« La proposition faite par le gouvernement français d’accueil des chrétiens irakiens procède sans doute d’un bon sentiment mais génère en réalité une aggravation de leur situation, explique Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Eglise en Détresse en France. Cette annonce désigne les chrétiens irakiens comme étant liés à l’Occident, une cinquième colonne en quelque sorte, et les expose ainsi à une pression supplémentaire. Cela conforte l’objectif de l’EI (Etat Islamiste) qui est de se débarrasser des chrétiens dans la région. Il aurait fallu procéder autrement et déjà en prenant contact avec les responsables de l’Eglise sur place ! »
Une réaction qui fait écho à celle du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, actuellement en Irak où il conduit une délégation de la Conférence des évêques de France accompagné par Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes et Mgr Gollnisch, directeur de l’Oeuvre d’Orient : « C’est à la fois quelque chose de bon et de généreux de la part de la France, et de difficile car on va aggraver l’exode et la situation. » Et de préciser : « Il vaut mieux partir que de se faire tuer évidemment, mais le but n’est pas que tout le monde parte, c’est qu’on arrive à rester et à continuer à vivre ensemble ». Le prélat a en effet invité le 29 juillet dernier les chrétiens menacés par l’Etat islamique à rester dans le pays. Il a par ailleurs rappelé que les chrétiens avaient développé depuis des siècles « un art de vivre ensemble qui est aussi une grande richesse pour l’humanité ».
Sa Béatitude Mgr Louis Raphaël Ier Sako, patriarche des chaldéens a quant à lui réaffirmé avec force dans son homélie du 28 juillet en l’église St Joseph à Erbil la place des chrétiens en Irak : « Les chrétiens sont des citoyens réels, comme leurs frères musulmans. Personne n’a de droit sur eux. Avec leur mentalité ouverte et leur participation aux institutions, ils ont donné beaucoup à l’Irak et aux musulmans. Je vous appelle à rester forts malgré toutes vos souffrances. Vous resterez forts et vous planterez l’espoir, la solidarité dans la confiance et le courage. Jonas a été avalé par la baleine, et en est sorti sain et sauf. Comme lui, Mossoul (Ninive) sortira saine et sauve de ce conflit. »
La fête du jour