Les grandes religions sont appelées à mener « une lutte spirituelle » contre le terrorisme -une question largement débattue lors de la rencontre de Sant’Egidio à Rome (29 septembre-1er octobre)
Cette année, 400 représentants des grandes religions et de la vie politique et culturelle en Europe et dans le monde ont répondu à l’invitation de la communauté catholique laïque de Sant’Egidio à « renouveler l’esprit d’Assise qui puise ses racines dans la journée historique de prière de 1986 voulue par le bienheureux Jean Paul II dans la ville de saint François. ».
Le thème de cette rencontre annuelle était : « Le courage de l’espérance ». Comme l’a souligné le fondateur de la communauté, Andrea Riccardi, c’est bien d’espérance dont le monde a besoin aujourd’hui pour « sortir de la crise anthropologique et politique de notre temps, pour surmonter tout scepticisme et immobilisme », souligne les organisateurs de la rencontre qui s’est achevée mardi après trois jours de travaux.
« Le drame syrien a plané sur la rencontre de bout en bout : entre témoignages d’intervenants syriens, et l’exemple concret que représente ce conflit intéressant les questions de la violence sous toutes ses formes et les relations entre chrétiens et musulmans, la Syrie fut de toutes les tables rondes, ou presque », rapporte Radio Vatican.
Mais les discussions autour de cette question ont surtout été révélatrices d’un vrai « manque de conscience européenne vis-à-vis de la paix », d’une Europe « incapable de peser sur cette guerre en Syrie, absente des initiatives de paix et de dialogue, d’une Europe dont les peuples semblent résignés ».
« Comme une sorte d’impuissance de l’Europe, et pas seulement des institutions, mais aussi du peuple, des citoyens de plusieurs pays », a déclaré Marco Impagliazzo, président de la communauté Sant ‘Egidio, sur les antennes de Radio Vatican, et il rappelle : « Le pape François a bien compris cet état de pessimisme, de résignation, des peuples. En organisant une grande prière pour la paix en Syrie et au Moyen-Orient, il a voulu réveiller le peuple européen. Et nous nous sommes réveillés avec le pape, et avec cette rencontre (…) nous avons voulu réveiller l’attention européenne internationale sur ce conflit. »
D’où cet appel à une « révolte de l’esprit » lancé par le fondateur de Sant’Egidio, durant les travaux de la rencontre, en citant l’intellectuel orthodoxe français Olivier Clément : « Une révolte de l’esprit que chaque croyant doit vivre dans sa vie, dans son cœur, a précisé Vincenzo Impagliazzo, mais faire surtout en sorte que celle-ci se généralise » afin que « la violence ne soit plus acceptée comme système de solution face aux conflits mais le choix de la paix, du dialogue et de la rencontre ».
Face au terrorisme, « la lutte, doit être d’abord et avant tout une guerre spirituelle », insiste-t-il. « Il faut que les leaders religieux parlent plus fort, comme le pape a parlé mais pas à travers des batailles contre l’Etat ou contre la politique. Non, qu’ils parlent comme la voix du pape, avec l’humilité de la foi mais avec la force de l’espérance. », a-t-il conclu.
«Il faut que les religions « enlèvent le nom de Dieu de la bouche des terroristes», a conclu Andrea Riccardi, au terme d’une analyse d’un quart de siècle de rencontres interreligieuses. Grâce à un « alphabet du dialogue », a-t-il ajoute, elles ont permis d’asseoir à la même table des musulmans, des juifs et des chrétiens, pour parler de paix
Pour tout savoir sur toutes les interventions de la rencontre annuelle de Sant’Egidio cliquer sur le lien : http://www.santegidio.org/index.php?pageID=3&langID=fr&itemID=7369