Dans une homélie, un prêtre accuse la présidente sud-coréenne de « manipulations » lors des présidentielles de décembre 2012 et demande sa démission. L’archevêque de Séoul s’efforce d’éteindre l’incendie.
29/11/2013
« Ce sont les laïcs et non pas les prêtres qui ont la mission d’intervenir directement dans l’action politique et dans l’organisation de la vie sociale », rappelle par voie de communiqué le 27 novembre, Mgr Andrew Yeom Soo-jung, Archevêque de Séoul.
Objectif de son rappel : mettre fin à la polémique née entre un prêtre et la Présidente sud-coréenne, au lendemain d’une homélie prononcée par ce dernier, dans la cathédrale Susongdong de son diocèse devant de nombreux prêtres et quelque 400 fidèles.
Le dérapage a eu lieu le 22 novembre dernier, veille du troisième anniversaire du jour où l’artillerie nord-coréenne avait ouvert le feu sur l’île sud-coréenne de Yeonpyeong, tuant quatre personnes et ouvrant une crise majeure entre les deux Corées.
Dans son homélie, le père Park Chang-shin, prêtre du diocèse de Jeonju et membre de l’Association des prêtres catholiques pour la justice, connu pour ses actions visant à démocratiser les institutions politiques de son pays, était notamment revenu sur les soupçon qui pèsent sur les services secrets sud-coréens d’avoir tenté d’influencer les résultats des élections présidentielles de décembre dernier en faveur de Mme ParK Geun-hye, et avait invité cette dernière à démissionner.
Par ailleurs, le père Chang-shin avait déclaré qu’il était « raisonnable pour la Corée du Nord d’attaquer l’île de Yeonpyeong », provoquant un scandale dans tout le pays.
La réaction de la présidence a été immédiate : le 25 novembre, à l’issue d’une réunion spéciale de son cabinet, Mme Park a réaffirmé sa résolution à « répliquer de manière immédiate et ferme » à toute « provocation inattendue » de la Corée du Nord, et déclaré qu’elle ne tolérerait « aucun comportement qui viendrait diviser le peuple et amoindrir la confiance de l’opinion [sud-coréenne]».
Quant à son premier ministre, Chung Hong-won, il a été encore plus direct, qualifiant les remarques du P. Park de « destructrices pour le pays et favorables à l’ennemi ».
Depuis, la polémique enfle, et la communauté catholique en Corée a commencé à faire l’objet d’attaques de la part de partis et de militants de droite. Une fausse alarme d’attentat, qui a fortement troublé les fidèles, a même eu lieu dans la Cathédrale de Myeongdong, à Séoul.
Une source anonyme de l’archevêché de Séoul affirme que les canaux de communication entre la présidente et l’Eglise semblent avoir été coupés. En octobre dernier, un déjeuner était prévu à la Maison Bleue, siège de la présidence, entre Mme Park et sept évêques ; cette rencontre a été annulée à la dernière minute, la présidente prétextant un agenda trop chargé.
Il se peut, explique la même source, que la présidente ait ainsi manifesté sa mauvaise humeur face à la mobilisation de l’Eglise catholique pour obtenir la vérité au sujet des élections de décembre.
En juillet dernier, des prêtres issus de tous les diocèses du pays avaient demandé une réponse du pouvoir politique ; en septembre, le diocèse de Busan avait célébré une messe dans la cathédrale Seomyeon puis une autre le 4 novembre, affirmant que le pouvoir devait « saisir cette dernière chance de choisir la vérité ».
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