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Faire de la théologie parce que nous sommes des hommes !”

revue Communio

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 revue Communio

Cahiers Libres - publié le 19/07/14

Les Cahiers Libres ont interviewé Lauren Bergier-Butler, de la revue Communio, à quelques semaines de la session 2014 de son séminaire d'été.

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Lauren Bergier-Butler, avec votre mari vous collaborez actuellement à la préparation du Séminaire d’Été Communio pour les jeunes universitaires chrétiens. La Revue Communio qui organise ce séminaire est une aventure qui a commencé en 1974. Quelle est son intuition ?
Lauren Bergier-Butler : La revue Communio a été fondée dans le sillage du Concile, pendant la crise qui continue encore aujourd’hui. L’idée est née lors d’un dîner entre théologiens de la Commission internationale de théologie, dont Henri de Lubac, Joseph Ratzinger, et Louis Bouyer, en 1971 à Rome. Hans Urs von Balthasar, qui a fondé la revue, avait la conviction intime que seule une communion de cœurs « fondée et nourrie par l’amour de Dieu manifesté et donné en Jésus-Christ », permettrait aux théologiens de bien entreprendre la réception du Concile. Un projet international, Communio a pour finalité d’aider la théologie catholique dans sa tâche d’universalité—c’est-à-dire, de s’adresser à tout homme de bonne volonté—dans la fidélité au Christ et à son Église. Ce sont les deux sens du mot « catholique », qui doivent toujours rester unis. Communio a été conçu pour être un lieu de dialogue entre l’Église et le monde dans la vérité, ce qui veut dire aussi dans l’amour, dans la bienveillance. Il est vite devenu évident, par la nature même de la crise, qu’il fallait des intellectuels des autres disciplines pour appuyer les théologiens dans leur tâche.

L’édition allemande commença de paraître en 1972. L’édition francophone, fondée en 1975, a été plus particulièrement le fruit de l’amitié entre un groupe de (très) jeunes intellectuels : Rémi Brague, Jean Duchesne, Jean-Luc Marion et leurs épouses, le père Jean-Robert Armogathe. Le père de Lubac les a accompagnés dans la fondation. Je pense que nous pouvons maintenant constater la très grande fécondité intellectuelle de ce groupe d’amis et plus largement de leur revue. Ils ont réussi à poser des repères pour notre génération d’enseignants et de chercheurs. Les fruits de cette œuvre ont été bons, même très bons !
Pour en savoir plus sur la fondation, je peux vous indiquer deux documents disponibles sur Internet, le premier numéro de Communio et plus particulièrement l’article de Balthasar intitulée « le Programme », ainsi qu’un article sur la fondation de la revue en France.

Communio est l’un des foyers de réflexion où se sont rencontrés des grands noms de la philosophie et de la théologie. Quel rapide état des lieux sur le monde intellectuel catholique pouvez-vous faire ?
Lauren Bergier-Butler : Il serait difficile de faire un état des lieux du monde intellectuel catholique, car il ne vit pas séparément, Dieu merci, du monde intellectuel en général ! C’est pour cela que la crise de l’université touche aussi les universitaires chrétiens, dans leur travail et leur formation. Le mot université renvoie à l’intégration des savoirs. À l’origine il s’agit d’un lieu de dialogue entre personnes pour avancer dans la compréhension du monde intelligible. Aujourd’hui, l’université est (de)tournée vers le développement et la transmission d’un savoir technique, dans un contexte où tous les lieux de dialogue semblent coupés. Il y a une crise relationnelle qui est liée à une crise de transmission, car notre génération, en général, n’a reçu aucune vision intégrée des savoirs, juste l’opinion qu’une telle vision est impossible. Il est difficile de faire abstraction de cette opinion générale.
La revue Communio a, depuis quarante ans, déjà couvert énormément de terrain en se servant généreusement des écrits patristiques afin d’entreprendre cette réintégration des savoirs en dialogue avec le monde d’aujourd’hui. Elle a aussi été très investie dans la traduction et donc la transmission des écrits des pères de l’Orient et de l’Occident. Les universitaires chrétiens ont le grand avantage de croire que nous pouvons toujours avancer ensemble dans l’intelligibilité du monde.

Quels enjeux y a-t-il pour des jeunes universitaires chrétiens à étudier la théologie ?
Lauren Bergier-Butler : Nous, jeunes intellectuels catholiques, avons une grande responsabilité vis à vis de nos contemporains. Nous devons témoigner que la vérité se livre aux humbles et nous devons maintenir les lieux de dialogue restants et en créer des nouveaux. Les échecs évidents du socialisme et du capitalisme ont beaucoup marqué notre génération. Il faut nous former maintenant pour mieux indiquer la sortie des carcans idéologiques dont nous avons hérité.
Nous avons intérêt à faire de la théologie non parce que nous sommes des chrétiens, mais parce que nous sommes des hommes !
Quant à la théologie : Nous avons intérêt à faire de la théologie non parce que nous sommes des chrétiens, mais parce que nous sommes des hommes ! Il est encore tentant aujourd’hui de tout justifier par les enjeux politiques, de tout soumettre à l’actualité. Il y a l’actualité des journaux, du monde, et il y a l’actualité de l’Esprit Saint. Le travail du chrétien est de permettre à l’Esprit Saint d’exploser sur la scène du monde, selon son bon plaisir. Il faut inverser nos habitudes de pensée. Le père Armogathe nous a dit pendant le séminaire de l’été dernier que la théologie ne pouvait pas être d’abord ce qui peut être dit de Dieu, comme un savoir qui prétendrait le dominer ; une théologie digne de ce mot ne peut être que ce que Dieu nous dit sur lui-même. La pensée humaine n’est pas première.

Pour mener les chrétiens à une pensée vivante, vous organisez donc un Séminaire d’Été. En quoi cela consistera-t-il ?
Lauren Bergier-Butler : Ce Séminaire d’Été est une occasion de se former qui est née de la coïncidence entre deux désirs : les fondateurs de la revue francophone veulent transmettre ce qu’ils ont reçu et nous, jeunes universitaires et lecteurs de la revue, savons que nous avons besoin d’être formés. Dans ce but, nous nous sommes retrouvés l’année dernière et nous nous retrouverons encore cette année pendant quelques jours, dans un prieuré, pour prier et étudier. Cette démarche rappelle la fondation de la Revue en France, car le groupe d’amis qui a fondé la revue se retrouvait pour étudier dans une abbaye normande, où ils étaient accompagnés par le père Louis Bouyer.

Cette année, Rémi Brague nous guidera dans la lecture d’une œuvre clé de Balthasar. Nous ferons cette lecture sous la forme d’un dialogue autour du texte et chaque personne préparera un thème au profit des autres, pour permettre une plus grande fécondité intellectuelle. Le Séminaire se déroulera au Prieuré de la Cotellerie, en Mayenne, du 19 au 22 août. [Au 18 juillet, il restait encore 3 ou 4 places] Ceux qui sont intéressés peuvent m’envoyer un courriel pour s’inscrire ou pour que je les mette dans la liste de diffusion pour des rencontres que nous faisons pendant l’année et, s’il est reconduit, pour le séminaire de l’année prochaine.

Article initialement paru dans les Cahiers libres

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