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Saint Valentin : et si l’on parlait d’amour ?

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Samuel Hearn

Cédric Burgun - publié le 14/02/14

En souhaitant bonne fête à tous les amoureux, à tous les fiancés, le père Cedric Burgun se demande avec eux : au fait, qu’est-ce que l’amour et comment aimer ?

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S’il est dommage que la Saint Valentin prenne de larges accents consuméristes, il est beau de lui redonner du sens, comme nous y invite le pape François, en ayant convié à Rome les fiancés (cf Aleteia). D’ailleurs,  il est intéressant de voir comment fonctionne notre Pape : plutôt que de critiquer les choses, il tente de les « rechristianiser ». La Saint Valentin est en un exemple flagrant : on pourrait facilement se dire que cette fête n’a aucun intérêt, qu’elle est uniquement faite pour les commerces, etc. Non : il y a un enjeu pastoral et l’on peut lui redonner du sens.
Ici, je voudrais juste poser une question qui aidera sans aucun doute tous les fiancés à l’occasion de ce 14 février : une manière pour moi de leur souhaiter à tous une belle fête et surtout un bel amour !

Comment aimer l’autre ?

Poser la question de ce qu’est l’amour humain, c’est se demander comment aimer l’autre ?  Cette question est loin d’être simple puisque définir l’amour n’a jamais été une chose aisée : tous les poètes, les chantres, les écrivains s’y sont risqués ; preuve, s’il en était besoin, que l’amour interroge et se laisser contempler. Normal : l’homme et la femme sont faits pour aimer ! Mais chacun va l’expliquer à sa manière, selon sa propre expérience, et probablement à partir de la façon dont il a été aimé : par les sens corporels, ou en le décrivant comme un sentiment, une sensation, une attirance.
L’amour est souvent compris comme ce ressenti « qui fait chavirer le cœur », comme diraient les romantiques. Certains, plus axés sur l’intelligence, le désigneront par des termes comme le partage, la connivence, l’attrait (physique, ou intellectuel : on se trouve des intérêts communs, on a une certaine recherche commune de la vérité). Certains verront l’amour comme le don de soi, l’oubli de soi. D’autres encore, le définiront d’abord comme l’exercice de la sexualité. C’est ainsi que l’on retrouve cette bonne formule de la langue française : « on fait l’amour ».

L’amour, le corps, la liberté

Mais tout ceci demeure bien évidemment partiel. Notre être est composé d’un corps, d’une affectivité, d’une intelligence, d’une mémoire … notre être se définit au cœur par notre volonté et notre « liberté ». Et l’amour n’échappe à aucune de ces « zones » de notre être. Loin d’être l’apanage de notre affectivité ou de notre corps, l’amour traverse tout notre être tout comme la spiritualité.
L’homme et la femme ne se réduiront jamais à leur corps ou leur instinct, comme le sont les animaux. Nos corps vivent et agissent unis à nos têtes et nos cœurs ; nul ne pourra le nier. Autrement dit, l’homme et la femme ne vivent leurs sens qu’à travers leur raison et leur intelligence, et jamais de manière purement corporelle, ni de manière purement affective, comme on tend à le faire dire parfois. Leur intelligence et leur cœur les transportent plus loin que la simple perception elle-même ; et un plaisir sensible contiendra toujours une joie spirituelle qui nous dépasse, une joie plus grande et souvent cachée. En cela, ils sont humains et différents des animaux.

