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Eux aussi avaient décollé de Kuala Lumpur…

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Philippe Oswald - publié le 10/03/14

La catastrophe du vol MH370, disparu avec 239 personnes à bord, prend une résonance particulière quand on s'est soi-même envolé cette même nuit du 7-8 mars du même aéroport.

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10/03/2014

Nous étions en vol pour Paris, via Doha, ma femme et moi, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, lorsqu’un Boeing de Malaysia Airways à destination de Pékin a disparu des écrans radars. Lui aussi avait pris son envol depuis la capitale malaisienne, Kuala Lumpur, trois heures après nous. Apprenant la catastrophe à notre arrivée à Paris, j’ai été saisi d’une émotion particulière.

Pas seulement celle que l’on éprouve tous à l’annonce d’une catastrophe, lorsqu’elle se déroule loin de nous et qu’aucun autre lien que celui de la solidarité humaine ne nous rattache aux victimes. Cette fois, les 239 personnes à bord de cet avion (227 passagers, 12 membres d’équipage) étaient parties du même aéroport, la même nuit que nous. Elles avaient accompli les mêmes gestes, s’étaient pliées aux mêmes formalités, emportant avec elles les images, les odeurs et les sons de ce vaste et lumineux aéroport ultra-moderne, où tout est fait pour créer une atmosphère de sérénité et de paix (rien à voir, par exemple, avec les sinistres bunkers de Roissy). Peut-être même avions-nous croisé peu avant d’embarquer les premiers voyageurs arrivant à l’aéroport pour ce vol fatidique. 

Des hommes, des femmes, des familles, des enfants, d’une douzaine de nationalités, dont une Française, ses enfants et une amie de ceux-ci, et une collègue chinoise d’un de nos fils. Victimes d’un accident ou peut-être de terroristes, comme pourrait l’indiquer le fait que deux passagers s’étaient embarqués sous une fausse identité, grâce à des passeports volés. Et la compassion se charge ici d’indignation …et d’un frisson rétrospectif. Comment se fait-il que des passeports signalés comme perdus ou volés depuis longtemps puissent échapper aux contrôles ?

Les aéroports sont les carrefours du village mondial contemporain. On y côtoie en quelques heures des échantillons sinon de toute l’humanité -car la masse des pauvres en est exclue- du moins originaires des cinq continents, dans toutes les tenues de leurs pays d’origine ou de leur fonction, ou encore de leurs lieux de destination et de leur saison. Chacun par son vêtement et ses accessoires, y livre son identité ou son projet pour les jours qui viennent, le tout  relevé par cette pointe d’excitation voire d’anxiété que suscitent immanquablement l’horaire, les bagages à enregistrer, les contrôles de sécurité et de douanes, et les précieux sésames, passeport, billets, cartes d’embarquement, cartes de crédit sans lesquels le voyageur devient un naufragé et facilement un suspect.

Le mode de transport lui-même, quoique banalisé, demeure anxiogène pour beaucoup plus de monde qu’il n’y paraît, la plupart s’employant à présenter un visage serein ou blasé face à la grosse baleine en ferraille qui va l'avaler avant de s’arracher du sol dans un grondement trahissant la violence de l’effort. Par-dessus le marché, le spectre d’un attentat, depuis quatre décennies, a largement fait monter la tension. La multiplication et la sophistication des sollicitations marchandes dans les aéroports et les divertissements vidéo proposés à chaque passager depuis son siège répondent tant bien que mal à cette angoisse diffuse.

Mais il est une autre manière, secrète, d’y faire face : la prière confiante, prière d’intercession, et prière de compassion lorsque la tragédie s’invite sur la scène. Nous sommes dans la main de Dieu à chaque instant de notre vie, mais ces moments particuliers où nous la sentons plus exposée qu’à l’ordinaire sont à saisir comme une invitation à nous abandonner à sa providence. Non pas dans un réflexe de peur égoïste crispée sur notre petite personne, mais dans un acte d’offrande de nous-même et de tous nos compagnons de quelques instants ou de quelques heures.

Bénis soient les aéroports et les avions s’ils servent à notre conversion, c’est-à-dire à « laisser Dieu nous transformer, cesser de penser que nous sommes les seuls artisans de notre existence ; reconnaître que nous sommes des créatures, que nous dépendons de Dieu, de son Amour… » (Benoît XVI)

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