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Qu’est-ce que la foi ? Confiance, liberté et relation

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En cette Année de la foi, de quoi parle-t-on avec ce mot « foi » qui nous vient du latin « fides » ? Que fait-on en posant un acte de foi ?

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 Article publié en partenariat avec le blog de Jacques Gauthier, 15 septembre 2013 

La foi, en général, est bienfaisante pour tous. Nous en avons besoin dans nos sociétés pour que la confiance et la loyauté règnent dans les échanges. Les racines latines du mot foi, fides, et du verbe croire, credere, expriment l’idée de confiance. On met sa confiance en quelqu’un, en quelque chose ; on se confie, on se fie à un autre que soi. Et cela commence très tôt. Le petit enfant s’éveille normalement à la vie d’après la confiance qu’il développe envers sa mère, son père, les personnes qui l’entourent. Comment s’épanouir si on ne croit pas en soi et en les autres, si on ne fait pas confiance ? Comment grandir individuellement et collectivement si nous accordons seulement la primauté au pouvoir et au savoir, alors que le « croire » est aussi une dimension importante de notre être ?
 
La foi, disait la philosophe Simone Weil, « c’est l’intelligence éclairée par l’amour ». Elle mobilise tout ce que nous sommes et engage profondément notre existence. C’est un clair-obscur qui précède le discours et qui approche le mystère avec sa propre logique. Elle nous fait entrer dans une autre dimension de sens, un axe vertical, comme si on voyait l’invisible, si une présence nous dépassait. Elle ouvre la porte sur l’infini d’un amour, jusqu’à croire qu’on est aimé éternellement. La foi, qu’elle soit en soi, en l’autre, en Dieu, est relation de confiance, liberté de l’esprit et ouverture de l’intelligence.
 
Je Crois

Tenter de définir cette réalité humaine qu’est la foi, c’est aussi définir la personne qui croit et le Dieu auquel elle s’adresse. Je crois : ce sont les premiers mots du Credo des chrétiens, appelé aussi le Symbole des apôtres ou de Nicée-Constantinople. En disant « je » voilà que j’émerge comme sujet pensant. « Je » est déjà un article de foi; un animal ne peut pas dire « je », encore moins croire. La connaissance de soi commence vraiment quand on se reconnaît comme un « je » libre et désirant devant un « tu » qui m’aime et en lequel je m’abandonne en toute confiance.
 
Au début de ses catéchèses du mercredi sur la foi, Benoît XVI définit justement la foi par un acte libre de confiance en Dieu : « La foi n’est pas simplement un assentiment intellectuel de l’homme à des vérités particulières sur Dieu ; c’est un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime ; c’est une adhésion à un « Tu » qui me donne espérance et confiance » (24 octobre 2012, zenit.org). La foi est plus que des croyances, c’est fondamentalement une relation à Dieu.
 
Je crois en Dieu 
 
En affirmant « je crois en Dieu », on voit bien que la foi est un acte de relation à quelqu’un, une réponse à une parole entendue, écoutée. Cette relation est première, avant les dogmes, même si l’acte de croire définit le « je ». Je suis moi en croyant. Ce subjectivisme initial peut paraître déconcertant, mais pour entendre la musique de la foi, il faut bien un « je » qui rencontre un « tu ». La question « qui est Dieu » renvoie à « qui je suis ». En disant je crois, j’espère et j’aime, je me définis comme un être capable de foi, d’espérance et d’amour, créé à l’image de Dieu. C’est dans ce « je » personnel que Dieu se fait homme. « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1, 14) 
 
La foi, comme la prière qui en découle, concerne d’abord la personne qui croit, qui prie. Elle est un reflet de sa vérité intérieure, de la liberté de son esprit, bref de sa vie spirituelle. La foi est un acte qui n’est pas de tout repos, qui n’élimine pas le doute et la nuit. Croire, c’est accepter que notre vie se joue devant le mystère de l’incompréhensibilité de Dieu.
 
L’Évangile, fondement et récit de notre foi, propose dès le début deux modèles qui ont vécu la plus grande aventure de la foi : Marie, celle qui a dit « oui » : « Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 38), et son époux Joseph, l’homme des lentes germinations intérieures : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Matthieu 1, 24). Nos annonciations, visitations, naissances découlent de ces grands mystères joyeux que Marie et Joseph ont vécus dans la foi avec leur fils bien-aimé. (Cf. Saint Joseph, homme de foi (Médiaspaul)
 
Une partie de ce texte est parue dans Prions en Église, Canada, 15 septembre 2013, p. 37.
 
Pour aller plus loin, lire l’essai de Jacques Gauthier : L’aventure de la foi : quinze variations (Parole et Silence).
 
 

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