Fabrice Hadjadj, philosophe, l’explique bien à sa manière :
« …à la différence de la vue et de l’ouïe, le toucher m’engage dans cela même que je perçois. Voir une mygale sous verre et la flatter de l’index n’est pas la même chose. (…) Quand je touche ma femme, bien sûr, ce n’est pas comme quand je touche une chose ou une bête (…). La chair que je sens et par qui je me sens est aussi en train de me sentir et, par là, de se sentir elle-même. Nos mains et nos lèvres se répondent et réveillent mutuellement nos contours. L’étreinte modèle notre glaise à l’image de ce jour où elle sortit des doigts de Dieu. » (La profondeur des sexes. Pour une mystique de la chair, éd. Seuil, Paris, 2008, p.88).
Chez l’homme et la femme, tout ce qui sera physique, corporel, sera aussi « spirituel », au sens de l’esprit avec toutes ses composantes : affectivité, mémoire, intelligence, spiritualité. Contrairement à Nietzche qui pensait que « je suis corps tout entier et rien au-delà », il me semble évident que l’homme ne sera justement jamais réduit à sa corporéité, mais que chacun de ses affects, son intelligence et sa volonté ont leur mot à dire. Et comme le dit encore Fabrice Hadjadj, « moins (la relation) est spirituelle, moins elle (sera) physique » (ibid., p.61). Autrement dit, plus l’homme et la femme « mettront » tout leur être, en toutes ses composantes, dans leur amour, plus celui-ci vivra la beauté physique de cet amour. Une relation charnelle sans esprit n’en sera que moins humaine ; tout simplement.
Aujourd’hui, nous tendons à réduire l’homme à ses pulsions. Les magazines et les publicités, les musiques, sont remplis d’attrait pour nous faire « consommer » de manière pulsionnelle, y compris dans l’ordre de l’amour. Mais sommes-nous réellement réduits à cela ?

La volonté humaine entraîne l’homme à poser des décisions libres, et non pas uniquement instinctives. Face à un ressenti, à une émotion, à une pulsion, j’ai ma propre volonté, ma propre liberté : par exemple, je peux décider de rester sur ma faim, comme je peux décider de l’assouvir, en fonction de l’intention que j’ai ou du projet que je me donne. Voilà la véritable caractéristique singulière de l’homme et de la femme : cela fait leur grandeur. L’exercice de ma liberté va me permettre de choisir le meilleur bien pour moi, en le discernant par l’intelligence, et en le mettant en œuvre, et en allant jusqu’au bout de mon choix par ma volonté. Tout ce processus fait appel à mon corps, mon affectivité, ma raison, et mon intelligence, en même temps que ma volonté.

Tomber amoureux, ce n’est pas encore aimer

Ainsi donc, « tomber amoureux » n’est pas la même chose qu’aimer et être aimé ! Tomber amoureux met en jeu le corps et/ou l’affectivité. Imaginons que je croise une belle jeune femme dans le métro : son physique et son aspect, le timbre de sa voix ou son parfum m’attirent, et je « flashe » sur elle. A ce stade, je peux éventuellement me considérer « amoureux » mais cela sera compris dans un sens très affectif : d’ailleurs l’expression « tomber amoureux » dit bien cela ! Nous ne sommes ici qu’au stade de l’émotion, d’une attirance que je subis ; sans que ma volonté et mon intelligence ne soient véritablement impliquées.
Des fiancés sont parfois en panique quand ils se « découvrent » susceptibles d’avoir des sentiments pour quelqu’un d’autre : ils remettent alors tout en question à cause d’un sentiment, d’un ressenti ! Ce n’est que l’apprentissage de la gestion de leur affectivité. Cela arrive durant les fiançailles ; cela peut très bien arriver plus tard. Comme prêtre, comme homme ou femme marié(e), aussi, je peux très bien « flasher » sur quelqu’un. La question n’est pas d’abord : pourquoi cela arrive ? ; mais qu’est-ce que je fais de cette émotion qui monte en moi, passivement et indépendamment de ma volonté ? Là est la véritable question.

