Aleteia logoAleteia logoAleteia
Vendredi 19 avril |
Saint Expédit
Aleteia logo
Actualités
separateurCreated with Sketch.

“Mariage” homosexuel : la stratégie du pape François

lgwigjz1jb5q4hfurjsb7vp_g1kdbiwj1or8yy94agbzuw4rg0p5b-qa3h4bzatzsi00-r5whca3vceoxgl4y8fzisd2.png

Solène Tadié - publié le 20/11/13

Alors que certains chrétiens reprochent au pape François de ne pas suffisamment aborder les grandes controverses de société, il semble suivre pourtant une stratégie bien précise en la matière.

« Ne soyons pas naïfs : ce n’est pas juste un combat politique, c’est une tentative pour détruire les intentions de Dieu ». C’est en ces termes que s’était exprimé le cardinal Bergoglio en 2010, alors que le débat sur le projet de loi de mariage entre personnes dumême sexe battait son plein en Argentine. Il avait même parlé de « guerre contre Dieu » pour qualifier le soutien du gouvernement Cristina Kirchner envers cette mesure, et s’était alors attiré les foudres de la Présidente argentine, qui avait comparé ses propos à ceux «de l’époque médiévale et de l’Inquisition ».

Une fois la loi approuvée, toutefois, le cardinal Bergoglio a poursuivi son combat en suivant une stratégie différente. En effet, Sandro Magister rapporte sur son blog– dédié aux questions d’Église– que Bergoglio avait pris le parti de prendre position contre la loi en s’adressant directement aux membres de l’Église, au lieu d’attaquer frontalement les pouvoirs en place. Le cardinal a ainsi rédigé deux lettres, adressant la première aux religieuses de quatre couvents de carmélites de Buenos Aires et la seconde à un dirigeant du laïcat catholique argentin.

Cette manœuvre, explique Sandro Magister, a eu des répercussions plus que considérables sur la vie politique en Argentine : tout en étant bien entendu absent du Parlement, le cardinal Bergoglio était perçu comme l’adversaire principal des défenseurs du droit au mariageet à l’adoption pour les couples homosexuels.

Des propos qui peuvent suprendre, lorsque l’on sait que l’actuelle position du pape François à cet égard se veut plus pragmatique et ‘modérée’ que celle du pape Benoît XVI par exemple. En effet, dans le livre d’entretiens avec le rabbin Skorka, intitulé Sur la terre comme au ciel, et qui offre une sorte de synthèse de la pensée du pape François, celui-ci se positionne de façon relativement mesurée quant à la question du mariage gay:  « Si Dieu, dans sa création, a pris le risque de nous rendre libres, de quel droit pourrais-je intervenir? Nous condamnons le harcèlement spirituel, qui survient quand un ministre impose des directives, des comportements, des exigences qui privent autrui de sa liberté. Dieu a été jusqu’à laisser entre nos mains la liberté de pécher. Il faut parler très clairement des valeurs, des limites, des commandements, mais le harcèlement spirituel, par les prêtres, doit être banni. »

Si certains catholiques ont pu reprocher au Pape un manque de fermeté en la matière, d’autres témoignages, comme celui de la sénatrice catholique Liliana Negre (dans un livre consacré au pape François publié aux États-Unis), démontrent l’exact opposé. Sandro Magister nous en livre quelques extraits dans son article :

« Le cardinal Bergoglio a toujours montré beaucoup de courage et de vigueur dans ses confrontations avec les puissants et dans sa manière de dire ce qu’il pensait : il était la voix de tous ceux qui n’avaient pas de voix », affirme-t-elle.

Elle ajoute, en rapportant le déroulement de la promulgation de la loi : « Il est intervenu à l’un de nos congrès et il a voulu rencontrer les parlementaires pro-vie d’Argentine pour nous saluer et nous inciter à poursuivre notre travail et à avoir du courage. Puis la question du mariage homosexuel a fait irruption : le passage à la chambre des députés a été très rapide et lorsque la proposition de loi est arrivée au sénat, j’étais présidente de la commission. […]  À ce moment-là, Cristina Fernandez était la présidente de l’Argentine et son mari, l’ancien président Nestor Kirchner, aujourd’hui disparu, était député. […]

En ce qui concerne la question du mariage homosexuel, les
époux Kirchner avaient identifié en Bergoglio l’ennemi. Le motif en était que le cardinal et l’Église avaient les mêmes opinions à ce sujet. Il y a même eu une manifestation publique dans l’après-midi précédant l’approbation de la loi, devant le congrès. Ce jour-là, le cardinal a envoyé une lettre au président du Conseil des laïcs du diocèse de Buenos Aires. Cette lettre a été lue avec son autorisation ; c’est ainsi que le cardinal a rendu publique sa position et qu’il a encouragé les laïcs à poursuivre leur engagement et leur lutte pour nos valeurs. »

Enfin, il convient de souligner que la sénatrice et présidente mondiale des "Parlementaires pour la vie et la famille" confirme dans son récit les propos de Sandro Magister relatifs à l’impact de l’action de Bergoglio sur la scène politique : « Les Kirchner affirmaient que c’était le cardinal qui coordonnait tout le mouvement pro-famille en long et en large, en Argentine. Le cardinal a également envoyé aux religieuses carmélites déchaussées de Buenos Aires une lettre, dont le texte a commencé, je ne sais pas comment, à circuler sur les réseaux sociaux. Non seulement ce texte critiquait sévèrement la catastrophe humaine à laquelle pouvait conduire la légalisation du “mariage” homosexuel, mais il demandait également aux religieuses de prier afin que les sénateurs ouvrent les yeux. La discussion de la loi a commencé le 14 juillet à 10 heures du matin ; elle a été très dure et s’est terminée, le 15 juillet, par notre défaite.»

Lors de l’interview accordée à Civiltà Cattolica, le pape François a clairement exprimé son sentiment sur les batailles menées pour des questions de société . Ses mots parlent d’eux-mêmes : « Nous ne pouvons pas insister uniquement sur les questions relatives à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’usage de méthodes contraceptives. Cela n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup évoqué ce genre de choses, et cela m’a été reproché. Mais lorsque l’on en parle, il faut en parler dans un certain contexte. L’opinion de l’Église, par ailleurs, on la connaît, et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence ».

Un cardinal n’est pas un pape, pourrait-on penser. Toutefois sa stratégie s’apparente davantage à celle de confier cette mission aux laïcs, par l’intermédiaire des religieux, tout comme il l’avait fait auparavant, en tant qu’archevêque de Buenos Aires.

Tags:
HomosexualitéPape François
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Pave-Aleteia-Ictus-V2.png
Le coin prière
La fête du jour





Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement