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« L’Europe ne se fera pas d’un coup ni dans une construction d’ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait ». Et l’éclaire par cette autre phrase de Robert Schuman qui corrige ce que la déclaration elle-même a de trop exclusivement économique (sans doute sous l’influence de Jean Monnet) :« Il n’y a pour nous d’autre chance de salut que le retour aux principes de solidarité entre les individus et entre les Nations, à la pratique de la fraternité qui doit nous unir dans la coopération et dans le sacrifice. »
Malheureusement, l’Europe en rompant avec ses racines chrétiennes, se détourne par le fait même de la « pratique de la fraternité » et devient étrangère à la notion de « sacrifice ». Le Père Burgun rappelle à ce propos une intervention remarquée du pape Jean Paul II, devant le Parlement Européen le 11 octobre 1988 : « … saint Jean Paul II a évoqué trois domaines où la réconciliation européenne devait encore faire ses preuves : « d’abord réconcilier l’homme avec la création ; ensuite, réconcilier l’homme avec son semblable, en s’acceptant les uns les autres entre Européens de diverses traditions culturelles ou familles de pensée, en étant accueillant à l’étranger et au réfugié ; et enfin, réconcilier l’homme avec lui-même. »
Et Cédric Burgun de commenter : « On voit assez nettement les implications de ces trois domaines. De manière complètement prophétique, Jean Paul II prévoyait que la création serait, tôt ou tard, le lieu de futures divisions. On le voit très clairement avec les questions énergétiques : saurons-nous partager et nous unir davantage quand demain nos pays manqueront de telle ou telle ressource ou les nations tireront-elles à nouveau la couverture vers elles ? (…)
L’homme est-il vraiment réconcilié avec son semblable, quand l’on voit que nos sociétés s’enfoncent toujours plus dans l’individualisme qui n’est en fait qu’un « je-m’en-foutisme » grandissant ? (…)
Et enfin, l’homme est-il réconcilié avec lui-même, c’est-à-dire avec son humanité et sa vocation, avec son propre corps, avec son âme dont la soif de spiritualité est aussi importante que l’air et l’eau pour nourrir son corps, quand on sait que nos pays occidentaux sont les plus grands consommateurs d’antidépresseurs, par exemple ? Quand on sait que l’on joue aux apprentis sorciers avec la moindre cellule de nos corps ? Quand on sait que l’on veut briser jusqu’à la différenciation sexuelle au sein de l’humanité ? »
Et de conclure : « La paix et la réconciliation impliquent avant tout d’apprendre à vivre non plus pour soi, mais avec les uns et les autres, dans le respect de la diversité de nos langues, de nos cultures et de nos religions : la fraternité « chrétienne » dont parlait Schuman est bien à l’ordre du jour. Notre modèle européen doit être caractérisé par ce « vivre ensemble » communautaire (et d’ailleurs, nous avons beaucoup perdu, dans le langage en passant de la « communauté européenne » à « l’Union européenne ») : là déjà, nous pourrons faire fructifier l’héritage chrétien des valeurs qui ont fait et qui font, aujourd’hui encore, l’Europe. Il faudrait détailler chacun de ces points : ensemble, ils montrent bien la nécessité qu’a l’Europe de recouvrer son âme. »
Oui, dira-t-on, mais comment, par quels chemins ? Lire à ce propos, la réflexion approfondie que vient de publier le mouvement Communion et Libération (cf. Aleteia).