Lors du vol retour entre Séoul et Rome, le Saint Père a répondu franchement et longuement aux dizaines de journalistes présents à bord.
Lors du vol de retour de Corée du Sud, le Pape François a répondu aux questions des journalistes, comme il l’avait promis à l’aller, évoquant des questions directement liées à son voyage, mais aussi les grands sujets internationaux ou d’autres questions touchant à son style d’exercice de la papauté.
1- Irak : « il est licite d’arrêter l’agresseur »
Le Pape François a précisé la position du Saint-Siège sur l’intervention en Irak. « Je peux dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur. Je souligne le verbe : arrêter, je ne dis pas bombarder. Nous devons avoir de la mémoire, n’est-ce pas ? Tant de fois sous cette excuse les puissances se sont emparées des peuples et ont fait une vraie guerre de conquête ! », s’est exclamé le Pape, dans une allusion implicite notamment à l’intervention américaine de 2003 en Irak, à laquelle le Pape Jean-Paul II s’était opposé avec fermeté. « Une seule nation ne peut pas décider comment arrêter cela », a rappelé le Pape en insistant sur l’importance du rôle des Nations Unies pour décider d’une réponse collective pour arrêter « l’agresseur injuste ».
Il a aussi insisté sur l’urgence d’une aide à apporter à toutes les personnes en situation d’exode en Irak, et pas seulement les chrétiens. « On me parle des chrétiens, pauvres chrétiens, c’est vrai, il y a tant de martyrs. Mais il y a des hommes et des femmes, des minorités religieuses, pas toutes chrétiennes, et toutes sont égales. »
Il n’a pas démenti le projet d’une visite apostolique en Irak, bien qu’elle pose d’évidents problèmes logistiques et diplomatiques. « Nous avons dit, si c’est nécessaire, quand nous revenons de Corée, nous pouvons aller là. C’est une des possibilités. En ce moment ce n’est pas la meilleure chose à faire, mais je suis disposé à cela. »
2- « La prière pour la Terre Sainte n’a pas été un échec »
Interpellé sur la prière du 8 juin qui avait réuni le président israélien Shimon Peres et le président palestinien Mahmoud Abbas au Vatican, suivie à peine un mois plus tard d’une guerre dans la Bande de Gaza, François a répondu que « cette prière pour la paix n’a absolument pas été un échec. Premièrement, l’initiative n’est pas venue de moi, l’initiative de prier ensemble est venue des deux présidents d’Israël et de Palestine. Après cela, est arrivé ce qui est arrivé. Mais ceci est conjoncturel. Cette rencontre n’était pas conjoncturelle. C’est une dimension fondamentale de l’attitude humaine, la prière. Maintenant la fumée des bombes, de la guerre ne laisse pas voir la porte, mais la porte reste ouverte. Et je crois en Dieu, je crois que le Seigneur regarde cette porte et tous ceux qui prient et demandent qu’Il nous aide. »
3- « La torture est un péché mortel »
À l’évocation de sa rencontre avec les femmes de réconfort, ces femmes coréennes contraintes de se prostituer par les occupants japonais durant la Seconde guerre mondiale, François est revenu sur les actes de cruauté rapportés dans les conflits contemporains. « Nous devons nous arrêter et penser un peu au niveau de cruauté auquel nous sommes arrivés. Le niveau de cruauté de l’humanité en ce moment, est un peu effrayant.», s’est attristé François, qui s’est aussi élevé contre la pratique de la torture. « Aujourd’hui la torture est un des moyens quasiment, je dirais, "ordinaires" dans les comportements des services secrets, des processus judiciaires. Mais la torture est un péché contre l’humanité, et aux catholiques je dis : torturer une personne est un péché mortel, un péché grave ! »
4- « J’aime le peuple chinois »
Concernant les relations du Saint-Siège avec la République populaire de Chine, François a appelé à relire la lettre envoyée aux Chinois par le Pape Benoît XVI en 2007. «Cette lettre aujourd’hui est actuelle, fondamentale, ça fait du bien de la lire.» Sur la question des relations diplomatiques, « Le Saint-Siège est ouvert aux contacts. Toujours parce que j’ai une véritable estime pour le peuple chinois. » Le Pape a aussi fait allusion au jésuite italien Matteo Ricci, une figure du XVIe siècle qui fait consensus, estimée par les autorités de la République populaire de Chine en raison de sa profonde connaissance et de son respect de la culture chinoise.