Trois ans après la chute de Kadhafi, la Libye est un champ de bataille « hors de contrôle »… comme les immenses réservoirs de carburant en feu qui menacent d’exploser à Tripoli.
Deux gigantesques incendies de réservoirs de carburant menacent Tripoli. Non pas des incendies accidentels, mais directement liés aux affrontements entre milices rivales dans la capitale. Touché par une roquette, le premier – qui contient six millions de litres de carburant- est en feu depuis dimanche, le second -dix millions de litres- a pris feu lundi. Et les « autorités » -si ce terme a encore un sens en Libye- jugent désormais la situation « hors de contrôle », « à tel point que les pompiers ont quitté le site… » rapporte France Info. « Ce site de stockage de dérivés de pétrole contient au total plus de 90 millions de litres de carburant en plus d’un réservoir de gaz naturel », précise Le Nouvel Observateur.
L’explosion de l’ensemble pourrait dévaster une zone d’un rayon de près de 5 kilomètres ! Une situation jugée « très dangereuse » par le gouvernement libyen qui évoque « une catastrophe humaine et environnementales dont les conséquences sont difficiles à prévoir ».
Les combats qui se concentrent sur la route de l’aéroport ont fait une centaine de morts et quatre fois plus de blessés. Les habitants fuient.
A la suite des Etats-Unis, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, la France a demandé à ses ressortissants de quitter le pays. Après la « brillante » intervention de l’OTAN menée par la France en août 2011 (intervention dont beaucoup -y compris à Aleteia- avait fortement contesté l’opportunité), voici le pays livré au chaos : le seul départ précipité des ressortissants philippins prive le pays de 3.000 médecins et infirmiers.
« Le gouvernement libyen a demandé une aide à plusieurs pays, qui ont annoncé leur disposition à envoyer des Canadairs, ajoute le Nouvel Observateur. Mais des pays comme l’Italie ou la Grèce ont posé comme condition l’arrêt des combats entre milices rivales, a déploré M. al-Hrari" (le porte parole de la compagnie d’Etat pétrolière). » C’est pourtant bien le moins ! Mais les autorités elles-mêmes évoquent « l’effondrement de l’Etat ».
Cette catastrophe est l’effet d’affrontements démentiels entre des islamistes alliés à d’ex-rebelles de la ville de Misrata (200 km à l’est de Tripoli) qui tentent de chasser de l’aéroport leurs anciens compagnons d’armes venus de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), ces derniers étant qualifiés de « libéraux » ou de « modérés » par les médias occidentaux (tout est relatif !). « La Libye est entrée dans un conflit d’autant plus menaçant qu’il présente des dimensions multiples, mélangeant facteurs locaux et internationaux » constate Le Monde.