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Si l’avortement sélectif des fœtus féminins est connu et dénoncé en Chine et en Inde, ce phénomène est en augmentation en Europe orientale et gagnerait également certains pays occidentaux, selon une étude de l’Ined, l’Institut national d'études démographiques en France.
« Ce phénomène n'est pas le propre de l'Asie mais touche aussi l’Europe à l’ouest des Balkans et au sud du Caucase », précisent Christophe Guilmoto, de l’Institut de recherche pour le développement) et Géraldine Duthé (Ined), les auteurs de cette étude, parue dans le dernier numéro de Population et Sociétés, le mensuel de l’Ined.
Les chercheurs relèvent notamment que : « Dans plusieurs pays d’Europe orientale, le rapport de masculinité à la naissance est anormalement élevé, en particulier dans le sud du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie) où il a pu dépasser 115 garçons pour 100 filles, et dans une moindre mesure dans l’Ouest des Balkans, autour de l’Albanie, où il se situe autour de 110 (contre 105 normalement) ».
Ils attribuent l’augmentation de la proportion de garçons à la naissance aux facteurs suivants :
Selon les chercheurs, l'avortement sélectif gagne également l'Europe occidentale, de manière minime mais réelle, au sein des populations de la diaspora, en particulier parmi les migrants originaires d’Asie. C’est le cas par exemple en Angleterre chez les populations d’origine indienne où ils observent 113 garçons pour 100 filles parmi les troisièmes naissances. Le même phénomène a été signalé en Italie chez les Chinois, en Norvège chez les Indiens, ainsi qu’en Grèce et en Italie chez les immigrés albanais.
Si on veut jouer d’optimisme, on peut penser comme ces chercheurs, que cette sélection du sexe "ira en s’érodant" parmi ces populations au fur et à mesure qu’elles s’installeront durablement dans les pays industrialisés, notamment sous l’effet d’un "abandon progressif des normes patriarcales et de l’amélioration du statut des femmes".
Mais l’étude relève aussi qu’au niveau européen, les pratiques discriminatoires sont facilitées par l’utilisation de technologies modernes (examen du sang fœtal ou méthodes pré-conceptionnelles) et apparaissent presque comme une méthode « normale » de choix démographique, mettant ainsi à nu les inégalités entre les sexes.
Ces méthodes font désormais l’objet d’un nouveau débat bioéthique à l’échelle européenne, mais en attendant les gouvernements et les sociétés civiles semblent peu interpellés par ces questions de déséquilibre à la naissance.
A l’occasion de la Journée internationale de la fille, le 11 octobre, une campagne contre le « gendercide » avait été lancée au niveau mondial pour sensibiliser « aux droits des filles et aux obstacles particuliers auxquelles celles-ci se heurtent de par le monde ».
Christophe Guilmoto et Géraldine Duthé confirment : « Les efforts récents de compréhension du
phénomène sont plus le fait d’une mobilisation internationale que d’une prise de conscience endogène et n’ont pas encore débouché sur des mesures concrètes, qu’il s’agisse de campagnes de prévention des avortements sélectifs ou de mesures plus approfondies pour rétablir l’égalité entre les sexes au sein de la famille ».
Si pour la plupart d'entre nous, entendre « c'est une fille » à la naissance d’un enfant est source de joie immense, de bonheur et de fête, dans de nombreux pays, cette annonce équivaut à une condamnation à mort. Selon les experts, ce sont 200 millions de femmes qui sont manquantes aujourd’hui dans le monde à cause de cette sélection. (cf. Aleteia).
En savoir plus sur l’étude de l’ined en cliquant sur le lien suivant :
http://www.ined.fr/fr/ressources_documentation/publications/pop_soc/bdd/publication/1661/