Beaucoup d’Indonésiens se déclarent musulmans pour avoir accès à des emplois, soins, éducation etc…La suppression de cette mention amènerait à réviser la composition religieuse du « premier pays musulman du monde ».
En Indonésie, pays à forte majorité musulmane, le débat gronde autour de la mention de l’appartenance religieuse sur la carte d’identité. Une pratique vue comme discriminatoire, des millions d’Indonésiens se déclarant musulmans pour « avoir accès à des emplois dans la fonction publique et à d’autres services dont ils sont souvent écartés (soins, éducation, etc) », rapporte Eglises d’Asie.
Le 13 décembre dernier, lors d’une conférence de presse, le vice-gouverneur du district de Djakarta et chrétien militant, Basuki ‘Ahok’ Tjahaja Purnama, a demandé le retrait en Indonésie de la mention de l’appartenance religieuse sur la carte d’identité. « C’est une pratique discriminatoire », a-t-il déclaré.
Selon la loi actuellement en vigueur en Indonésie, chaque citoyen doit mentionner sur sa carte nationale d’identité (KTP), son appartenance à l’une des six religions reconnues par l’Etat (islam, protestantisme, catholicisme, hindouisme, bouddhisme ou confucianisme). Il existe également une septième possibilité (s’inscrire sous l’intitulé « autre »), laquelle est cependant peu choisie car elle expose le titulaire à de prévisibles discriminations.
Cette obligation a conduit des millions d’Indonésiens suivant des cultes non reconnus officiellement ainsi que les membres de communautés religieuses stigmatisées (comme certains chrétiens dans des régions fortement islamisées), à se déclarer musulmans, la religion dominante du pays, afin notamment d’avoir accès à des emplois dans la fonction publique et à d’autres services dont ils sont souvent écartés (soins, éducation, etc). (…)
Etant donné le grand nombre de citoyens se déclarant ‘musulmans' depuis l’époque de Suharto par crainte de subir des violences ou des discriminations, la suppression de l’indication de la religion sur la carte d’identité pourrait redéfinir complètement le paysage religieux de l’Indonésie aujourd’hui, analyse encore le Jakarta Post dans son édition du 14 décembre 2013.
La crainte de rendre public le véritable pourcentage de musulmans dans l’archipel, considéré à l’heure actuelle comme atteignant 86%, est probablement pour beaucoup dans les vives réactions que la déclaration de Tjahaja Purnama a suscité au sein des mouvements islamistes, interprète pour sa part le 6 janvier le site américain Khabar Southeast Asia, sponsorisé par l’US Pacific Command.
Pour lire l’intégralité de la dépêche : http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/indonesie/2014-01-07-un-vice-gouverneur-chretien-relance-le-debat-de-la-mention-de-la-religion-sur-la-carte-d2019identite