimique inconnu. La marijuana synthétique contient souvent des produits chimiques fabriqués en laboratoire qui ont le même effet que le THC, l’ingrédient psychoactif de la marijuana. Mais parfois, le produit est effectivement truffé de sels de bain ou d’autres drogues de rue. Je ne sais jamais vraiment ce que mes patients ont pris, ce qui rend difficile pour moi de les traiter.
2) Combien de THC y a-t-il dans ce bonbon ?
Mon enfant de 4 ans a vu des brownies vendus sur la plage et m’a supplié de lui en acheter. Le garçon qui les vendait m’a regardé droit dans les yeux et a secoué la tête. J’ai entendu son message. Les brownies, cookies, et autres bonbons durs contenant de la marijuana sont maintenant courants. Le problème est que vous ne savez pas combien de THC il y a dans ces friandises. Certaines contiennent des concentrations beaucoup plus élevées qu’un joint ; et qui peut se limiter à un seul bonbon? Le résultat est un effet d’overdose qui peut vous conduire aux urgences. Le Dr Dan Hehir, un médecin des urgences au Centre médical de Telluride dans le Colorado, rm’a raconté bien des histoires d’overdoses de marijuana récréative, en particulier dans les pâtisseries et les bonbons.