Message de l’archevêque de Bangui, Mgr Nzapalainga, en ce début du temps de l’Avent et à la veille de l’opération «coup de poing » de la France dans le pays
05/12/2013
Une opération « coup de poing » de la France en République centrafricaine est imminente. Elle devrait durer 6 mois et aider les 1.600 soldats africains de la Misca (la mission internationale de soutien à la Centrafrique) à stopper la violence qui embrase le pays depuis la chute du président François Bozizé, en mars 2013.
La situation humanitaire dans le pays est catastrophique, rapporte le bureau onusien de la coordination des affaires humanitaires, l'Ocha : sur les 4,6 millions d'habitants que compte le pays, la moitié est en «situation d'assistance humanitaire». Il ya aurait 400 000 déplacés internes et 68 000 réfugiés dans les pays voisins.
Les rebelles de la Séléka qui ont pris le pouvoir à Bangui et se sont ensuite déchirés -les uns rejoignant l'armée nationale, les autres se constituant en bandes armées – ont précipité le pays dans une situation de chaos et de violences : pillages, exactions, viols, exécutions sommaires… leurs actions sèment la terreur parmi les habitants déjà éprouvés par une grave crise sociale et économique.(Cameroon-info.net)
Un spectacle « du jamais vu » sur tous les plans, dénonçait l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, dans un message à la nation en juin dernier (cf. CEF).
« Jamais l'on n'a connu sur notre terre un conflit aussi grave dans son ampleur et dans sa durée. Jamais aucun trouble militaro-politique ne s'était disséminé avec autant de violences et d'impacts sur l'ensemble de notre territoire. Jamais une rébellion ne nous a drainé une aussi forte présence de combattants étrangers. Jamais une crise ne nous a fait courir un aussi grave risque de conflit religieux et d'implosion du tissu social ».
Et aujourd’hui, en ce début de l’Avent 2013, il pousse un nouveau cri : « Quel avènement attendons-nous ? La violence ? La guerre civile ? L'embrasement social ? Le génocide ? Un véritable bain de sang ? Un autre avènement n'est-il pas possible ? Et s'il avait pour noms Justice ? Paix ? Réconciliation ? Fraternité et Pardon ? » .
Dans son message adressé, mercredi 4 décembre, à la communauté chrétienne, aux hommes et aux femmes de bonne volonté, c’est une véritable « exhortation » à la conversion des cœurs que fait Mgr Nzapalainga à l'Eglise, aux politiques, aux institutions judiciaires et à la communauté internationale : un vibrant plaidoyer pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine (RCA).
L'archevêque met en garde contre les amalgames entre religion et politique : « Restons vigilants ! Beaucoup de personnes de mauvaise foi et volonté voudraient voir éclater un conflit intercommunautaire et interreligieux en Centrafrique », et rappelle à cette occasion les enseignements du Christ : « En enseignant à aimer ses ennemis … le Christ donne une « nouvelle morale », celle du dépassement de soi et des normes traditionnelles de vie en société ».
Ainsi, à l’Eglise il demande de promouvoir le dialogue interreligieux en son sein; aux consacrés de sortir des sacristies et des couvents, et aux laïcs de s'investir en politique.
Enfin, à la communauté internationale, il suggère la mise en place d'une commission « vérité et réconciliation », voire « d'une commission d'enquête » chargée de juger et de condamner les « criminels de guerre ». (CEF)