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Pape François : Ses confidences en plein ciel

TEL AVIV, ISRAEL – MAY 26: Pope Francis waves as he departs at Ben Gurion International Airport

Kobi Gideon-Israeli GPO / Pool / Anadolu Agency

TEL AVIV, ISRAEL - MAY 26: Pope Francis waves as he departs at Ben Gurion International Airport

aleteia - publié le 27/05/14

Dans l’avion qui le ramenait de Terre Sainte à Rome, le pape a répondu sans tabou pendant une heure aux questions des journalistes.

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« Pour un prêtre, abuser un enfant est  comme faire une messe noire… Le célibat des prêtres est un cadeau pour l’Eglise, mais comme ce n’est pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte… Avec le patriarche Bartholomée, nous nous aimons bien, nous parlons comme des frères… Je n’ai pas aimé que beaucoup aient dit, y compris dans l’Eglise : Le Synode est fait pour donner la communion aux divorcés remariés… ».

Alors qu’il était sans doute exténué – on le serait à moins, à 78 ans, après un voyage aussi dense – le pape François a accepté de répondre aux questions des journalistes, sur l’avion  qui le ramenait de Terre Sainte à Rome. Les sujets sensibles ou d’importance ont été passés en revue, durant cet entretien d’une heure, où le pape a parlé sans filet et sans langue de bois:

Extraits de cet entretien avec les journalistes traduit par Aleteia

A propos des abus sur mineurs

« Actuellement, trois évêques font l’objet d’une enquête. Un autre a déjà été condamné et on étudie sa sanction. Il n’y a pas de privilège sur cette question des mineurs. En argentine, on dit des privilégiés : ce sont des « fils à papa ». Et bien, sur cette question, il n’y aura pas de fils à papa » ! C’est un problème trop grave ! Un prêtre qui commet un abus trahit le Corps du Seigneur. Le prêtre doit conduire les enfants vers la sainteté. Et ces derniers lui font confiance. Au lieu de les amener à la sainteté, il les abuse. C’est très grave. C’est comme faire une messe noire ! Au lieu de le conduire à la sainteté, il lui apporte un problème qu’il aura toute sa vie. La semaine prochaine, les 6-7 juin, il y aura une messe à Sainte Marthe, avec quelques personnes qui ont été victimes d’abus.  Et ensuite, je me réunirai avec eux. Sur cette question, on doit faire preuve de tolérance zéro ».

A propos des scandales financiers dans l’Eglise

« Un jour, le Seigneur Jésus a dit à ses disciples : les scandales sont inévitables, nous sommes tous humains et pécheurs. Le problème est d’éviter qu’il y en ait davantage. Dans l’administration économique, il faut de l’honnêteté et de la transparence. Les deux commissions, celle sur l’Ior et celle sur la situation économique et financière du Vatican, ont donné leurs conclusions (…) Mais il y aura encore des incohérences, il y en aura toujours parce que nous sommes humains. Et la réforme doit être permanente. Les pères de l’Eglise disaient que l’Eglise doit être « semper reformanda ». Nous sommes pécheurs, nous sommes faibles. Le Secrétariat pour l’économie aidera à éviter les scandales et les problèmes. Par exemple, au Ior, on a fermé 1600 comptes de personnes qui n’y avaient pas droit. L’Ior est une aide pour l’Eglise. Y ont le droit les évêques, les diocèses, les employés du Vatican, leur veuve, les ambassades, pas plus. Ce n’est pas quelque chose d’ouvert. C’est donc une bonne chose d’avoir fermé les comptes de ceux qui n’y ont pas droit. Je voudrais dire quelque chose : la question des « 15 millions » est encore à l’étude. On ne sait pas encore clairement ce qui s’est passé ».

A propos de la rencontre de prière au Vatican avec Peres et Abbas :

« Les gestes les plus authentiques sont ceux qui ne sont pas prémédités (…) Aucun des gestes que j’ai accomplis n’ont été prémédités. Certaines choses, comme l’invitation aux deux présidents, avaient été prévues… Mais il y avait tellement de problèmes logistiques, tellement, sur ce territoire qui n’est pas facile. Mais enfin, l’invitation a pu être faite et j’espère que la rencontre se passera bien. Mais mes gestes n’ont pas été calculés. J’aime faire les choses de façon spontanée. A propos de la prochaine rencontre au Vatican : ce sera une rencontre de prière, pas une médiation. Avec les deux présidents, nous nous réunirons seulement pour prier. Je crois que la prière est importante, le faire aide. Ensuite, chacun rentrera chez soi. Il y aura un rabbin, un musulman et moi-même. J’ai demandé au Custode de Terre Sainte d’organiser les choses du point de vue pratique ».

