Cela n’a pas empêché Benoît XVI de lancer le processus de canonisation de son prédécesseur, sans attendre le délai normal de cinq ans après sa mort, tant la « vox populi » rejoignait sa propre conviction de la sainteté de Jean Paul II dont il avait été pendant près de vingt-cinq ans le principal collaborateur.
Il existe d’autres exemples dans l’histoire de l’Eglise de saints et de papes qui ont été trompés par des personnes de leur entourage ou mystifiés par des affabulateurs, sans qu’ils aient été le moins du monde complices, mais au contraire victimes, de ces tromperies ou mystifications. Un des exemples les plus connus en France est celui de sainte Thérèse de Lisieux « menée en bateau », ainsi que le pape Léon XIII lui-même, par le libre-penseur anticlérical Leo Taxil comme le rapporte Mgr Guy Gaucher : « Léo Taxil inventa l’histoire de Diana Vaughan. Cette jeune fille américaine se serait convertie après avoir appartenu à la franc-maçonnerie, où elle était l’enfant bien-aimée de Lucifer et la fiancée d’un démon. Thérèse y a cru de tout son cœur, elle a prié pour Diana ; elle lui a même écrit en lui envoyant sa propre photographie dans le rôle de Jeanne d’Arc. Tout cela jusqu’au jour où Taxil a révélé publiquement l’inexistence de Diana, au cours d’une conférence de presse donnée à Paris, où il a projeté la photo de Thérèse. Et Thérèse a su tout cela. Elle a été trompée, bafouée, et surtout blessée dans les dimensions les plus intérieures de sa foi et de son amour. Sainte Thérèse évoque cette épreuve dans le manuscrit C. » (Guy GAUCHER, Histoire d’une vie, Cerf, Paris 1982, p. 176-179 et 193-194, cité par Marie de Nazareth)
D’autres critiques soulevées par la prochaine canonisation de Jean Paul II concernent de façon générale sa gouvernance de l’Eglise, sa sévérité à l’égard de la théologie dite « de la libération » en Amérique Latine, et son peu d’attrait pour le suivi de l’administration vaticane : il était un pape « orbi » plutôt que « urbi » – tourné vers le monde qu’il visita inlassablement, plutôt que vers Rome. L’entière confiance qu’il faisait à ses collaborateurs serait à l’origine d
es scandales qui commencèrent à éclater sous son pontificat, telles les affaires de mœurs touchant des prélats d’un rang aussi élevé que le cardinal autrichien Hans-Hermann Gröer, archevêque de Vienne, et des « Vatileaks » dont hérita Benoît XVI, qu’il s’agisse de la gestion financière du Vatican, ou du « lobby homosexuel » évoqué par le pape François peu après son élection.
La longue maladie du pape polonais a certainement favorisé la désinformation dont il a été victime, et l’Eglise avec lui. Notons toutefois qu’il avait vigoureusement condamné la pédophilie dans le clergé dès 2002 lors de sa visite aux Etats-Unis qui fut le point de départ d’une sérieuse reprise en main des séminaires d’Outre-Atlantique.
On cite aussi les objections du cardinal Carlo Maria Martini (1927-2012), ancien archevêque de Milan. Le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a précisé lors de la conférence de presse du 22 avril que « ces réserves étaient liées au « débat » qui existe quant à « l’opportunité » de canoniser des papes. « Ce n’est pas juste et ce n’est pas vrai » de dire que le cardinal italien était opposé à sa canonisation, et il avait qualifié Jean-Paul II de « père spirituel de l’humanité », a souligné de son côté Mgr Oder. » (La Croix).
Mais les réprobations les plus déterminées viennent, sans surprise, des deux extrêmes, progressistes et intégristes : les premiers (par exemple le mouvement contestataire européen "Nous sommes l’Eglise" cf