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7 raisons de continuer à interdire la marijuana

CANADA, Smiths Falls : TO GO WITH AFP STORY CANADA-POLITICS-HEALTH-DRUGS-MARIJUANA BY MICHEL COMTE
Tweed Inc. workers tend to medical marijuana plants at a new commercial operation set up inside a former Hershey's chocolate factory in Smiths Falls, Ontario, an hour's drive from Canada's capital Ottawa, on February 4, 2014. AFP PHOTO/MICHEL COMTE

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Kathleen M. Berchelmann - publié le 01/09/14
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Attention, danger : l’usage de cannabis est en train de se banaliser. Le Dr Kathleen M. Berchelmann revient pour Aleteia sur les (nombreuses) raisons de s’opposer à sa légalisation.
Quelque chose a changé au cours des cinq dernières années : l’herbe (ou marijuana, cannabis, haschich…) n’est plus  vraiment considérée comme une drogue de rue par mes patients. La consommation de marijuana n’est plus quelque chose que l’on cherche à nier ou à cacher. De plus en plus fréquemment, mes patients adolescents discutent ouvertement de leur consommation de marijuana devant leurs parents. Si certains nient catégoriquement la consommation d’alcool, ils n’hésitent plus à dire qu’ils  prennent régulièrement de la marijuana.

Il y a quelques années, ce n’était pas vrai. Dès que  je parlais de tests de dépistage de drogues, mes patients devenaient nerveux, avouant souvent qu’ils consommaient de la marijuana avant les résultats des tests et me suppliant de de rien dire à leurs parents. Mes patients considèrent maintenant la marijuana comme une drogue, une drogue médicale. Ils disent à leurs parents à quel point la drogue les aide à vaincre leur dépression ou angoisse. Et je leur dis que je les crois. La marijuana les aide  probablement à se sentir mieux. Je leur dis aussi que nous avons d’autres médicaments pour traiter la dépression, l’anxiété et la douleur, des médicaments qui sont mieux réglementés, dont  les profils/risques sont mieux compris, avec des concentrations et des doses standard. 

La nicotine, aussi, est un stimulant qui peut améliorer les symptômes du trouble du  déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Pour autant, nous ne recommandons pas le fait de fumer comme un traitement du TDAH. Nous avons de meilleurs médicaments pour cela aussi. Aix USA, la marijuana à usage récréatif perd son côté tabou maintenant qu’elle est légale dans les Etats de Washington et de Colorado et que 16 États plus le District de Columbia ont dépénalisé la possession de marijuana pour usage personnel. J’ai passé un été au collège à faire des recherches sur les cannabinoïdes, au NIH ((National Institute of Health), en essayant de comprendre les effets de la marijuana sur le cerveau. Je suis la première à admettre que les cannabinoïdes sont une classe prometteuse de drogues. Mais la marijuana est et demeure une drogue, et son usage récréatif doit être tabou. Voici pourquoi…

1) Est-elle synthétique ?  
Un patient a été admis dans mon service des urgences alors qu’il tenait des propos hallucinants au sujet d’un très fort mal de ventre. Il m’a montré sa « marijuana », un tas de feuilles roulées en joint. Ensuite son test de dépistage s’est avéré négatif. C’était de la marijuana synthétique, un bouquet d’herbes traitées avec un produit chimique inconnu. La marijuana synthétique contient souvent des produits chimiques  fabriqués en laboratoire  qui ont le même effet que le THC, l’ingrédient psychoactif de la marijuana. Mais parfois, le produit est effectivement truffé de sels de bain ou d’autres drogues de rue. Je ne sais jamais vraiment ce que mes patients ont pris, ce qui rend difficile pour moi de les traiter. 

