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Centrafrique : Bangui exulte… le reste du pays compte ses morts

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La nouvelle présidente de transition, Catherine Samba-Panza, élue dans un calme relatif à Bangui, a onze mois devant elle pour éviter la partition du pays.

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21/01/2014

« Je ne permettrai pas que quiconque entre dans l'église et touche à qui que ce soit. Quelle que soit sa confession religieuse, je n'accepterai pas » : le curé de l'église Saint-Pierre de Boali, à 90 kms au nord-ouest de Bangui, est à la porte de son église. A l’intérieur : des centaines de familles musulmanes qui se sont retrouvées piégées, entre les exactions du centre ville et les check-points improvisés des anti-balakas sur les axes routiers,
 
L'abbé Xavier Fagba, rapporte le site Fait religieux.com, est entouré de plus d’une soixantaine de militaires de l’opération française Sangaris. Il veille à ce que ces personnes ne subissent pas les contrecoups d’une guerre nourrie pendant plus de 10 mois par des sentiments de haine et de vengeance.
 
L’abbé explique : « la population de Boali a tellement souffert des Séléka (rebelles majoritairement musulmans qui ont régné en maîtres sur le pays pendant 10 mois) qu’elle garde une dent contre les musulmans (…) Maintenant, il faut des camions pour évacuer tous ces gens, c'est urgent. Car si les Français partent, on ne sait pas ce qui se passera ».
 
Ce climat de tension extrême tranche avec le climat d’euphorie qui flotte en ce moment sur la ville de Bangui, où celle qui était la maire depuis un an, Catherine Samba-Panza, vient d’être élue présidente de transition, par le Conseil national de transition. Première femme de l'histoire de Centrafrique, elle  succède à Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin aux tueries intercommunautaires, après le renversement en mars dernier du régime de François Bozizé.
 
En effet, la sécurité semblait se stabiliser à Bangui depuis le départ du président Djotidia,  et du fait de la présence des militaires français de l’opération Sangaris et africains de la Misca. Mais le reste du pays, lui, reste le théâtre d’affrontements sanglants, notamment dans le nord-ouest du pays, où la Croix-Rouge a annoncé la découverte, vendredi, de 50 corps, et l’organisation Save the Children ceux de 23 civils musulmans, dont trois enfants, tués alors qu'ils tentaient de fuir vers le Cameroun.
 
A Boali, la flambée de violence de ce weekend a fait 7 morts, six musulmans et un chrétien, rapporte la rédaction du site Fait Religieux.com. En se refugiant dans l’église, le curé de la paroisse estime que ces familles « ont  évité le pire ». 
 
« Le message est clair : 1 600 soldats français et 4400 soldats de la force africaine ne suffisent pas pour faire revenir la sécurité en Centrafrique, pays de brousse plus grand que la France », a lancé lundi l'imam Omar Kobine Layama sur les ondes de France Info. Il y a urgence à ce que l'Union européenne envoie des renforts importants pour sécuriser plus d'axes et désarmer plus de miliciens. ».
 
Ce lundi 20 janvier, à Bruxelles, les 28 ministres européens des Affaires étrangères ont donné leur feu vert à une mission militaire de l’UE sur le territoire centrafricain, s’engageant parallèlement avec l’ONU à débloquer près de 500 millions de dollars pour venir en aide au pays.
 
Mais outre l’urgence humanitaire, le risque d’une partition du pays, entre musulmans au nord et à l’ouest, et chrétiens au sud et à Bangui, reste un motif de grande inquiétude pour l’imam Omar Kobine Layama qui vient d’entamer avec l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, une tournée européenne afin de reclamer plus d’aide internationale.
 
Depuis que leur pays a basculé dans la violence, les deux hommes sont devenus inséparables et multiplient les initiatives de paix et réconciliation entre les communautés pour enrayer la spirale de haine qui s’est emparée du pays. (cf. Aleteia 17/12/2013).
 
Ils refusent de parler de « conflit interreligieux » même s’ils reconnaissent les risques qu’il ne le devienne si des mesures fortes ne sont pas prises pour l’arrêter.
 
C’est donc à cette lourde tache que Catherine Samba-Panza, la nouvelle présidente de transition, devra s’atteler. Elle  a 11 mois devant elle pour pacifier le pays et remettre une administration totalement paralysée en état de marche.
 
Dès son élection, elle a lancé un « appel vibrant » à renoncer aux armes : 
« Je lance un appel vibrant à mes enfants anti-balaka (groupe de miliciens anti-séléka) qui m'écoutent. Manifestez votre adhésion à ma nomination en donnant un signal fort de dépôt des armes », a-t-elle déclaré, ajoutant: « à mes enfants ex-Séléka (proche du président Djotibia et à majorité musulmane) qui m'écoutent aussi, déposez vos armes  (…) A compter de ce jour, je suis la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive ».
 

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