La visite du Pape en Corée du Sud constitue également un appel au rassemblement et à l’unité entre chrétiens, dans un pays où les catholiques sont nettement minoritaires.
Le Pape s’envole mercredi pour l’Asie. La Corée du Sud est un des pays d’Asie orientale où le christianisme est le plus dynamique. Les chrétiens y représentent environ un tiers de la population. Les catholiques sont, eux, à peu près 10% de la population totale.
Le Pape François visite donc un pays où les catholiques sont doublement minoritaires, par rapport à l’ensemble des habitants, mais aussi par rapport aux chrétiens. Comment les protestants sud-coréens perçoivent-ils ce voyage ? Radio Vatican a interrogéHyonou Paik, Sud-Coréen, pasteur de l’Eglise Réformée dans le canton suisse de Neuchâtel. Très actif sur le plan œcuménique, il a confié à Gabriele Palasciano ses attentes envers le voyage du Pape François dans son pays :
“La visite du Pape aura lieu à l’occasion du 8ème rassemblement pour la jeunesse en Asie. On attendra ainsi un message d’espoir. Mais un message du Pape encourageant les jeunes à participer de manière critique à l’humanisation de la société et de son économie serait bienvenu. On attendra du Pape un rappel du rôle prophétique de l’Eglise dans le monde”, a-t-il déclaré, rappelant la position encore difficile des chrétiens au sein de la société coréenne.
Interrogé sur la façon dont le Saint-Père était perçu par la communauté protestante de Corée du Sud, le pasteur évoque la “rupture radicale” à l’intérieur des églises protestantes, au sujet de l’oecuménisme précisément. D’après lui, l’engagement fort pour le dialogue oecuménique concerne principalement les églises très impliquées dans les questions de justice sociale, tandis que la diabolisation par certaines églises des idées communistes et socialistes entraînerait un refus de ce dialogue. La perception du pape François de la part des protestants coréens se trouverait par conséquent influencée par ses facteurs.
“Malheureusement les dialogues oecuméniques notamment entre les protestants et les catholiques sont assez timides parce que les églises coréennes, notamment de la famille protestante, ont connu une séparation assez douloureuse dans les années 60 à cause de cette question oecuménique, précise Hyonou Paik. C’était à l’époque davantage une question de division que de rassemblement. Il y a donc une grande partie des églises qui refusent tout dialogue pour l’unité et la réconciliation entre les églises. Malgré tout cela, de plus en plus de voix s’élèvent pour qu’il y ait un vrai dialogue et une vraie reconnaissance mutuelle entre les églises séparées. Hélas, ce dialogue s’opère toujours au niveau des dirigeants et des engagés (théologiens ou hauts responsables d’église), en ce sens que les fidèles sont souvent peu informés de ces mouvements”.