Pour les 40 ans du Jury Œcuménique du festival de Cannes, Mgr Giraud fait cette année partie des jurés.
06/05/14
Du 14 au 25 mai prochains, Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin et Président du Conseil pour la Communication de la Conférence des Eveques de France, sera l’un des six membres du Jury œcuménique du prestigieux Festival de Cannes, qui décernera un prix à l’un des long-métrages de la sélection officielle. Il entend y vivre une expérience culturelle et pastorale.
En 2012, pour votre première participation à Cannes, vous déclariez que votre lien avec le 7ème art était « très faible ». Qu’en est-il aujourd’hui ?
Mgr Giraud : Jeune, je suis beaucoup allé au cinéma. Aujourd’hui, je ne peux pas me prétendre cinéphile, encore moins "cinéphage" : je n’en ai pas le temps. Par contre, je me suis mis dans l’ambiance en visionnant en VOD un certain nombre des films primés au Festival ces dernières années. Je n’ai pas pu revoir tous les films, loin de là, mais j’ai quand même visionné "Babel" de Alejandro González, prix de la mise en scène 2006, "Sous le soleil de Satan" de Maurice Pialat, palme d’or 1987 ou encore "La leçon de piano", Palme d’or 1993, de Jane Campion, la réalisatrice étant la présidente du Jury de cette 67ème édition.
Est-ce cette fraîcheur de regard que vous apporterez en tant que juré ?
Mgr Giraud :En effet, de la même manière qu’existe au Festival une compétition appelée "Un Certain Regard", on pourrait dire que je voudrais apporter "un autre regard". C’est une caractéristique et peut-être une grâce que d’avoir ce regard neuf, sans trop de références ou d’a priori. Je ne vais pas analyser, par exemple, un film par rapport aux œuvres précédentes de son réalisateur ou à ses clins d’œil à d’autres réalisateurs mais pour lui-même, pour sa dimension humaine et spirituelle.
Je viens également à Cannes avec mon expérience d’évêque qui m’ouvre à des réalités à 360 degrés à travers mes rencontres. Des syndicalistes aux entrepreneurs, des élus aux sans-papiers, des athées aux catéchistes, il y a toute la palette de la vie ordinaire.
Vous serez forcément perçu comme porte-parole officiel de l’Église catholique. Vous sentirez-vous libre de vos choix ?
Mgr Giraud : Oui vraiment, par tempérament et par sens de l’Église. Certes, tout évêque est porteur d’une forte valeur symbolique. L’an dernier, j’ai senti que j’étais attendu à Cannes en tant que Président du Conseil pour la Communication. Mais délaissant le côté people, j’ai vécu cet événement comme une expérience de Pâques, au sens d’une épreuve à traverser. Car si les jeunes qui réceptionnaient les badges, les techniciens, toutes les "petites mains" du cinéma, manifestaient leur surprise et leur respect, j’ai pu apparaître pour certains comme un « démon », pour reprendre une expression qui m’a été adressée au détour de la Croisette. N’étais-je pas en effet un "démon" pour ceux qui ne veulent appartenir qu’à la mondanité ?
Ainsi, pour cette année, je sais qu’il peut s’agir d’une épreuve physique que d’assurer à la fois une participation complète au Jury œcuménique et la marche de mon diocèse. Ce peut être également une épreuve spirituelle car il va falloir que je m’immerge, que je m’inculture. Je serai un simple membre au sein du Jury. J’y viens avec sérieux, sans stratégie, en comptant beaucoup sur les autres membres, sur nos discussions pour acquérir une conscience commune. Je compte sur cet esprit d’équipe. Il pourra y avoir des divergences ou au moins une diversité qui ne doit cependant pas être redoutée. Notre effort de fraternité œcuménique la dépassera et révélera tout l’intérêt de cette démarche.
Les communautés chrétiennes s’intéressent-elles assez à cet art, « lieu où convergent les périphéries de l’Église et du monde », ainsi que vous le déclariez l’an dernier dans votre homélie lors de la célébration œcuménique ?
Mgr Giraud :