Elections européennes… et culture du rejet

« J’ai eu seulement le temps de réciter quelques Notre Père mais je n’ai pas eu de nouvelles des élections. Le populisme en Europe, la confiance ou la méfiance, certaines thèses sur l’Euro… Je ne comprends pas très bien tout cela. Mais le chômage est grave : nous sommes dans un système économique où c’est l’argent qui est au centre et non la personne humaine. Ce système, pour se maintenir, rejette. On rejette les enfants : le niveau de natalité n’est pas haut. En Italie, il y a moins de deux enfants par couple ; en Espagne, la natalité est encore plus basse. On rejette aussi les personnes âgées, avec l’euthanasie cachée, et les médicaments que l’on donne seulement jusqu’à un certain point. On rejette enfin les jeunes. En Italie, je crois que le chômage des jeunes est environ de 40%, en Espagne de 50% et en Andalousie de 60% ! Il y a toute une génération de personnes qui n’étudient pas et ne travaillent pas. Cette culture du rejet est gravissime ! Elle ne touche pas seulement l’Europe, mais en Europe, on le sent fortement. C’est un système économique inhumain, ce système tue, comme je l’ai dit dans Evangelii Gaudium ».

Jérusalem, ville de paix des trois religions

« Il y a tant de propositions sur la question de Jérusalem. L’Eglise catholique, le Vatican, a sa position, du point de vue religieux : une ville de la paix pour les trois religions. Les mesures concrètes pour la paix doivent être négociées. Peut être faut-il décider que telle partie devienne la capitale d’un état, telle autre de l’autre… Mais je ne suis pas compétent pour dire ce que l’on doit faire, ce serait une folie de ma part ; je crois que l’on doit entrer sur le chemin de la négociation avec fraternité et confiance mutuelle. Il faut du courage, et je prie beaucoup le Seigneur pour que les deux présidents aient le courage d’aller de l’avant. Je dirai seulement que Jérusalem est la ville de paix des trois religions ».

A propos du célibat des prêtres

« L’Eglise catholique a des prêtres mariés dans les rites orientaux. Le célibat n’est pas un dogme de foi, c’est une règle de vie, que j’apprécie beaucoup, et dont je crois qu’elle est un cadeau pour l’Eglise. Mais comme ce n’est pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte ».

A propos des relations avec les orthodoxes

Avec Bartholomée, nous avons parlé de l’unité, que l’on fait en marchant sur un chemin. On ne pourra jamais faire l’unité dans un congrès de théologie. Il m’a confirmé que Athënagoras a vraiment dit à Paul VI : « mettons tous les théologiens sur une île, et nous, avançons ensemble ». Nous devons, par exemple, nous aider avec les églises. Ainsi, à Rome, de nombreux orthodoxes utilisent des églises catholiques. Nous avons parlé du concile Pan orthodoxe, pour ; qu’on fasse quelque chose à propos de la date de Pâques. C’est un peu ridicule : « Mais dis-moi, ton Christ, quand ressuscite-t-il ? Le mien, c’est la semaine prochaine… le mien, c’était la semaine dernière ( !) Avec Bartolomée, nous parlons comme des  frères, nous nous aimons bien, nous nous racontons les difficultés de notre gouvernement. Nous …

