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“Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix” : la prière que saint François n’a pas écrite

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Fr. Tomás Gálvez - FrateFrancesco.org - publié le 29/03/14

La curieuse histoire d’une des prières catholiques les plus connues, et que le saint aurait sûrement signée sans difficulté.

En marge du vrai saint François, il y a toujours l’image que chaque époque se fait de lui, avec sa part de partialité, de mystification, de légendes et de fausses attributions. Ce qui est encore valable aujourd’hui, malgré les grands progrès accomplis vers une meilleure connaissance du personnage et de son temps. Un exemple clair en est la “Prière simple”, digne du “Pobrecillo”, communément attribuée au saint, mais qui, en réalité, est d’un auteur anonyme ayant vécu il y a tout juste un siècle.

Une prière écrite au XXe siècle ?

Dans la recherche de l’origine de cette magnifique prière, on n’a pu remonter au-delà du mois de décembre 1912, quand elle a été publiée dans La Clochette, une “petite revue catholique pieuse” fondée par le prêtre et journaliste Norman abbé Esiher Suquerel (+ 1923). Parmi les hypothèses envisagées, certains pensent qu’il en serait lui-même l’auteur. En 1913, le chanoine Louis Boissey (+ 1932), passionné par la question de la paix, la découvre, et en janvier, elle apparaît publiée dans les Annales de Notre Dame de Paix (Tinchebray, France), citant comme origine La Clochette.

La même année, Estanislao de la Rochethoulon Grente (+ 1941), fondateur du Souvenir Normand, publie la prière dans sa revue. Le 20 janvier 1916, elle figure dans L’Osservatore Romano, où il est dit que « Le Souvenir Normand avait envoyé au Saint-Père le texte de quelques prières pour la paix. Parmi celles-ci, nous sommes heureux d’en reproduire une, invoquant spécialement le Sacré-Cœur. Voici le texte, avec son émouvante simplicité ».

Le 3 février de la même année, La Croix de Paris annonçait que, le 25 Janvier, le cardinal Gasparri avait écrit au marquis de La Rochethulon et Gand, remerciant de l’envoi adressé à Sa Sainteté. Trois jours plus tard, le même journal reproduisait le texte publié par l’Osservatore Romano.

C’est alors que le père capucin Étienne de Paris, directeur du Tiers-Ordre, fait imprimer à Reims une image de saint François, avec l’invocation au Sacré-Cœur au revers. Au bas de la page, il soulignait que cette prière, extraite du Souvenir Normand, représentait une synthèse parfaite de l’idéal franciscain qu’il fallait promouvoir dans le monde d’aujourd’hui. Les premiers à avoir expressément associé la prière à saint François ont été les “Chevaliers de la Paix”, une organisation protestante, à la veille du VIIe centenaire de la mort du saint  (1926).

À partir de 1925, elle a commencé à se répandre dans le monde entier, depuis les États-Unis et le Canada, suivis par les pays germaniques. Ce n’est qu’en 1947 que les médias catholiques français ont commencé  à l’attribuer à saint François. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la “Prière simple”, comme on l’appelait à Assise, a commencé à devenir populaire, surtout quand les frères du couvent sacré l’imprimèrent en plusieurs langues, sous son nom, sur les images de saint François.

Une prière devenue mondialement connue

Le reste de l’histoire, nous la connaissons déjà : diffusion dans le monde entier, d’innombrables versions dans toutes les langues, en raison de la diversité des traductions et retraductions, et très nombreux chants inspirés d’elle. Elle est quasiment devenue la prière officielle des scouts et des familles franciscaines ; les anglicans la considèrent comme la prière œcuménique par excellence ; des églises et congrégations protestantes sont allées jusqu’à l’adopter comme texte liturgique ; elle a été dite à une session des Nations unies ; et, récemment, elle reçoit un grand accueil parmi les religions non chrétiennes, surtout depuis qu’Assise est devenue le centre mondial de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux.

Le secret d’un tel succès est dû principalement à l’attribution de la prière à saint François, mais aussi à la richesse de son contenu, conjuguée avec sa simplicité ; et c’est précisément son contenu et son titre original, « Prière au Sacré-Cœur », qui permet de l’attribuer à un auteur du début du XXe siècle, pas avant.

Elle a pu inspirer l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Cœur du Christ Roi, promulguée par Léon XIII en 1899, et recommandée par saint Pie X en 1905, à réciter chaque année :  « Seigneur, soyez le roi de ceux qui vivent dans l’erreur ou que la discorde a séparés de vous ; ramenez-les au port de la vérité et à l’unité de la foi, afin que bientôt il n’y ait plus qu’un seul troupeau et qu’un seul pasteur. Soyez le roi de tous ceux qui sont encore égarés dans les ténèbres des vieilles superstitions populaires, et ne refusez pas de les attirer tous à la lumière de votre royaume. Accordez, Seigneur, à votre Église une liberté sûre et sans entraves; accordez à tous les peuples l’ordre et la paix ».

Il avait raison, de toute façon, le père Étienne de Paris quand il trouvait dans cette prière anonyme une certaine concordance avec l’esprit et le style franciscains. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire, par exemple, l’Admonition 27 de saint François, écrite à la façon d’un refrain :

Où règnent charité et sagesse, il n’y a ni crainte ni ignorance. Où règnent patience et humilité, il n’y a ni colère ni trouble. Où règnent pauvreté et joie, il n’y a ni cupidité ni avarice. Où règnent paix intérieure et méditation, il n’y a ni désir de changement ni dissipation. Où règne crainte du Seigneur pour garder la maison, l’ennemi ne peut pratiquer nulle brèche pour y pénétrer. Où règnent miséricorde et discernement, il n’y a ni luxe superflu ni dureté du cœur. Ou mieux encore, les “Dits”, du bienheureux Gilles d’Assise, troisième compagnon du saint : Heureux celui qui aime et ne désire pas, en retour, être aimé. Heureux celui qui craint et ne désire pas, en retour, être craint. Heureux celui qui sert, et ne désire pas être servi. Heureux celui qui se comporte bien avec les autres, et ne désire pas que les autres se comportent bien avec lui. Mais ces choses sont grandes et les sots ne les comprennent pas.

Ce qui fait que la prière est considérée par beaucoup comme franciscaine, même si c’est une erreur de l’attribuer à saint François d’Assise. Mais sûrement l’aurait-il signée sans difficulté.

Prière simple

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix ! Là où il y a de la haine, que je mette l’amour. Là où il y a l’offense, que je mette le pardon. Là où il y a la discorde, que je mette l’union. Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité. Là où il y a le doute, que je mette la foi. Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance. Là où il y a les ténèbres, que je mette ta lumière. Là où il y a la tristesse, que je mette la joie. O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé…qu’à consoler à être compris…qu’à comprendre à être aimé…qu’à aimer car c’est en donnant… qu’on reçoit c’est en s’oubliant … qu’on trouve c’est en pardonnant… qu’on est pardonné c’est en mourant… qu’on ressuscite à la vie éternelle. (Auteur anonyme).

Article publié initialement par fratefrancesco.org.

Tags:
François d'AssisePrière
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