"Je place ma foi dans Allah le tout-puissant et lui rends grâce pour annoncer que demain, jeudi 1er mai 2014, sera réalisée la première étape de l'application de la charia", a déclaré mercredi le sultan Hassanal Bolkiah.
02/05/14
L’Agence Fides annonçait début avril l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal basé sur la charia au Brunei, un petit sultanat situé sur l’île de Bornéo (richissime du fait de ses immenses ressources pétrolières), incluant des méthodes punitives archaïques comme la lapidation et la flagellation. Le Brunei introduira la nouvelle norme en différentes phases. Au cours de la première, ce sont les délits passibles d’amendes ou de peines de prison qui entreront en vigueur. La deuxième concernera des crimes et délits comportant l’application de peines plus sévères. Enfin, la troisième phase marquera l’entrée en vigueur de la peine de mort.
La première des trois phases annoncées par Fides, réparties sur deux ans, a débuté jeudi, avec l’annonce officielle du Sultan. Certains "affirment que la loi d’Allah est sévère et injuste mais Allah lui-même a dit que Sa loi est juste", a-t-il affirmé. L’entrée en vigueur du Code pénal lui avait en effet valu de fortes critiques, aussi bien dans le sultanat quand dans le reste du monde. Le mois dernier, la Commission Internationale des Juristes (ICJ) a adressé une lettre à Hassanal Bolkiah, partagée avec l’Agence Fides, en lui rappelant que le nouveau code allait à l’encontre de tous les standards internationaux sur les droits humains, qualifiant les sanctions prévues d’actes de “torture, de peines cruelles, inhumaines et dégradantes”.
De nombreux musulmans expriment déjà leurs inquiétudes quand au futur sur les réseaux sociaux. La nouvelle législation prévoit, à mesure des phases d’entrée en vigueur, l’amputation de membres pour les voleurs, la flagellation pour la consommation d’alcool ou l’avortement, ainsi que la lapidation pour des crimes comme l’adultère. L’apostasie (abandon de la foi islamique) est officiellement passible de la peine de mort.
À l’annonce de l’application de la loi islamique dans le Code pénal en octobre dernier, l’Eglise locale avait expressément demandé au sultan de permettre que celle-ci ne s’applique qu’aux musulmans, mais certaines des nouvelles mesures s’appliqueront tout de même aux non-musulmans. Ainsi, 19 mots- parmi lesquels “Allah”- leur sont désormais interdits, et des sanctions sont prévues pour la presse ou toute autre forme de diffusion qui irait à l’encontre de la la “doctrine islamique”. De même, le fait de dénigrer l’islam peut coûter la vie dans le pire des cas, ou 30 années de prison et 40 coups de fouet dans le meilleur des cas.
En outre, le fait de « persuader, raconter, influencer, inciter, encourager un enfant au travers d’enseignements non islamiques »constituera désormais un délit, de même que le fait « d’exposer l’enfant à toute cérémonie, acte de culte ou à toute activité non islamique et de le faire participer à des activités au profit d’autres religions ».
Les habitants de Brunei sont musulmans aux deux tiers, avec une forte présence bouddhiste. Les chrétiens quant à eux représentent environ 13% de la population, et l’Eglise catholique compte environ 20000 fidèles. Le Brunei est à présent le seul Etat d’Asie du Sud-Est à appliquer la loi islamique.