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New York : Le musée du 11 septembre ouvre sous les polémiques

Mathilde Dehestru - publié le 15/05/14

Ce matin, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a inauguré ce musée situé sur l’emplacement de Ground Zero.15/05/2014

Il y a treize ans, la ville qui ne dort jamais était marquée à jamais par un drame qui changera la face du monde. Ce 11 septembre 2001, le monde ne l’oubliera pas : l’équilibre des relations internationales en a été modifié, l’émotion s’est emparée du monde entier. Dans l’histoire contemporaine, il y a un avant et un après cette date sombre. Dans l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center, symbole de la puissance américaine, 2983 hommes, femmes et enfants ont perdu la vie.

Près de treize ans après l’attaque, un musée a été édifié là même où les buildings s’étaient écroulés. Ce matin, le président Obama, accompagnée de son épouse Michelle, a inauguré le musée du 11 septembre, qui ouvrira ses portes le 21 mai prochain. L’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, celui du New Jersey, Chris Christie et l’ancien maire en fonction lors des attentats, Rudy Giuliani, étaient également présents. En hommage aux victimes du drame, l’imposant musée souterrain est constitué de sept étages sur une surface de 10 210 m2.

Si le musée voit son inauguration se faire avec trois ans de retard, c’est que le projet a suscité un grand nombre de polémiques, confrontant le devoir de mémoire au temps du deuil. Il retrace avec intensité le drame qui a frappé New York. En plongeant dans les entrailles des tours disparues, le musée ressemble à un voyage dans un passé que le monde n’oubliera pas. L’espace souterrain est impressionnant et arpente les couloirs de l’histoire. La visite débute par une carte qui détaille le parcours des quatre avions qui ébranleront la journée paisible. Puis, étape par étape, le visiteur plonge dans une histoire aux allures de sciences fictions : une photo des tours révèle le ciel bleu précèdent la catastrophe, des voix en off narrent la surprise, le choc, puis la peur et les cris. « Le visiteur vient avec ses souvenirs, nous voulions que ce soit progressif », a expliqué Carl Krebs, un des architectes responsables du projet.

Mais comment raconter l’insoutenable ? Comment rendre hommage dignement à ceux qui ont été victimes de l’inexplicable ? Comment rendre tolérable ce qui ne peut l’être ? Les polémiques, entamées dès le lendemain des attaques, ne se sont jamais dissipées. Car le site de Ground Zero est devenu intouchable. Le musée reste un sujet sensible. Mausolée ou attraction touristique ? « Je suis impatient et j’ai peur à la fois. Cela fait tout remonter », exprime Charles Wolf, dont la femme Katherine est morte dans les attentats. Ces mots douloureux expliquent la difficulté du devoir de mémoire.

Si le musée est inauguré avec trois ans de retard, c’est essentiellement dû aux problématiques houleuses que suscite ce lieu devenu sacré. Le projet a vu le jour non sans mal, au-delà des raisons financières. Le cœur des polémiques se trouve dans la diffusion d’une vidéo de 7 minutes qui raconte la montée « en puissance » de l’organisation terroriste. Beaucoup d’associations ont demandé la modification du film qui utilise le mot « islamistes » pour parler des jihadistes, rapporte le New York Times, en précisant cependant qu’il n’avait pas eu accès au document.

Mais cette polémique est loin d’être isolée. Près de 8000 restes non identifiés de victimes ont été transférées dans un ‘reposoir’ au musée, samedi dernier. Les voix se sont alors levées, indignées. Les familles des victimes n’ayant pas été consultées, ce geste a alors été considéré comme une provocation. Par ailleurs, les débats autour de la Croix, découverte dans les ruines du World Trade Center et qui est exposée sur le lieu de la tragédie, ne se sont toujours pas éteints. Enfin, les différentes sensibilités face à une telle tragédie ne peuvent toutes être confortées. « 
Ils ont fait de Ground Zero un parc à touristes, où l’on se photographie devant les fontaines et les noms des victimes gravés dans le marbre, sans même apposer de panneaux incitant au respect et au recueillement, comme c’est le cas au cimetière national d’Arlington », explique au Figaro Anthony Palmeri, employé municipal qui a passé neuf mois à déblayer les gravats.

Quoiqu’il en soit, musées, hommages et célébrations ne seront jamais à la hauteur d’une commémoration digne d’un tel drame. Les New-Yorkais vivront avec le spectre des deux tours jumelles, gravées à jamais dans la mémoire des Etats-Unis. Les mots de l’hôtesse de l’air à son mari « Baby, écoute-moi attentivement. Nous avons été détournés. Dis aux enfants que je les aime », résonneront éternellement dans les rues de la ville. Aucun livre d’histoire ne saura jamais trouver les mots justes pour raconter cette journée effroyable.

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