Ora et labora (prie et travaille) : le travail, enraciné dans la prière, est une véritable mission pour les moines trappistes.
04/03/2014
Qui est August Turak ? Bien connu des médias professionnels américains, il a travaillé avec différentes sociétés de télévision, sociétés de logiciels… Ecrivain de renom, il est également contributeur au Wall Street Journal, au New York Times, et à Forbes. Il a été lauréat du concours du Templeton Foundation's Power of Purpose. Et, aussi et surtout, August Turak est un visiteur assidu de l’abbaye trappiste de Mepkin, en Caroline du sud : il attribue sa propre réussite en grande partie à sa proximité avec les trappistes, ou moines de l’ « L’Ordre cistercien de stricte observance ».
Les trappistes sont réputés dans le monde entier pour la qualité des produits de leur fabrication destinés à la vente et, par là même, à assurer leur subsistance financière. Des pains, des biscuits, des fromages, de la bière, et même des cercueils, tels sont notamment les produits d’excellente qualité que l’on peut se procurer dans les “boutiques” des abbayes trappistes, et qui séduisent une clientèle de connaisseurs.
Turak a tenu tout d’abord à mettre en lumière le lien qui s’établit entre la vie de piété, de prière, et le travail dans les abbayes cisterciennes, et qui constitue une partie essentielle de la spiritualité bénédictine.
« Pour un moine trappiste, prière et travail sont indissociables. Ils sont toujours en train de prier, toujours en train de travailler » , et ces deux pratiques (Ora et labora) sont étroitement liées. « La prière est travail » –c’est un dur travail de prier – et « le travail est prière ».
C’est ainsi que Turak a souligné le sens mystique du travail chez les trappistes : quand ils travaillent, ils ne sont pas simplement en train de fabriquer un produit, mais cheminent en même temps sur un sentier spirituel. Il s’ensuit que le travail pour les moines constitue un service, et qu'il n’est donc pas entaché d’égoïsme.
Les moines se focalisent non pas sur « la réussite, qui ne constitue nullement leur objectif », mais sur comment cette réussite arrive, remarque August Turak, opposant cette idée à celle qui inspire nombre de sociétés commerciales. Ce sont des moines, et leur vie spirituelle fait que chacun, dans son travail, ne pense pas tant à comment « avoir un produit réussi », qu’à construire une «communauté ».
Chacun vise en priorité l’intérêt de la communauté, si bien que se créée une culture de la vertu et du travail. Tout concourt à « mettre en premier les autres », affirme-t-il, soulignant que le secret réside dans le service qui cherche à répondre aux besoins de la clientèle, plus que dans le profit, la promotion et l’augmentation du bénéfice de celui qui produit.
Le travail est pour les moines une mission
Un travail assumé comme une offrande à Dieu et un service aux autres, enraciné dans une vie de prière, voilà la clé de la réussite des moines trappistes. D’où l’affirmation de que l’excellence du travail des moines tient au fait qu’ils le considèrent comme ‘’mission’’ : « Ce dont vous avez un réel besoin est d’une mission ».
Cependant, la transformation pour parvenir à considérer ainsi le travail, et la passion ainsi que l’excellence qui en résultent, sont aussi le fruit d’un travail acharné. « Facile à dire, vraiment difficile à faire. Les moines passent toute leur vie à cela », explique Turak.
« Ce n’est pas malgré leurs standards éthiques que les moines rencontrent un tel succès, mais justement grâce à eux” fait-il observer. L’écrivain affirme qu’ainsi s’accomplit ce que déjà les anciens Grecs proclamaient: « Nous sommes ce que nous répétons», autrement dit, avec ce que nous faisons, nous créons des habitudes qui forgent notre personnalité. Et aussi, « l’excellence n’est donc pas un acte, mais une habitude ». (Aristote)
Article publié initialement par Gaudium Press sur une information de Catholic News Agency, et traduit de l'édition hispanophone d'Aleteia par Elisabeth de Lavigne