« temps est de l’argent », et ils n’arrivent pas à s’arrêter. Il n’en est pas ainsi.
Emmir Nogueira a à ce sujet une belle réflexion, inspirée de Jacques Philippe, auteur de « Liberté intérieure », (Ed. Shalom, 2004), qui nous enseigne qu’il existe deux temps : l’un extérieur, compté par la montre, et l’autre intérieur, compté par l’amour. La voici : « Le temps extérieur est le temps de faire, de travailler, d’étudier, de produire, produire, produire. C’est le temps des horaires, des programmes chargés, des engagements importants et urgents. C’est le temps qui stresse, qui vieillit, qui use, qui irrite. Temps qui me referme sur moi-même, qui m’amène à penser davantage à moi qu’aux autres, temps de recevoir, d’accumuler. Temps de l’usure ». « Le temps intérieur est le temps d’être, de travailler dans la gratuité, d’étudier dans le ravissement, de produire pour le bien de tous, même à mes dépens.
C’est le temps qui oublie la montre devant les besoins de l’autre. Le temps des programmes qui requièrent plus d’une petite heure, temps des engagements importants et urgents avec la volonté de Dieu ». « Le temps intérieur est le temps du rajeunissement parce qu’on espère tout, temps patient qui supporte tout. C’est le temps qui m’ouvre à l’autre et aux bonnes surprises de Dieu, temps du don, du partage. Temps de gratuité. Temps de la « patience historique » comme on l’appelle. Temps qui sait que Dieu commande tout. Temps qui ne se presse pas de juger et qui se refuse à condamner ». « Le temps intérieur, c’est le temps de celui qui prie. C’est le temps de l’amour enregistré par les horloges de l’éternité, sans pointages, sans chiffres. Temps qui toujours reste. Le temps dans lequel vit Dieu. Temps que l’on partage avec Lui, chargé de ses secrets d’amour. Temps qui « garde tout dans son cœur », qui se soumet entièrement à la volonté de Dieu. Temps toujours du oui. Temps du oui à Dieu et au frère. Le temps de l’éternité vécu dans le temps qui s’appelle ‘aujourd’hui’ ».
Nous utilisons tellement le mot URGENT qu’il en a perdu sa force. Qu’est-ce qui est urgent, en effet ? Notre affairement ? Non. Urgent est de se demander : quel est le sens de tout ce que je fais? Le plus urgent est de savoir rendre grâce à Dieu pour le lever du soleil qui se répète chaque jour ; urgent est la relation avec les enfants, embrasser sa femme, savoir passer du temps avec les autres … ne pas oublier de vivre. On ne devient pas grand pour faire de grandes choses. On fait de grandes choses pour être grand. Pour être grand, il faut patiemment se construire, chaque jour.
Article traduit de l’édition en portugais d’Aleteia par Elisabeth de Lavigne