Non à la fabrication d’”enfants sur mesure” !

Jacques Testart est le père des bébés éprouvettes. En 1982, il faisait naître Amandine, premier enfant issu de la Fécondation In Vitro (FIV). Déjà au début des années 1980, le biologiste redoutait les dérives eugénistes qui pourraient voir le jour avec ces nouvelles techniques scientifiques.

Une surmédicalisation de la naissance
Interviewé par le JDD, Jacques Testart explique ne pas regretter la FIV. Il condamne néanmoins le « battage médiatique » qui a suivi la conception d’Amandine et la désormais « surmédicalisation de la naissance». En effet, « presque un tiers des FIV sont pratiquées sans indications médicales et sont donc abusives ». Et le coût financier engendré n’est pas sans conséquence pour la sécurité sociale.

Au sujet des naissances pour les couples homosexuels, le scientifique se dit contre les mères porteuses. À ses yeux, « c’est de l’esclavage ! » Quant à la PMA, techniquement relativement simple, le problème est avant tout pour l’enfant qui ne connaîtra pas ses origines en cas de don de sperme.

Les dangers de l'eugénisme
Sur la question plus large de l’insémination artificielle, Jacques Testart consent quelle « a ouvert la porte à l’eugénisme ». Il  s’inquiète aujourd’hui de « la fabrication à venir d'un enfant sur mesure. Avec de possibles dégâts psychologiques ». Pour le biologiste, on se dirige vers le « clonage social », « tous les enfants vont finir par se ressembler puisque leurs génomes seront de plus en plus normalisés ». À long terme, cela peut même s’avérer dangereux car à l’encontre de la diversité requise pour la survie de l’espèce.

Jacques Testart va même jusqu’à envisager le futur. La science-fiction n'est plus très loin. On se croirait dans le film visionnaire Bienvenue à Gattaca, sorti en 1997, où les parents choisissent le génome de leur progéniture. Aussi, pour le biologiste français, les prochaines étapes sont la stérilisation des femmes comme alternative à la contraception. Pour avoir un enfant, il suffira alors de passer commande, selon ses propres critères, au laboratoire où seront conservés les ovules. Plutôt déprimant.

Face à ces dérives, quelles solutions ?
Selon lui, les Diagnostics Préimplantatoires (DPI) doivent se limiter à une maladie par couple. Il évoque aussi la possibilité de limiter les usages à d’autres critères. Par ailleurs, Jacques Testart insiste sur la nécessité d’organiser des réunions et conférences citoyennes. Il faudrait même introduire l’aspect démocratique dans le débat. Une idée est par exemple d’établir des jurys citoyens tirés au sort pour discuter de la question avec des experts.