Voyages en Asie, liberté religieuse et persécution contre les chrétiens

« En Asie, deux voyages sont programmés, l’un en Corée du sud, et un voyage de deux jours au Sri Lanka puis aux Philippines, là où il y a eu le Tsunami, en janvier prochain. Le problème de la « non liberté » de pratiquer sa religion, ne concerne pas seulement quelques pays asiatiques, mais également ailleurs. La liberté religieuse n’existe pas dans tous les pays. Certains exercent un contrôle, d’autres prennent des mesures qui aboutissent à une véritable persécution. Il y a des martyrs, aujourd’hui. Des martyrs chrétiens, catholiques et non catholiques. Dans certains endroits, on ne peut porter une croix, avoir une bible ou enseigner le catéchisme aux enfants. Je crois qu’aujourd’hui, il y a plus de martyrs qu’aux premiers temps de l’Eglise. Dans certains endroits, on doit se faire proche avec prudence pour aider. [On doit] prier beaucoup pour ces églises qui souffrent tant. Les Evêques et le Saint Siège travaillent avec discrétion pour aider les chrétiens de ces pays, mais ce n’est pas une chose facile. Dans tel pays, par exemple, il est interdit de prier ensemble. Mais les chrétiens veulent y célébrer l’Eucharistie. Alors, un homme qui semble être un ouvrier mais qui est prêtre, se met à table, avec les autres : ils font semblant de prendre le thé et célèbrent l’Eucharistie. Si la police arrive, ils cachent les livres et donnent vraiment l’impression de prendre le thé ».

A propos de son éventuelle renonciation

« Je ferai ce que le Seigneur me dira de faire. [Il faut] prier, chercher à faire la volonté de Dieu. Benoît XVI n’avait plus les forces [nécessaires] ; et honnêtement, comme homme de foi, humble comme il l’est, il a pris cette décision. Il y a soixante ans, les évêques émérites n’existaient pas. Que va-t-il en être des papes émérites ? Nous devons considérer Benoît XVI comme une institution : il a ouvert une porte, celle des papes émérites. La porte est ouverte. Y en aura-t-il d’autres ou non ? Dieu seul le sait. Je crois que quand l’évêque de Rome sent que ses forces l’abandonnent, il doit se poser les mêmes questions que Benoît XVI s’est posées ».

A propos de la béatification de Pie XII

« La cause est ouverte ; je me suis renseigné et il n’y a pas encore de miracle. C’est pourquoi elle est arrêtée et ne peut avancer. Nous devons respecter la réalité de cette cause. Il est nécessaire qu’il y ait un miracle au moins pour la béatification. Je ne peux savoir si je le béatifierai ou non ».

La question des divorcés remariés

« Le synode portera sur la famille, sur le problème de la famille et sur les richesses et situations actuelles. L’introduction faite par le Cardinal Kasper comprenait cinq chapitres, dont quatre sur les « belles choses » de la famille et leur fondement théologique. Le cinquième chapitre portait sur le problème pastoral des séparations et des nullités de mariage. Il comprenait aussi la question de la communion aux divorcés qui vivent une seconde union. Je n’ai pas aimé que beaucoup, y compris dans l’Eglise, aient dit : Le Synode est [fait] pour donner la communion aux divorcés remariés, comme si tout se réduisait à une casuistique. Aujourd’hui, on le sait, la famille est en crise. C’est une crise mondiale. Les jeunes ne veulent pas se marier, ou ils vivent ensemble. Je ne voudrais pas qu’on tombe dans cette casuistique : est-ce qu’on peut ou non donner la communion ? La question pastorale de la  famille est très large, très large. On doit étudier au cas par cas. Je reviens toujours à quelque chose que Benoît XVI a déjà dit trois fois : il faut étudier les procédures de nullité de mariage, étudier la foi de la personne qui se marie ; et préciser que les divorcés remariés ne sont pas excommuniés. Ils sont si souvent traités comme s’ils étaient excommuniés. Choisir la famille comme thème pour le prochain synode a été une expérience spirituelle très forte. On n’a pas parlé tout de suite de la famille. Je suis sûr que c’est l’Esprit Saint qui nous a guidés vers ce point ».

Quels sont les obstacles qui bloquent la réforme de la curie ?

« Le premier obstacle, c’est moi ! Nous sommes bien avancés, nous avons consulté toute la Curie. On commence à étudier comment alléger l’organisation, par exemple en fusionnant des dicastères. Un des points clefs a été celui de l’économie : le dicastère de l’économie doit travailler avec la Secrétairerie d’état. En juillet, nous aurons quatre jours de travail et en septembre, encore quatre jours. On travaille ! Les résultats ne sont pas encore tous visibles. L’aspect économique est celui qui est venu au jour le premier. Il y avait quelques problèmes, dont la presse a parlé. Le chemin de la persuasion est très important. Certaines personnes ne voient pas clair. Mais je suis content. On a bien travaillé ».

(Traduit pour aleteia par Elisabeth de Baudoüin depuis Vatican Insider)

Tags:
Pape FrançoisTerre sainte
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