2) Combien de THC y  a-t-il dans ce bonbon ? 
Mon enfant de 4 ans a vu des brownies vendus sur la plage et m’a supplié de lui en acheter. Le garçon qui les vendait  m’a regardé droit dans les yeux et a secoué la tête. J’ai entendu son message. Les brownies, cookies, et  autres bonbons durs contenant de la marijuana sont maintenant courants. Le problème est que vous ne savez pas combien de THC il y a dans ces friandises. Certaines contiennent des concentrations beaucoup plus élevées qu’un joint ; et qui peut se limiter à un seul bonbon? Le résultat est un effet d’overdose qui peut vous conduire aux urgences. Le Dr Dan Hehir, un médecin des urgences au Centre médical de Telluride dans le Colorado, rm’a raconté bien des histoires d’overdoses de marijuana récréative, en particulier dans les pâtisseries et les bonbons.

3) Avez-vous pensé à la stérilité ?
La consommation de marijuana contribue à la baisse de la fertilité chez l’homme et la femme (mais non, la marijuana n’est pas une forme de contrôle des naissances). L’anandamide est un « cannabinoïde endogène », une sorte de THC – chimique  produit naturellement par le corps. L’anandamide participe aussi à la conception humaine, envoyant des signaux au sperme, qui se montre hyperactif, ou commence à se mouvoir trop vite et trop tôt pour arriver à atteindre l’ovule et donc à féconder celui-ci. (L’anandamide est aussi présent dans le chocolat, peut-être est-ce une des raisons qui font que les gens associent souvent les mots « sexe » et «chocolat » dans la même phrase). La consommation de marijuana affecte aussi la production de sperme. Chez les femmes qui prennent de la marijuana, le THC se love dans les fluides cervicaux, occasionnant une hyperactivation de spermatozoïdes et réduisant la probabilité de la conception.  

4) Des troubles de la mémoire
C’est vrai, la  consommation de marijuana altère la mémoire, une aptitude essentielle pour la réussite scolaire (et pour le mariage, aussi). La perte de la mémoire est, la plupart du temps, subtile, juste assez pour entraîner une baisse des niveaux scolaires, mais il arrive aussi que la perte de mémoire soit plus profonde. La presse a fait état le mois dernier d’un patient chez lequel la marijuana avait provoqué transitoirement une amnésie totale.  

5) Et de la paranoïa
La marijuana peut rendre paranoïaque, en particulier les patients affectés d’une maladie mentale sous-jacente. Ainsi, dans le cadre d’une étude publiée en juillet 2014, du THC a été administré par voie intraveineuse à 121 patients. Les auteurs commentent : « Le THC a augmenté de façon significative la paranoïa,  l’affect négatif (anxiété, inquiétude, dépression, pensées négatives sur soi), et une variété d’expériences anormales, et a diminué aussi la capacité de mémoire au travail ».  

6) Des infections en série
Du muguet buccal, ou infection à levures des muqueuses de la bouche, peut résulter d’une consommation chronique de marijuana. Des taches blanches apparaissent alors à l’intérieur de la bouche et sur la langue.  

7)  Nous ne comprenons pas vraiment la plupart des risques de la marijuana.
C’est peut-être le plus gros problème avec la marijuana : il est vraiment difficile de l’étudier. Et vous voulez prendre une drogue si peu documentée ? La recherche sur la marijuana est difficile parce qu’elle est illégale dans la plupart des Etats. Il existe des associations possibles avec certaines formes de cancer. Mais comme la plupart des utilisateurs de marijuana sont également des utilisateurs de
tabac, il est difficile de déterminer les effets de la marijuana seule.  Peut-être est-elle liée à une maladie pulmonaire, en particulier chez les gens qui ont longtemps fumé de la marijuana. Ses effets de dépendance sont peut-être les plus controversés. Le vrai problème, c’est que nous ne comprenons pas cette drogue comme la plupart des produits pharmaceutiques.  Tabou ou pas, mes patients prennent de la marijuana parce qu’ils sont désespérés. Désespérés de ne pouvoir atténuer les douleurs de stress, l’anxiété, la dépression et les difficultés de la vie. La légalisation de la marijuana à usage récréatif ne constituerait en rien une  solution à ces maux.

Kathleen M. Berchelmann, MD, est professeur adjoint de pédiatrie à l’Université de Washington School of Medicine à St. Louis, et e mère de cinq jeunes enfants.  

Traduit de l’édition anglaise d’Aleteia par Elisabeth de Lavigne

 

 

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