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BD : “Jeanne la pucelle”, un Ovni signé Hadjadj & Cellier

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Sylvain Dorient - publié le 02/07/14
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Le philosophe Fabrice Hadjadj et Jean-François Cellier collaborent à un triptyque « Jeanne La Pucelle », qui ne cesse de déconcerter et d’émerveiller ses lecteurs. Le tome 2 vient de sortir.

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Jeanne d’Arc : « on oublie à quelle point cette histoire est extraordinaire », lance le dessinateur Jean-François Cellier. Elle réconcilie des idées opposées : guerrière et jeune fille, mystique et raisonnable, une religieuse qui va en guerre. Elle est « comme un feu si puissant qu’il souffle le feu de la guerre ».

Cellier a une histoire particulière avec Jeanne, qui apparaît d’ailleurs dans son album précédent Alice. Faire cette série d’albums est son rêve de gosse. Un rêve de gosse qui l’occupe pendant trois ans et ce père de trois enfants s’est longtemps demandé si c’était bien raisonnable… Indécis, il part en retraite au monastère de Flavigny. Cinq jours de silence à la fin desquels il parle avec un « collègue » de retraite. Il explique qu’il est déçu, qu’il n’y voit pas plus clair. Mais au cours de la conversation, il découvre que le collègue habite Domrémy, la ville d’origine de Jeanne d’Arc, et que sa femme travaille au centre Johannique. « Vous savez, explique le dessinateur, Domrémy est une commune de cent cinquante habitants. Pour un bigot comme moi, cette rencontre était forcément providentielle ! »

« Tu m’y colleras quelques dragons »
Il présente son projet à sa maison d’édition, Soleil, habituellement plus portée sur les jeunes filles à bikinis que sur les saintes à auréoles, mais Mourad Boudjellal, le fondateur accepte volontiers et précise « tu m’y colleras quelques dragons ». Jean François Cellier acquiesce un peu sournoisement « je pensais placer le dragon de Saint Georges ». Le crayon en main, Cellier se dit qu’il aimerait bien avoir un scénariste pour l’épauler sur son grand projet, il pense à Hadjadj dont il a lu « Réussir sa mort »… A sa grande surprise, il accepte !

Le philosophe converti donne sa pâte à cette œuvre avec des dialogues, des personnages et surtout sa passion pour l’Incarnation. Les saintes apparaissent à Jeanne au milieu des porcs qu’elle garde, symbole de la grâce au milieu de notre humanité un peu fangeuse. Mais la scène qui a le plus choqué représente l’accouchement de la mère de Jeanne « Hadjadj tenait à montrer que Jeanne n’est pas un ange, elle est née comme nous tous ! » Même l’éditeur s’inquiète et plusieurs magazines chrétiens qui avaient envisagé de publier des planches de la BD ferment leurs portes. « Nous avons été surpris par la violence de certaines réactions. Mais à côté de ça, j’ai eu le soutien des moines bénédictins de l’Abbaye de Randol ! »

Cellier travaille à l’ancienne, multipliant les techniques : encres, peintures… Il résiste à la numérisation en expliquant que le dessinateur de bande dessinée est l’un des derniers artisans, un personnage qui construit quelque chose de neuf. Or la numérisation tend à uniformiser les dessins ; selon lui « on échappe à la résistance, à la rugosité de la matière ». Déconnecté d’Internet, il gratte donc son papier comme un bénédictin, essayant des papiers et des encres, cherchant à rendre l’effet du dessin brut plutôt que la finition lisse. Il s’amuse à glisser des clins d’œil dans ses cases, comme cette vieille dame en déambulateur dans la scène du baptême : « j’ai découvert que l’appareil existait déjà à cette époque, explique-t-il ». Il glisse aussi un trisomique au milieu de la foule, qui revient dans plusieurs scènes « il me semble que l’accueil de la différence au moyen-âge était plus généreux ».

Le résultat : un ouvrage dense, profond, avec des scènes et des personnages qui resteront dans les mémoires. Pour notre part, ce sera Jeanne découvrant émerveillée les paroles de la prière d’exorcisme, une prière qui résonne avec son propre destin : « Tremble devant Celui qui a été immolé dans Isaac, vendu en Joseph, tué comme un agneau, crucifié comme homme, et qui enfin triomphe sur tous les enfers. »

Jeanne La Pucelle, de Jean-François Cellier et Fabrice Hadjadj.
Tome 1 « Entre les bêtes et les anges » & Tome 2 « À la guerre comme à la paix »
éditions Soleil.

 

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