Aimer, c’est donc accepter une passion amoureuse (affectivité, corporéité) en la soumettant à la raison et à son idéal ; décider d’en faire quelque chose en assumant une responsabilité par rapport à l’autre : ma liberté et ma volonté s’engagent, en tenant compte de la réalité de l’autre, la réalité qu’est l’autre avec sa propre liberté. C’est ainsi que l’on ne subit plus uniquement ses sentiments, mais que l’on décide de leur évolution, sans en être esclave, de façon libre et responsable.
Si l’on croit que l’amour, et plus profondément le mariage, est fondé sur le simple sentiment amoureux, alors oui, l’homme et la femme seront prisonniers de leurs sentiments et de leurs passions. Mais à chaque coin de rue, ils remettront sans cesse en cause un amour plus ancien, voire leur engagement. En clair, je risque d’être prisonnier de moi-même, et de mon affectivité avec ce qu’ils comportent de risques d’aléas incontrôlables ! Réduit au sentiment, l’amour n’est centré que sur soi, sur ses impressions, sur ses idées, son ressenti. (…)

L’individualisme actuel a fait basculer la compréhension de l’amour, et même plus, du mariage lui-même (…) L’individu laissé alors à son seul sentiment se retrouve face à une réalité qui ne contiendra plus aucun recul, aucune réflexion, aucune liberté : l’engagement volontaire que requiert l’amour devient totalement fictif en s’abandonnant à l’unique sentiment dont je dépends : le mien, bien évidemment, et celui de l’autre ! La triste découverte se fait ainsi : l’amour réduit à un sentiment entre deux personnes s’affranchit en fait de toutes protections, laissant aux hommes la seule possibilité de s’oublier et de se blesser : « je t’aime ; moi non plus ». (…)
Et voilà la différence profonde entre sentiment amoureux et véritable amour « engagé » pourrait-on dire. L’un se conçoit comme relevant de l’homme en toutes ses dimensions y compris de son histoire, c’est-à-dire de son inscription dans la durée ; l’autre se conçoit uniquement comme acte individualiste et personnel relevant uniquement d’un sentiment qui passera comme le vent.

La raison et la volonté doivent entrer en jeu

Le pape Benoit XVI l’expliquait lui-même : Si le « sentiment amoureux est beau, il doit être purifié ; (…) la raison et la volonté doivent entrer en ligne de jeu ; la raison, le sentiment, la volonté doivent s’unir. Dans le rite du mariage, l’Église ne (vous demande) pas : « Es-tu amoureux ? », mais « veux-tu ? », « es-tu décidé (à aimer) » ? Autrement dit : le fait « d’être amoureux » doit se transformer en « aimer vraiment », entraînant ainsi la volonté et la raison dans un cheminement (…) d’une plus grande profondeur, de manière à ce que l’homme tout entier, concrètement, avec toutes ses capacités, avec le discernement de la raison, et la force de sa volonté, dise : « Oui, c’est (pour toute) ma vie » (Benoit XVI, lors d’un dialogue avec des familles, le 2 juin 2012, à Milan).

L’amour est véritablement échange avec un autre et don de sa personne à l’autre, qui accueille ce don et le reçoit en retour. Les amoureux doivent donc apprendre à passer d’un « je t’aime » complètement ressenti et affectif, à « je décide de t’aimer chaque jour ». J’aime en exerçant ma volonté et ma liberté. L’amour est un sentiment volontaire, comme l’expliquaient déjà les évêques au Concile Vatican II :

« Beaucoup de nos contemporains exaltent aussi l’amour authentique entre mari et femme, manifesté de différentes manières, selon les saines coutumes des peuples et des âges. Éminemment humain puisqu’il va d’une personne vers une autre personne en vertu d’un sentiment volontaire, cet amour enveloppe le bien de la personne tout entière ; il peut donc enrichir d’une dignité particulière les expressions du corps et de la vie psychique et les valoriser comme des éléments et les signes spécifiques de l’amitié conjugale. » (Concile Vatican II, Décret Gaudium et Spes, n°49)

Père Cédric BURGUN +

Voir aussi le livre « Et si on se mariait ? », aux éditions de l’Emmanuel.

Tags:
AmourPape FrançoisSaint Valentin
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